INSOLITE. Un café de campagne abandonné repris grâce à Laurent Gerra et Eddy Mitchell

Alors qu'il était à l'abandon, le bar d'une petite commune de l'Orne a été rénové pour servir de décor à un film. "Un père idéal", avec Laurent Gerra et Eddy Mitchell, vient d'y être tourné. Les caméras parties, il est sur le point d'être repris par une habitante du village.

Heugon, petit village de 258 âmes, incrusté dans le pays d'Ouche (Orne). Dans son tout petit bourg, une église et un café se font face. Cette carte postale typique a séduit l'équipe de tournage du téléfilm "Un père idéal", en particulier sa réalisatrice Hélène Fillières.

Laurent Gerra dans la peau d'un tenancier de bar

"Je cherchais le bon décor depuis un moment. J'ai rendu visite à une très bonne amie qui est installée ici, à Heugon, et quand j'ai vu ce café qui s'appelle Le renard se marre, je suis tombé totalement sous son charme", raconte la cinéaste sur le compte Instagram de la Région Normandie, cofinanceur du film. 

Elle y a immédiatement vu le lieu idéal pour son personnage principal, un tenancier de bar campé par Laurent Gerra. En tournant la tête, Hélène Filières a aperçu l'église, ayant ainsi une révélation quant au rôle qu'elle donnerait à Eddy Mitchell, celui d'un curé. 

Le Renard se marre, lieu empli d'histoires

Le tournage s'est achevé lundi 21 novembre 2023. Il a mis en émoi la petite commune de l'est de l'Orne durant près d'un mois. "On est un peu triste parce que tout le monde est parti, qu'on vient de passer trois semaines merveilleuses, mais on est encore sur notre petit nuage", s'extasie Edith Leroy, maire de Heugon.

Si l'édile est aussi enthousiaste, c'est que l'équipe du film va sans doute permettre au village de retrouver son café. Créé après la guerre, il a longtemps été l'unique commerce du bourg. Tour à tour troquet, restaurant, petite épicerie, pizzeria ou bar, il affiche porte close depuis trois ans.

Son nom bien particulier, Le Renard se marre, lui a été donné il y a une quinzaine d'années par Xavier Lebas, un tenancier qui a marqué Heugon. "Ça marchait du feu de dieu, il organisait des soirées à thème. Il a même fait venir des chippendales ! Dans une commune de 250 habitants, il fallait quand même le faire !", se remémore Edith Leroy. Mais un jour, le restaurateur est parti, ouvrir une autre affaire à Gacé... 

Le bar retapé à la mode des années 70's

Repris par deux fois, le commerce ne résiste pas à la pandémie de Covid-19. Ses portes restent longtemps closes jusqu'à cet automne où il ressuscite, un mois durant, grâce au tournage. Les équipes du film lui font même un lifting. "On a remis en état le café quand on l'a récupéré au mois de septembre. Il était à l'abandon, donc il a fallu tout remettre en place pour donner l'illusion que le café était ouvert", explique Matthieu Tarot, le producteur. 

Cloisons abattues, changement de disposition du bar, décoration vintage style seventies, l'équipe du film remodèle le lieu. Un coup dans le rétro qui pourrait bien assurer son avenir, acter sa survie. Car il était ces derniers temps question de vendre le local, inoccupé depuis trois ans, pour un autre usage que celui d'accueillir du public. Devant les déboires des derniers repreneurs et le manque de projets viables proposés, cette idée germait dans l'esprit des élus de la commune nouvelle de La Ferté-en-Ouche, propriétaire des murs.

Le projet d'un café-bar culturel sur les rails

Pourtant, un projet de reprise enthousiasmant est sur la table depuis plusieurs mois. Revenue s'installer dans le village de son enfance, Sarah Wenger souhaite reprendre le flambeau avec son compagnon Mehdi Louahab, et raviver la flamme du commerce communal en ouvrant un café-bar culturel. 

Ce serait un café, salon de thé l'après-midi, avec des pâtisseries maison, et le soir un bar à tapas, avec des produits locaux et bios. L'idée est qu'il y ait des évènements du jeudi au dimanche : des concerts, des spectacles, des expos, des projections de films, des ateliers.... Que les habitants puissent vraiment s'approprier le lieu, que le bar soit le plus participatif possible.

Sarah Wenger, potentielle repreneuse du Renard se marre

Partie de Heugon à sa majorité pour faire ses études, voyager et travailler, Sarah Wenger est revenue au bercail en avril dernier. Elle compte bien sauver Le renard se marre, et défend son projet. "Les gens ont un attachement sentimental à ce lieu. Dans le secteur, il y a des bars-brasseries, des bars-tabac, des PMU, mais des cafés-bars comme je veux faire, il n'y en a pas du tout. En plus, tous les gens des alentours sont hypermotivés." Une lettre de soutien des habitants du secteur a même été rédigée. 

À quand la réouverture ?

Car Heugon n'est plus un patelin rural qui se meurt. Depuis la fin de la crise sanitaire, la commune profite d'une vague d'installation. "Nous avons des familles, des trentenaires du milieu artistique, dans la production de documentaires et même un artiste graffeur à la renommée internationale. Ce sont des gens qui ont vraiment besoin d'un lieu pour se retrouver", s'enthousiasme Edith Leroy. 

Toutefois, Le Renard se marre ne va pas rouvrir demain. "Il reste des travaux de mise aux normes à faire, changer la chaudière, refaire l'isolation", tempère la maire. Pas de quoi démotiver Sarah Wenger, qui envisage pour sa part une ouverture à la rentrée de septembre 2024. Elle pourrait alors bénéficier du coup de projecteur du téléfilm tourné cet automne, dont la diffusion est prévue sur France 2 à la même période. 

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