Les championnats d'Europe de concours complet reviennent au Haras du Pin et c'est historique !

Le haras du Pin, dans l'Orne, accueillera du 9 au 13 aout 2023 les championnats d'Europe de concours complet. Le site prestigieux n'avait pas accueilli cette compétition depuis plus d'un demi-siècle.

A quelques centaines de mètres du château, les engins de chantier s'activent. De nouvelles carrières, des box en dur avec tout le confort nécessaire aux chevaux, des bâtiments destinés à l'accueil du public, le haras du Pin se dote de nouvelles infrastructures dont la livraison approche désormais à grands pas en ce mois de juin. Et la semaine prochaine, d'autres travaux vont débuter, cette fois-ci sur les collines verdoyantes que surplombe le château. 

Le chef de chantier, c'est Pierre Le Goupil. Natif du Cotentin, il est pourtant ici un peu chez lui. "Le haras du Pin, je le connais depuis que j’ai 14 ans. J’ai couru la première fois ici moi-même pour les championnats de Normandie. Mon père (ndlr : André Le Goupil) a couru ici de nombreuses années, bien avant moi dans les années 60, y compris les championnats d'Europe en 1969. " Plus d'un demi-siècle plus tard, il va à son tour participer, à sa manière, aux championnats d'Europe de concours complet, de retour cet été au haras du Pin. Chef de chantier mais surtout maître du jeu.

Le triathlon de l'équitation

Le concours complet, c'est un peu le triathlon de l'équitation (dressage, cross et saut d'obstacles). Astier Nicolas, double médaillé (or en équipe et argent en individuel) aux jeux olympiques de Rio dans cette discipline, emploie lui même cette expression. "Le concours complet, c’est un vecteur de beaucoup d’émotions, grâce au cross surtout", explique le cavalier français. "Le cross est l’épreuve spectaculaire à suivre, une ballade en famille qui est toujours très agréable parce que ce n’est pas un spectacle qui se passe en un spot mais sur un parcours qui fait environ 6 km et demi, parsemé de toutes sortes d'obstacles impressionnants.

Et ce parcours, Pierre Le Goupil en est l'architecte. Voilà 25 ans, que le chef de piste imagine des tracés d'environs 6,5 kilomètres jalonnées d'embûches (26 obstacles fixes conçus autour d'éléments naturels) qui sont autant d'énigmes à résoudre pour les cavaliers. "Ils sont tous capables individuellement de répondre à chacune des questions séparément. Ce qui crée la difficulté, c’est l’enjeu, le chronomètre, l’intensité des efforts, la concentration et la préparation physique au haras du pin qui peut jouer un rôle déterminant puisque ça n’est pas plat, c’est très vallonné. Il faut que le cavalier parte avec une très très bonne connaissance de son cheval et la stratégie qui va avec."

Une "grande partie de l'élite mondiale"

Malgré ses 25 ans d'expérience, Pierre Le Goupil se dit "super excité et super honoré" par ce challenge. "C’est mon premier GROS championnat qui s’inscrit dans une série de trois championnats majeurs", souligne le chef de piste, qui enchainera ensuite sur le jeux panaméricains au Chili au mois d'octobre puis les jeux olympiques de Paris l'an prochain. Du Versailles du cheval à celui du Roi-Soleil en somme.

Et sur un plan sportif, le premier n'a pas à rougir du second. En témoigne le parcours imaginé par Pierre Le Goupil. "Comme on s’adresse à un plateau qui rassemble l’élite européenne, donc une grande partie de l’élite mondiale - au moins la moitié- il faut quand même faire ressortir les meilleurs, mettre en valeur ceux qui sont le plus en forme à ce moment-là, et poser les questions techniques qui permettent de faire le tri, entre les bons, et les moins bons, toujours dans l’esprit de préservation des chevaux, de la sécurité des cavaliers et de la qualité du spectacle." 80 couples (cavalier-cheval) de 20 pays différents sont attendus dans l'Orne du 9 au 13 août.

Être à la hauteur de l'événement

Et les Français comptent bien tirer leur épingle du jeu sur ce parcours. "C’est le gros concours de l’année, c’est pratiquement le seul qui est médiatisé dans notre discipline qui est un peu confidentielle, ça représente l'objectif unique quasiment de l’année. Et le fait que ce soit chez nous, c’est un vrai plus. Et pour les Normands, encore plus", souligne, dans un sourire, Astier Nicolas, natif de Toulouse mais Normand d'adoption. "En équipe, on (les Français) est toujours fort et on va défendre nos chances avec beaucoup de hargne et de volonté", promet le cavalier.

La pression est aussi sur les épaules des organisateurs. C'est au haras du pin que fut organisée, il y a 54 ans, la première édition des championnats d'Europe de concours complet. Le retour de la compétition sur le site qui l'a vu naître est vécu comme un événement historique. Guillaume Blanc, directeur sportif, n'hésite pas à faire la comparaison avec le retour des jeux olympiques à Paris un siècle plus tard (1924-2024). "Dans la cérémonie d’ouverture, on aimerait faire venir des cavaliers qui étaient là en 69, qui sont toujours dans le circuit cheval, et puis faire venir aussi les représentants de l’élevage régional. La région Normandie c’est la première région en termes de chevaux de course, c’est la première région en termes de chevaux de sport, c’est la première région en termes de poney. Il y a toute cette histoire."

La leçon des jeux équestres mondiaux

Durant plus d'un demi-siècle, les haras nationaux du Pin ne sont pas restés dans l'ombre. Le domaine a accueilli plusieurs grands rendez-vous internationaux : Coupe du monde et Coupe des Nations de la Fédération Equestre Internationale (FEI) mais aussi les Jeux équestres mondiaux en 2014. Et ce dernier n'a pas forcément laissé que de bons souvenirs aux spectateurs, entre bouchons monstres autour du site et des kilomètres de marche pour rallier le lieu de la compétition. Les organisateurs espèrent pourtant attirer 35 000 personnes du 9 au 13 août prochains dans l'Orne.

"Je pense qu’on en a tiré les leçons", assure Guillaume Blanc, "Et c’est aussi pour ça qu’on a essayé de travailler très en amont avec à la fois les services d’ordre - police et gendarmerie - mais aussi avec les collectivités, les services des routes du Département, de la Région pour anticiper ces problématiques et pour essayer d’apporter un service aux visiteurs le plus agréable possible. Il faut que ce soit une fête de venir au haras du Pin et que ce soit une fête de venir aux championnats d’Europe."

Un code couleur contre les bouchons

Le directeur sportif des championnats d'Europe de concours complet en convient, le site n'est pas forcément desservi de manière optimale. "Mais allez aux vieilles Charrues, je pense que vous aurez les mêmes types de problème : des petites routes, difficiles d’accès", estime Guillaume Blanc.

Les organisateurs ont donc défini trois itinéraires principaux en fonction de la provenance des spectateurs, des itinéraires sur lesquels ils comptent largement communiquer, y compris auprès de ceux qui ne comptent pas assister à l'événement. "Séparer les flux en trois dès le départ va nous permettre d’augmenter la capacité d’accueil instantanée."

La capacité d'accueil, c'est aussi la "multiplication" des parkings adossés à un code couleur pour aiguiller au mieux les visiteurs. "On va, à travers notre billetterie internet, pouvoir renvoyer de l’information de façon régulière aux spectateurs avec en particulier la localisation de leur parking avec la bonne couleur. Ça permettra de fluidifier la circulation au moment de l’arrivée sur le site. Si on peut avoir un conseil, c’est réservez en ligne et vous aurez toutes les chances d’y arriver", assure Guillaume Blanc avant de conclure malicieusement : "Si vous n’avez pas la chance d’avoir été tiré au sort pour les jeux olympiques, venez au haras du pin, il y a encore des places."

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité