Insolite. Ce Normand vend des sextoys... de seconde main !

Il est le seul en Europe à s'être lancé dans ce marché de niche. Bénoni Paumier parie sur le reconditionnement des sextoys. La fin de vie de ces objets bourrés d'électronique pose question. Des millions dorment dans des tiroirs ou finissent dans les poubelles grises. Alors pourquoi pas un marché de la seconde main du sextoy?

L'entreprise s'est installée à Briouze (Orne) en novembre 2023. Outre l'espace de coworking et une entreprise d'upcycling de vêtements, ce petit village ornais accueille donc aussi une activité singulière : le reconditionnement de sextoys.

Bénoni Paumier s'est lancé après ce constat : "des millions de sextoys sont en circulation. 70% sont fabriqués en Chine, puis dorment dans des tiroirs ou finissent dans des centres d'enfouissement".

Le sextoy est un objet - presque - comme les autres

Le trentenaire passé par l'école d'ingénieurs de Caen ne propose pas de recycler ces objets intimes, mais de les reconditionner.

"Pour les téléphones portables, le marché existe déjà avec le site backmarket pour les iPhone. Comme un portable, le sextoy est un objet électronique complexe, certains peuvent être connectés en wi-fi ou bluetooth, la plupart possèdent des cartes électroniques, et tout y est mélangé. La filière de recyclage n'est pas encore assez efficace."

Comment reconditionner de tels jouets ?

L'objet intime nécessite une vigilance sanitaire toute particulière. Un process de désinfection a donc été mis au point avec l'aide d'une médecin généraliste et consultante en centre de dépistage des infections sexuellement transmissibles (IST).

"On a voulu comprendre comment les germes réagissent sur une surface neutre comme le verre, le métal ou le silicone. Notre process s'effectue en trois étapes pour s’assurer qu'on a éliminé totalement tout risque de contamination." 

Concrètement, la plateforme lancée par son créateur sélectionne les jouets : leur matière ne doit pas être poreuse et le fabricant doit être identifiable afin d'assurer une traçabilité de fabrication. "Ensuite, les sextoys sont emballés et placés sous scellés dans un film plastique pour garantir le process de désinfection, avant d'être revendus."

Une barrière psychologique à dépasser

"La confiance, c’est la grande question ! Pour convaincre les utilisateurs, on doit créer une marque et un univers de marque qui soient positifs et ne restent pas que sur le constat écologique catastrophique. On doit souligner que le reconditionnement colle avec les valeurs de l'acheteur."

Bénoni Paumier poursuit : "la clef c'est de montrer que certaines personnes passent le pas, ça fonctionne beaucoup par mimétisme. Le marché existe, c'est un fait. Notre croissance suit les prévisions, on a déjà reçu, reconditionné et revendu des sextoys."

En moyenne 30 à 50% moins cher selon les modèles

L'intérêt d'acheter de seconde main, c'est aussi le prix. Environ 30% moins cher qu'un jouet neuf, et jusqu'à moitié prix. Certains modèles neufs affichent un prix élevé (plus de 180 euros).

Ce qui interroge le chef d'entreprise : "on peut aussi se demander comme consommateur si on a vraiment besoin d'une telle complexité. La tendance à l'innovation est très forte dans ce domaine, j'ai même vu une sorte de Go-pro pour pénis. Vu les tonnes d'objets qui sont fabriqués, on devrait questionner l'utilité de ces jouets hyper perfectionnés."

Vers la location de jouets érotiques?

L'idée d'un marché de la seconde main du sextoy n'est pas nouvelle. Un site internet dénommé Squeaky clean toys s'était déjà lancé en 2023. Le concept était un peu près le même que celui de l'entreprise de l'Orne à ceci près que les particuliers se revendaient leurs jouets directement.

Mais même les conditions de désinfection et les règles fixées par le site n'ont pas assuré sa pérennité. Il est aujourd'hui fermé, invoquant sur sa page d'accueil des difficultés à convaincre le monde de la finance.  

Par ailleurs, des tentatives de recyclage des godemichés ont été mises en place, par exemple par la chaîne de magasins Passage du désir. Depuis 2019, les boutiques récupèrent et envoient au recyclage les sex-toys grâce à un partenariat avec Ecosystem. Et certains fabricants proposent des jouets érotiques fabriqués en amidon de maïs ou à partir de plastiques déjà recyclés. 

Quant à la petite entreprise normande, son objectif est de travailler à l'avenir sur la réparation et le test des batteries de ces objets voués au plaisir. Et pourquoi pas, envisager un service de location, histoire de diversifier et rationaliser un marché de la vente des sextoys, qui flirte avec les 7 % d'augmentation chaque année.

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