Les ivoiriers dieppois craignent de devoir mettre la clé sous la porte

Un arrêté pris en août dernier par Ségolène Royal ministre de l’environnement durcit la législation réprimant le braconnage de l’ivoire.

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Le travail des ivoiriers à Dieppe va-t-il s’interrompre ?

Oui, craignent ses défenseurs. L'arrêté de la ministre de l’environnement interdit "le transport à des fins commerciales, le colportage, l’utilisation commerciale, la mise en vente ou l’achat de défenses et d’objets composés en tout ou partie d’ivoire". Une décision qui inquiète particulièrement les 2 derniers ivoiriers de Dieppe déjà touchés par des mesures limitant leur activité. La mesure qui existait déjà mais pas avec cette rigueur s’applique aux éléphants d’Afrique comme d’Asie ainsi qu’aux cinq espèces de rhinocéros.

Une réglementation plus sévère

Le commerce des antiquités, c’est à dire des objets travaillés antérieurs à 1947 sera soumis à dérogation "au cas par cas" tout comme le commerce et la restauration d’objets travaillés datant de la période 1947-1975 qui devront être identifiés par un certificat intra-communautaire. En revanche sont formellement interdits la fabrication d’objets utilisant de l’ivoire "quelque soit son ancienneté", ainsi que la restauration et la vente d’objets postérieurs à 1975. Cette date correspond à l’entrée en vigueur de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES).

Une tradition dieppoise qui remonte au 14ème siècle 

Pour les deux derniers ivoiriers dieppois – ils ont été jusqu’à 300 - ce décret signe la mort d’une profession qui compte tout au plus cinq personnes en France dont une âgée de… 88 ans. "Cela veut dire spolier le travail de toute une vie et me mettre au ban de la société", s’insurge Philippe Ragault qui a commencé à travailler après 1975.
"Nous sommes assimilés à ceux qui tuent les éléphants", s’indigne Annick Colette qui perpétue une tradition vieille de cinq générations. Les professionnels du marché de l’art notamment les commissaires priseurs qui vendraient plusieurs tonnes d’ivoire chaque année dans leurs salles des ventes montent aussi au créneau. "Nous ne comprenons pas en quoi l’interdiction de vendre ou d’acheter sur le territoire français une vierge en ivoire du XVIIIème siècle ou une marqueterie Boulle du XVIIème siècle va améliorer le sort des éléphants du XXIème siècle", écrivent leurs syndicats dans une lettre ouverte.

Le décret ne satisfait pas pour autant les écologistes les plus intransigeants

"La France est passée à un doigt de montrer l’exemple", regrette Céline Sissler Bienvenu, directrice, pour la France et l’Afrique francophone, du Fonds international de protection des animaux. En cause : ce "système dérogatoire" qui permet "à une quantité non négligeable d’ivoire d’être commercialisée". Pour d’autres écologistes, les ivoiriers doivent utiliser des produits de substitution comme l’ivoire fossile de mammouth, la noix de corozo ou certains plastiques. "C’est comme si on demandait à un orfèvre de fabriquer une bague en plomb et de la vendre au prix de l’or" s’étrangle Philippe Ragault.

Le maire de Dieppe solidaire

A Dieppe, le maire PCF Sébastien Jumel voit dans le décret "une fausse bonne idée" pour le plus grand préjudice des ivoiriers. "Ceux-ci travaillent une matière à la provenance parfaitement identifiée et contrôlée, hors des circuits mafieux et de spéculation", argumente-t-il. De surcroît, le décret, en tuant un savoir-faire, mettrait à mal, selon lui, "la capacité à restaurer des pièces anciennes conservées dans les musées ou chez des particuliers".
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