C’est un épisode de la vie de Jean Gabin qui a longtemps été occulté. Le célèbre acteur, qui a vécu dans l’Orne, était aussi conducteur de char dans la 2e DB entre 1943 et 1945. Du 3 au 5 novembre, un important hommage lui est rendu à Moulins-la-Marche.
La guerre, il n’en parlait presque jamais. Car il estimait qu’il n’avait fait que son devoir comme des milliers d’autres Français.
Si à l’écran Jean Gabin était déjà une star au début de la guerre, en 1943 le second maître Jean Moncorgé était connu pour être le plus vieux chef de char de la 2e DB.
« Comme beaucoup de combattants de la France Libre et de la Résistance, Jean Gabin a toujours été très discret sur son action pendant la guerre et a refusé d’en parler. Sa grande carrière au cinéma a contribué à effacer cet épisode de sa vie », explique Christophe Bayard, professeur d’histoire à Alençon, vice-président de la Fondation de la France Libre et organisateur de l’évènement dédié à Jean Gabin.
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Jean Gabin, combattant by Slidely Photo Gallery
Gabin et Marlène Dietrich
En 1939, Jean Moncorgé fut mobilisé une première fois dans la marine à Cherbourg. Après la défaite, Gabin refusa de tourner pour les Allemands, il fuit alors le régime de Vichy et s’expatria aux Etats-Unis.
En 1941, il rencontra à New-York une certain Marlène Dietrich avec qui il vécut une histoire d’amour. L’actrice allemande, qui avait choisi le camp de la liberté, s’engagea d’ailleurs au sein de la 3e armée américaine du général Patton où elle chanta pour motiver les troupes.
De son côté, Jean Gabin voulu rejoindre les Forces Françaises Libres, mais l’Armée, soucieuse de préserver l’acteur et trouvant qu’il serait plus utile à la propagande, décida de lui faire tourner L’Imposteur.
Finalement, Gabin partit en 1943 en Algérie à bord d’un navire chargé d’escorter les pétroliers. Il insista pour suivre une formation de conducteur de char, et finalement à l’automne 1944 il intègra la célèbre division Leclerc.
"La guerre ce n'est pas du cinéma"
A 40 ans, il fut même le plus vieux chef de char de la 2e DB. Aux commandes du Souffleur II, un tank destroyer M10, le second-maître Jean Moncorgé du Régiment blindé de fusiliers-marins (RBFM) au sein des Forces Françaises Libres (FFL) participa à la libération de la poche de Royan puis à la campagne d’Allemagne.
« La Guerre ce n’est pas du cinéma », avait déclaré quelques fois celui qui fut décoré de la Médaille militaire et de la Croix de guerre.
Normand d'adoption
A la Libération, il vécu longtemps dans l’Orne, au domaine de “La Pichonnière”, situé sur la commune de Bonnefoi, rattachée au canton de Moulins-la-Marche.
Là, il investit toute sa fortune dans la création d’un élevage de 300 bovins et d’une écurie d’une quinzaine de chevaux de course. En son honneur, l’hippodrome de Moulins-La-Marche porte d’ailleurs le nom de Jean Gabin.
Il eut cependant maille à partir avec le monde paysan, un feuilleton qui défraya la chronique dans les années 60.
Dans la nuit du 27 au 28 juillet 1962, 700 agriculteurs de l'Orne avaient encerclé son domaine afin de médiatiser un conflit qui les opposait au gouvernement. Jean Gabin fut profondément blessé par cet épisode car il aspirait lui même à faire partie de la communauté paysanne.
Un hommage sans précédent au Gabin combattant
C’est sur cet hippodrome que se déroule du vendredi 3 au dimanche 5 novembre un hommage d’une ampleur inégalée au Gabin combattant de la 2e DB.
Au programme, reconstitution d’un campement de la 2e DB avec une centaine de figurants, spectacles musicaux, expositions, conférences, défilés de véhicules militaires dont le fameux tank piloté par Jean Gabin. L’entrée est gratuite.
« Moi-même et la Fondation de la France Libre tenions à rendre hommage à l’engagement et au courage de Jean Gabin pendant la guerre. Nous nous sommes d'ailleurs aperçus que les Ornais qui l’ont côtoyé lorsqu’il habitait dans le Perche ont des choses à dire. Les souvenirs remontent, cela libère la parole », ajoute Christophe Bayard.
A signaler aussi qu'une exposition retraçant les années de combat de Jean Gabin se déroule en ce moment au musée du Général Leclerc à Paris, jusqu'au 18 février 2018.
Le programme de ces trois jours :
- - Vendredi 3 Novembre : reconstitution d’un campement de la 2e DB, exposition, hippodrome de Moulins-La-Marche, 10h-20h. Entrée gratuite
- - Samedi 4 Novembre : de 9h à 20h, repas spectacle à 19h30, 22h feu d’artifice
- - Dimanche 5 Novembre : de 9h à 18h, cérémonie officielle à 10h30.