C'est l’une des trois plus grandes épreuves hippiques au monde. Le Prix d'Amérique aura lieu le 31 janvier prochain à Vincennes. Sur la ligne de départ, un cheval, un "petit jeune" très prometteur, Gu d'Héripré, qui fait équipe avec Franck Nivard.
Il y a des signes qui ne trompent pas. "Les bons chevaux, ils ont du caractère. Il avait quand même son petit caractère à l'élevage. Il n'était pas facile facile", raconte Eugénie Quintin, propriétaire de l'Ecurie d'Héripré, dans l'Orne. Ce caractère, Gu d'Héripré l'a affirmé avec l'âge. "Il a du courage, c'est un guerrier", commente son co-propriétaire Fabrice Souloy, "Il ne lâche jamais rien, aussi bien dans son paddock que sur la piste."
A l'échauffement, la petite terreur sort déjà du lot avec son allure fort peu académique. Sur la piste de travail du haras de Ginai, l'animal respire la santé. Et la facilité. "C'est un plaisir d'avoir au travail un cheval comme ça", confie l'entraîneur Philippe Billard, "C'est une formule 1, c'est ce que tout le monde souhaite avoir un jour. Il est bon, tout simplement, il a tout pour lui : la vitesse, le courage, le mental comme tout sportif." Sans oublier des gènes de champion.
Ce cheval fait la fierté de son équipe
Pour Eugénie Quintin, "notre chouchou" comme elle l'appelle, fait la fierté de toute une équipe. "Il faut quand même une part de chance", estime la propriétaire de l'écurie d'Héripré, "mais c'était de la recherche au niveau du pedigree, de la souche, de récupérer cette lignée et de réussir le croisement." La mère, Vedetta d'Heripre, est, comme son nom l'indique, un des atouts de la maison, "une jument en or que tout éleveur rêve d'avoir". Herik, Falco et maintenant Gu, "tous ses poulains vont au champ de course". Quant à son père, Coktail Jet, "je ne vais pas en faire l'éloge, il est tellement connu".
Ce dernier, disparu il y a deux ans, remporta en 1996 le Prix d'Amérique, l'un des nombreux faits d'arme de celui qui régna durant les années 90 sur les pistes de trot. Trente ans plus tard, sa descendance pourrait prendre la relève. Le 27 décembre dernier, sur la piste de Vincennes, Gu d'Héripré, piloté par Franck Nivard, a gagné son billet pour l'Amérique avec une aisance déconcertante.
"C'est tellement agréable d'avoir mis au monde un cheval et de la voir arriver jusque là, de A à Z. L'élevage, ça peut être ingrat comme formidable", explique Eugénie Quintin, qui se souvient de son père qui "passait ses vacances à rechercher de bonnes juments." Dans l'entourage du jeune crack, on n'en reste pas moins prudent.
Le dimanche 31 janvier, sur la piste de l'hippodrome de Vincennes, Gu d'Héripré, pas encore cinq ans, sera le benjamin de la course au milieu des meilleurs étalons trotteurs du monde. "C'est un cheval qui ne va faire que progresser. Ça fait partie des bons chevaux qu'on a eus. Mais après, il faut qu'il confirme ce qu'il est capable de faire", indique Fabrice Souloy, "C'est un cheval qui a beaucoup de tenue et maintenant il commence à prendre de la vitesse. Les chevaux qui ont de la tenue, c'est bien, mais aujourd'hui, à Vincennes, il faut des chevaux qui ont de la vitesse." Du potentiel donc et un driver d'exception, Franck Nivard, cinq Prix d'Amérique à son actif. De quoi envisager la prochaine échéance avec optimisme.