La langue normande est en grand danger ! C'est l'Unesco qui le dit. Patrimoine immatériel de notre région, le dialecte a quitté les bouches depuis des décennies, mais certains irréductibles s'activent pour le maintenir en vie. La Région en a fait son cheval de bataille, des associations existent, et un festival se lance ce week-end dans le Bessin.

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Qui aujourd'hui parle encore normand en Normandie ? Plus grand monde, malheureusement. "Environ 20 000 personnes" note tout de même Jean-Philippe Joly. Le Président de la Fale (Fédération des Associations pour la Langue normande) se bat pour raviver la flamme de ce parler régional usité par 80% de la population en 1820, encore pratiqué dans les campagnes jusque dans l'entre-deux guerres, et pratiquement disparu aujourd'hui. 

Ce week-end, il causera, racontera et chantera normand au Festival Rabûqui (prononcer Rabutchi), à la Ferme culturelle du Bessin. Un évènement nouveau, concomitant des Journées du Patrimoine, où les lectures et conférences se mêleront aux concerts, pièces de théâtre, jeux ou encore expositions, le tout autour de bars, pique-nique où l'on parlera normand évidemment. 

On a besoin de l'appellation "langue" parce que pendant longtemps, on a dit que c'était un patois. Et un patois, ça veut aussi dire "mauvais français", ce qui n'est pas du tout le cas, parce que c'est une langue d'oïl, qui sort du latin, c'est donc une langue à part entière, il faut lui donner ce titre.

Jean Fauchier Delavigne, organisateur de Rabûqui

Boujou byin, cha va t-i ?

Rabûtchi signifie "remuer les tisons pour raviver la flamme". Si on est honnête, et que l'on pousse la métaphore, la langue normande ressemble aujourd'hui davantage aux cendres qu'aux tisons. Toutefois, même si son existence est presque consumée, quelques braises subsistent et une bande d'irréductibles s'époumonent pour la maintenir en vie. Une vingtaine d'associations se répartissent sur le territoire régional où des cafés normands se multiplient. 

"Mais on n'arrivera pas à sauver la langue sans l'enseigner dans nos écoles", se lamente Jean Fauchier Delavigne, organisateur de Rabûqui. "La langue normande se porte mal parce que beaucoup de locuteurs sont vieillissants. Il faudrait l'enseigner pour qu'elle continue à vivre". A l'heure actuelle, un seul collège dispense des cours de Normand, en dehors du cursus normal. Il se trouve à Bricquebec, dans le Cotentin. 

Caraumbolaer, a touote brélingue, baffrer... des expressions à remettre au goût du jour

Le Conseil régional projette d'injecter une dose de langue normande au lycée, mais la forme d'enseignement, d'initiation ou de sensibilisation doit encore être définie. Et encore faut-il former les professeurs, qui se comptent aujourd'hui sur les doigts des mains. 

A l'instar des Ch'tis, les Normands peuvent prononcer les C en 'ch' comme dans l'expression "cha me fait byin pllaisi" qui signifie "ça me fait bien plaisir", les CH devenant parfois des 'qu', cats signifiant des chats, mais cela dépend des territoires. "Le  parler normand du Cotentin n'est pas le même que celui du Pays de Caux", précise Jean-Philippe Joly, et il n'est en fait pas comparable avec les phrasé du Chti, du Picard ou encore du Breton, même si certaines sonorités peuvent s'en rapprocher". 

Ce week-end, à la Ferme culturelle du Bessin, on pourra prendre un petit pitché, une sorte de tapas à la normande : pain, rillettes, fromages, et teurgoule évidemment. On va surtout pavoiser et bacouetter dans la langue régionale. Alors, si vous souhaitez y faire un saut, n'hésitez pas à apprendre quelques expressions sur authenticnormandy.fr ou chercher des mots de vocabulaire sur le site-ressource de Magène

En attendant, on vous a déniché quelques locutions qui méritent d'être remises au goût du jour. Vous pouvez demander l'avernoum de votre interlocuteur, son surnom. Dire que vous mâonez signifie que vous flânez.

A l'inverse, si vous faites quelque chose a touote brélingue veut dire à toute vitesse. Enfin, sans doute un peu moins élégant mais peut-être révélateur des mœurs de l'époque où la langue a vu le jour, faire l'amour se dit caraumbolaer en normand. Tout un programme...

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