Depuis 2017 et la victoire des associations anti-GDE, on pensait le dossier GDE clos, à Nonant-Le-Pïn. Mais c'est oublier que le site est à vendre. Sauvegarde des Terres d'Elevage devait l'acheter pour le "sanctuariser" : un compromis qui semble tomber à l'eau et certainement pas par hasard.
" La cellule de crise est réactivée", quelques mots sur les réseaux sociaux, ce 13 juin 2019, qui lancent l'alerte. C'est un appel à la remobilisation des troupes "anti-GDE".Un certains nombres d'élus ou personnalités sont interpellés dont Ségolène Royal, qui était un ferme soutien, en tant que ministre de l'environnement.
Barbara Pompili, députée LREM de la Somme et présidente de la Commission du Développement durable et de l'Aménagement du territoire de l'Assemblée nationale a été contactée, également François de Rugy, le ministre d'Etat de la transition écologique et solidaire.
A Nonant-le-Pin, la guerre de la décharge https://t.co/5RHhHNJych pic.twitter.com/CMkhahTO6q
— Paris Match (@ParisMatch) 15 mars 2016
De 2013 à 2017, des centaines de personnes dans l'Orne et le Calvados, des éleveurs, des élus, des salariés du monde du cheval, des riverains,etc se sont mobilisés pour empêcher l'ouverture d'un site d'enfouissement de dechets automobiles qui avait obtenu les autorisations administratives nécessaires. Dès l'arrivée des premiers camions GDE chargés de pneus et férailles, les opposants se sont mobilisés pour empêcher le déversement en avertissant sur le risque d'une catastrophe écologique possible. Ils ont obtenu gain de cause, après un long combat judiciaire complexe.
A Nonant-le-Pin, une décharge qui dérange http://t.co/hBPsQxbAE9
— Le Monde (@lemondefr) 11 avril 2014
Depuis, le dossier était en sommeil. GDE se retrouve avec un 50 hectares de terrain inutilisable pour son activité.
Twitter- L'association Nonant Environnement et sauvegarde des Terres d'Elevage avertit les internautes de la crise qui se dessine :
Nonant Environnement et Sauvegarde des Terres d’Elevage
— Nonant Décharge (@NonantDecharge) 13 juin 2019
ré-activent leur cellule de crise face aux jeux d’influence de #GDE #déchets @FNEasso @zerowastefr @frorne @RoyalSegolene @KarimaDelli @LbeauvaisBN @fderugy @barbarapompili @HMaurey pic.twitter.com/7MGqFYfbYj
Un acheteur identifié "filière bois"
Depuis début janvier on sait que GDE veut vendre les 50 hectares "industrialisés" qui étaient destinés à devenir LE fameux site d'enfouissement à l'origine de 4 longues années de joutes médiatico-judiciaires et politiques.
La famille Dauphin, les actionnaires majoritaires de GDE, possèdent 250 hectares connexes, mais ces terrres ne rentrent pas dans le chéma d'exploitation du site GDE.
Cette fois un acheteur , semble donc avoir fait des propositions concrètes de rachat. Un acheteur qui ne serait pas lié à la pratique de la gestion des déchets mais à la filière Bois.
Même si nous n'avons pas encore d'offre concrète, on peut confirmer que l'entreprise Biocombustible (granulés bois) se postionne pour racheter et y entreposer sa marchandise- des granulés, confirme Philippe Sorret, l'actuel directeur délégué de GDE.
La préfète de l'Orne travaille sur le dossier. En effet, fin décembre l'association Sauvegarde Terre d'elevage pensait être arrivée à un accord avec le groupe GDE pour le rachat des terres. " Nous avons réunis une vingtaine d'éleveurs de chevaux et d'amoureux du cheval. Certains sont très riches et puissants et sont prêts à se cotiser pour le rachat de ces 50 hectares, voire plus , afin des les réserver définitivement à l'élevage et à de la production propre et compatible avec le Haras du Pin voisin", explique Jacques Carles, l'avocat parisien qui a mené tout le combat précédent, de 2013 à 2017.
Selon lui GDE souhaitait alors conclure avec son association et tourner la page, pour en finir aussi avec ce conflit qui porte atteinte depuis trop longtemps à son image.
Un retournement de situation suspect
Seulement voilà, jamais l'association n'a eu ensuite de proposition contrète de rachat. Elle savait que Biocombustible, fabricant de granulés en bois voulait aussi acquérir les hangars pour du stockage et elle s'était même accordée avec cette entreprise de la filière bois (une activité propre compatible) pour une location des hangars.
Aujourd'hui, revers de situration, la préfecture de l'Orne demande aux asosciations de se mettre autour de la table non pas pour acheter le site mais pour laisser Biocombustible acheter directement.
"Un retournement de situation , un coup d'éclat qui nous paraît suspect. Ce n'est pas du tout pareil pour nous. Nous redoutons que Biocombustible achète et revende plus tard à un industriel qui pourrait à nouveau y installer une activité de déchets industriels. Car à Paris se joue actuellement sur le plan judiciaire la possibilité de relancer le site arpès quelques menus aménagements. C'est prêt à aboutir et si nous nous achetons, leur plan s'écroule ! vous comprenez l'astuce ?", soutient mordicus le porte-parole de l'association Sauvegarde Terres d'Elevage.
GDE agite le chiffon rouge pour faire pression sur l'Etat ?
GDE réclame depuis longtemps plus de 38 millions d'Euros à l'Etat pour lui avoir délivré un permis de construireà Nonant-le-Pin avant de se rétracter et de lui interdire l' exploitation. GDE a investi sur le site et réclame pour cela des dommages et intérêts."Une somme énorme qui ne correspond même pas au manque à gagner car l'entreprise prévoyait sur 15 ans un bénéfice de 15 millions d'euros", martèle Jacques Carle l'avocat et président de l'association. "C'est honteux de faire payer à ce point-là les contribuables pour une activité polluante qui ne correspond pas aux préoccupations environnementales qui dominent aujourd'hui dans la société !"
Une épée de damoclès (38, 4 millions d'Euros) qui pourrait amener l'Etat à être "conciliant" dans la vente ?
Nous ne laisserons pas faire, hors de question de vendre Nonant-le-Pin à une entreprise, même pas Biocombustible qui n'a pas non plus l'envergure pour acheter un tel site et qui pourrait bien le revendre dans quelques temps, tout ou une partie, à on ne sait qui..., persiste t-on à penser du côté des défenseurs des terres d'élevage.
Ils se battent depuis trop longtemps pour se laisser berner , même après une mise en sommeil de l'affaire.
Le vent a tourné alors qu'ils devaient acheter pour "sanctuariser les lieux" et ils veulent comprendre pourquoi.
Une mémoire de l'histoire du site s'est perdue dans les ministères ( notament celui du ministère de l'écologie qui a renouvelé ses équipes depuis le départ de Ségolène Royal).
Bref, le combat anti- GDE reprend qu'on se dise !, martèle Jacques Carles.
Le 26 juin prochain, un rendez vous avec toutes les parties a été fixé en préfecture. "A la sortie de cette réunion nous seront prêts à relancer la machine. On n'est toujours mobilisés et nombreux prêts à repartir."