Véritable serpent de mer, le Dossier Médical Partagé (DMP), dont l'idée remonte à 2004, va enfin être lancé ce mardi 6 novembre sur tout le territoire français. Ce carnet de santé numérique est déjà testé en Normandie depuis deux ans.
C'est en quelque sorte un carnet de santé numérique consignant toutes les informations médicales vous concernant, un carnet de santé qui peut être renseigné ET consulté par tous les professionnels de santé que vous pouvez être amené à rencontrer. Ce dispositif est testé en Normandie depuis deux ans. Ainsi, à Caen, le centre François Baclesse, spécialisé dans le traitement du cancer, a mis à la disposition d'un millier de médecins généralistes les dossiers de leurs patients atteints de cette pathologie.
Le dispositif va être officiellement lancé sur tout le territoire français ce mardi 6 novembre. Depuis un mois, il est possible de créer soi-même son Dossier Médical Partagé sur internet. La démarche est également possible dans votre pharmacie. Les pharmaciens Les pharmaciens, rétribués un euro pour chaque création de DMP, y voient un intérêt professionnel. "Il y aura davantage de sécurité par rapport à nos délivrances", explique Stéphane Lacroix, à Alençon, "on sera sûr de ne pas faire de contre-indications dangereuses pour nos patients."
Une "première phase de développement" a été conduite dans neuf départements. Elle a déjà permis de créer 550.000 DMP en 18 mois, entre décembre 2016 et mai 2018. En comptant ceux ouverts durant la décennie précédente, "plus de 1,2 million de DMP" étaient ouverts au début de l'été, selon la Cnam.
Un serpent de mer
Car ce dossier est un vieux serpent de mer. L'idée a été lancée par Philippe Douste-Blazy en 2004. "Demander à tous les médecins de mettre en commun tout ce qu'ils ont sur chaque malade (c'est) possible en trois mois", déclarait alors le ministre de la santé de l'époque. Trois ans plus tard, son successeur, Xavier Bertrand, faisait encore preuve d'optimisme. Ce n'est qu'en 2010, que la première génération de Dossier Médical Partagé verra le jour. Une première génération qui se soldera par un échec (moins de 200 000 DMP créés au bout de deux ans) et justifiera la conception d'une seconde version.Pour lui donner toutes les chances de réussir, un décret permet désormais d'ouvrir son propre DMP sur internet ou auprès des agents des caisses d'assurance maladie, en plus des professionnels et établissements de santé. Le même texte autorise l'Assurance maladie à injecter automatiquement dans le DMP "l'historique des remboursements", c'est-à-dire la liste des actes et des médicaments pris en charge par la Sécu sur les deux dernières années. A l'instar de ce qui se fait pour les pharmaciens (un euro pour chaque création de dossier), un mécanisme d'incitation financière est également à l'étude pour les médecins libéraux.
"un dispositif hautement sécurisé"
Outre la charge de travail supplémentaire que représente pour eux ce DMP, les professionnels de santé Principale craignent également le risque de fuite ou de piratage des données médicales. "C'est un dispositif qui est hautement sécurisé, qui a fait l'objet d'un encadrement à la fois réglementaire et technique", souligne Matthieu Frélaut, directeur de la CPAM de l'Orne, "Les différents éléments sont hébergés par un hébergeur de données de santé qui est un tiers de confiance et il y a un système d'identification, de traçabilité qui fait que c'est un niveau de sécurité d'un grand grand niveau."Pour la Caisse Nationale d'Assurance Maladie (CNAM) garante de ce nouveau système, le DMP permettra un meilleur suivi médical mais également des économies substantielles en évitant des examens redondants. En attendant d'en voir les résultats, le dispositif a déjà coûté, depuis son premier lancement, plus de 500 millions d'euros. Le gouvernement espère atteindre l'objectif de 40 millions de DMP créés d'ici cinq ans.