Pourquoi devient-on un démon dans l’habitacle de sa voiture ?

Objet de convoitise et de fierté ou simple moyen de locomotion, la voiture est un objet du quotidien qui soulève bien des passions. Souvent associée à la liberté, elle est aussi source d’accident et de frustration. Mais pourquoi certains automobilistes se transforment en bête sauvage dès qu'ils prennent le volant ? On a essayé de comprendre pourquoi.

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Téléphoner au volant, oublier la priorité à droite ou insulter l’automobiliste qui n’avance pas assez vite… Le mauvais conducteur, ce sont toujours les autres. Vous, moi, nous pensons tous être parfaits, courtois et respectueux des règles du code de la route. "Allez-y monsieur, traversez, je vous en prie".

97% des automobilistes français se déclarent calmes et vigilants au volant, selon un baromètre 2023 de la conduite responsable. De fait, nous surestimons nos capacités à conduire et nous dévalorisons celles des autres. Une situation qui pose question.

Ne serions-nous pas un jour l’ange, un jour le démon ?

Notre humeur au volant se joue dès le matin. "Il y a deux façons de commencer sa journée au volant : la bonne et la mauvaise", prévient Lorenzo Lefebvre, moniteur d’auto-école à Rouen et formateur en sécurité routière depuis vingt ans. Il a étudié et beaucoup pratiqué la "psychologie des automobilistes".

"Soit je suis bien, je suis à l’heure, donc je suis détendue. Soit, je suis en retard, je suis stressé et deviens dangereux. Quand on est en retard, on a l’impression que la route va nous permettre de récupérer le temps perdu, mais c’est faux. C’est impossible", assure Lorenzo Lefebvre.

Cela nous est tous arrivé…. En retard pour aller au boulot, tout nous agace sur la route. Le feu passe au rouge dès que la voiture arrive à niveau, tout le monde est lent, le camion des éboueurs passe pile quand j’arrive (pourtant-là tous les matins…).

On va se retrouver dans une situation d’échec et de frustration, je vais être énervé constamment.

Lorenzo Lefebvre, moniteur auto-école

La conduite nous transforme et en voulant aller vite, notre attention diminue. Et c’est là tout le danger. Par exemple, quand nous sommes pressés, aux feux rouges, nous allons avoir tendance à nous coller aux roues du véhicule de devant.

Alors que si nous laissons un espace de sécurité, nous allons permettre une circulation davantage fluide et plus sécuritaire.

Face au code de la route : un peu trop de liberté

Liberté, cocon protecteur, promesse d’une mobilité infinie… La voiture est le moyen de transport que les Français préfèrent. 86% d’entre nous en possèdent une. Nous l’aimons, mais parfois elle nous transforme en bête sauvage en une fraction de seconde.

"Certains s’accordent des petits arrangements avec la réalité", confie avec le sourire le moniteur. Dans le code de la route, s’il est bien stipulé que nous sommes obligés de nous arrêter au feu orange, sauf si cela entraîne un gros danger… Beaucoup accélèrent à ce moment-là et se faufilent juste avant le passage au rouge.  

Lorenzo Lefebvre a l’habitude d’en croiser sur la route. "Quand certains passent au feu orange, la plupart regardent dans son rétroviseur central, non pas par mesure de sécurité ou pour voir s’il y a les gendarmes mais pour voir si derrière, un autre automobiliste est passé derrière lui. Une manière de se rassurer et de se dire qu’il y a pire que nous."

Homme au volant, mort au tournant ?

Ce plaisir de rouler et cet attachement à la voiture sont particulièrement masculins. "C’est culturel, cela vient de l’enfance, ce sont les petites voitures quand on est jeune, on a vraiment cette relation forte, d’ailleurs elle est tellement forte qu’on le retrouve dans l’insécurité routière."

@france3normandie 🚗💨Pourquoi devient-on un démon dans l’habitacle de sa voiture ? Nous avons essayé de comprendre ce comportement en interrogeant Philippe Vayssette, président de la ligue contre les violences routière du Calvados. ##sécuritéroutière##voiture##comportement#v#volant ♬ son original - France 3 Normandie

La Sécurité routière partage cet avis et mettrait en avant les clichés liés à la masculinité et à la virilité. Des comportements dits "macho" qui favoriseraient la prise de risque, comme rouler vite, et qui provoqueraient des accidents.

Comme en témoignage le bilan 2022 de la sécurité routière qui révèle que 80% des personnes décédées sur la route sont des hommes. Ces derniers sont aussi 84% à être responsables des accidents mortels... 

Et si nous gardions la tête froide au volant ? Pour ne pas la perdre.

Si nous considérions la voiture comme un objet utile et la route comme un simple trajet ? "Un feu rouge ou une voiture qui se met en travers, ça ne doit pas nous gâcher la journée", tente de relativiser Lorenzo Lefebvre, avant de conclure : '"on a tendance à extérioriser sur les autres, alors que c’est bénin dans notre vie d’être humain, c’est rien !" 

Retrouvez notre magazine Enquêtes de région à 23h10, ce mercredi 3 avril 2024, sur France 3 Normandie et disponible en replay ici.

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Notre comportement change dans l'habitacle d'une voiture. ©François Pesquet / France Télévisions

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