Les love rooms, logements coquins, sont en plein développement en Normandie. À chaque mois son nouveau lieu, si bien qu'on en dénombre désormais une centaine dans la région. De la simple nuit romantique aux pratiques sexuelles BDSM, en passant par le jeu, les concepteurs rivalisent d'ingéniosité pour attirer les couples.
Des bulles d'amour, voilà ce que sont ces love rooms qui se multiplient ces derniers mois dans la région. Comme chacun a sa définition de l'amour, chaque logement a ses particularités. Certains prônent la romance et la sensualité, d'autres sont davantage axés sur l'érotisme et la sexualité, simple ou débridée.
Une parenthèse détente, une déconnexion pour les couples
Lit king size, espace balnéo, douche à l'italienne, éclairage tamisé sont les équipements de base des love rooms. "C'est un moyen de déconnecter, explique Vanessa Martinaux, propriétaire de deux logements à Dieppe. Les couples font garder les enfants et s'offrent une parenthèse détente. Un appartement avec sauna, jacuzzi, fauteuil massant, ça casse la routine."
Un concept identique, centré autour du bien-être du couple a été développé à Cherbourg-en-Cotentin, avec L'Instant passion et L'Envol.
Inspirées du Japon et d'un best-seller américain
"La plupart sont plutôt romantiques, pas sexuelles, même si on sait que la finalité, c'est pas de jouer au golf", déclare sans filtre un propriétaire normand. Le concept de louer un appartement ou une maison pour laisser libre cours à l'intimité charnelle vient du Japon.
Au pays du Soleil Levant, les rabuho existent depuis la fin des années 60. En France, le business des logements coquins se développe depuis quelques années seulement, dans la foulée de la saga 50 Nuances de Grey.
C'est d'ailleurs ce qui a inspiré l'Écrin, créé dans le pays de Caux par Christelle Cléraux et son mari, en 2019. Au départ, "l'idée était simplement d'augmenter notre patrimoine foncier tout en restaurant une bâtisse typique de la région". Puis, après avoir découvert le concept lors d'un week-end d'évasion dans le sud de l'Orne, ils ont flairé le bon filon.
Il y a eu un très gros boom après le Covid, et c'est toujours une tendance. Ça marche très bien les week-ends et les vacances scolaires. Les réservations sont généralement faites par une tranche d'âge qui a des enfants. On a énormément de clients qui reviennent.
Christelle Cléraux, propriétaire de L'Écrin, à Beauval-en-Caux
Expérience semblable pour Marilyne Hinarejos dans l'Orne, pour qui le simple projet de mettre une maison en location s'est transformé en la création de La Maison du désir, ouverte en septembre 2023 à Almenêches.
"On a regardé ce qui se faisait aux alentours. D'une part, il y avait très peu de love rooms, et d'une autre, les calendriers de celles qu'on a trouvé étaient pleins, avec quatre mois d'attente. On a sauté sur l'occasion."
Dans certaines locations, on dépasse le cadre du romantisme pour aller vers celui de l'érotisme, voire de la sexualité débridée, avec des installations BDSM. "On a créé un gîte d'abord axé sur la détente, avec une love room incorporée, au milieu", détaille Jean-Yves Dubreuil, propriétaire du Nid D'amour, à Bellencombre (Seine-Maritime).
Accessoires et installations pour explorer sa sexualité
Dans la même veine, Le Banc des désirs a ouvert à l'automne près d'Aunay-sur-Odon (Calvados). Dans ce duplex de 70 m², la recette "balnéo + chambre" est agrémentée d'une barre de pole dance, et d'une "pièce secrète qui dénote" avec un banc pour pratiquer diverses positions. Avant de réaliser sa love room, Alice Lemmonier a testé de nombreux logements, pour le plaisir et en guide d'étude de marché.
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Elle a donc créé un logement singulier, avec une décoration et des attentions particulières "pour que les hôtes se sentent privilégiés", un lieu "accessible à tous, adapté à toutes les morphologies", avec des accessoires et déguisements "du XS au XXL".
Dans les love rooms, la question de la propreté et de l'hygiène est, évidemment, primordiale. "C'est ce qui fait grimper les prix, explique Alice Lemmonier. Ça prend deux heures de nettoyage par location". Les prix justement, sont assez élevés, dans une fourchette de 180 à 250 euros la nuitée.
La concurrence booste l'inventivité
Si les love rooms se multiplient à vitesse grand V en Normandie depuis deux ans, il n'y a pas pour autant de guéguerre entre les propriétaires. "Les concepts sont souvent différents, et quand on aime le principe des love rooms, on va en tester plusieurs, donc c'est bien qu'il y en ait de nouvelles. Il n'y a pas vraiment de concurrence entre nous", explique Marilyne Hinarejos.
Jean-Yves Dubreuil ne partage pas son avis. S'il en vit bien avec 84% de taux d'occupation, il a déjà vu beaucoup de projets "se casser la figure au bout d'un an".
L'émulation pousse aussi à rivaliser d'inventivité pour se démarquer. Dans le Bessin, Maryne Malice et son mari ont ouvert L'escape room, l'été dernier. Ils ont mûri leur projet pendant quatre ans pour parvenir à un concept unique en France.
On a créé un gîte de 150 m², avec des prestations haut de gamme. On a travaillé avec un concepteur d'escape game pour qu'il nous façonne un jeu pour découvrir les différents endroits du logement, avec le côté sympa de la découverte finale pour s'amuser en couple.
Maryne Malice, L'escape room
À terme, le but est de développer une franchise "pour avoir un complément de retraite quand elle sera venue".
Le concept des love rooms a, pour sûr, de beaux jours - ou de belles nuits - devant lui. En 2024, de nouveaux logements dédiés aux plaisirs charnels doivent encore éclore dans la région.