Ce weekend, c'est la première fois qu'Argentan, dans l'Orne, fête ses libérateurs américains, ceux de la 80e division d'infanterie. Jusque là, la cité célébrait surtout la 2e division blindée du général Leclerc, mais en août 1944, elle n'avait fait que passer.
"A la mémoire des soldats de la 80e division d'infanterie américaine tombés pour la libération d'Argentan". Il aura fallu attendre 72 ans et une semaine pour qu'une stèle à Argentan porte cette inscription.
Le 13 août 1944 , la deuxieme DB du General Leclerc entre bien la première dans la ville d'argentan, mais ce sont les américains qui vont ensuite combattre, et déloger les allemands, du 18 au 20 août 1944.
"C'est leur premier engagement, c'est la première fois qu'ils combattent. Ils ont débarqué, deux semaines plus tôt, à Utah Beach, le temps de descendre et de parcourir la Normandie. On leur donne l'ordre, in extremis, de bifurquer à Argentan, alors qu'ils se dirigeaient vers Angers. Ils remontent le front, arrivent à Argentan, et du 17 au 21, livrent plusieurs jours de combats assez acharnés jusqu'à la libération de la ville le 20. C'est leur première expérience combattante, leur baptême du feu" raconte Tristan Rondeau. Cet étudiant en histoire, natif d'Argentan, a fait de nombreux voyages aux Etats-Unis pour lever le voile sur cet épisode de la libération.
Bilan de cette bataille: 126 tués et plus de 400 blessés. C'est sans doute l'opération de bombardement de l'aviation allié, survenue quelques jours plus tôt, qui a effacé cet épisode, cette lutte acharnée, de la mémoire collective. "J'ai longtemps constaté que les américains étaient d'abord perçus comme ceux qui avaient bombardé la ville"explique Pierre Pavis, maire d'Argentan.
Reportage Damien Migniau et Nicolas Corbard
Tristan Rondeau: étudiant en histoire
Pierre Pavis: maire d'Argentan