Comment prévenir les violences sexuelles et sexistes dans le sport ? Des clubs normands s'engagent

145 clubs sportifs normands amateurs ou professionnels ont signé le manifeste d'engagement de lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans le sport par lequel ils s'engagent dans la prévention et la sanction de toutes violences.

Tous les clubs semblent d'accord sur le principe : il faut lancer des actions de prévention et de sensibilisation contre les violences dans le sport.

Sandrine Romagne, présidente du comité départemental de rugby du Calvados, explique ainsi avoir "interdit les portables dans les vestiaires de rugby et y avoir imposé la présence de deux éducateurs en même temps". Elle souligne que les actions de prévention intéressent les jeunes athlètes et leur entourage car elles drainent du public. Une réunion d'information, annulée pour cause de confinement, devait accueillir 300 personnes inscrites. Remise au 13 octobre prochain, la réunion de l'association Colosse aux pieds d'argile accueillera aussi Bernard Laporte, président de la Fédération française de rugby.

Le signalement de toute violence, l'organisation de temps d'information et de sensibilisation pour apprendre à chacun à déceler les violences, la mise en place d'affichage pour orienter les éventuelles victimes vers une personne à qui parler : tous ces points figurent dans la charte d'engagement signée par les clubs sportifs. A ce jour, 24 structures du Calvados, parmi lesquelles le Stade Malherbe de Caen et l'association sports et loisirs du Chemin vert (qui regroupe 1000 adhérents, multisports) et près de 145 clubs normands se sont engagés dans cette démarche.

Ces 10 derniers mois, les enquêtes administratives ont été 5 fois plus nombreuses que durant les 10 dernières années, du fait de la libération de la parole et de la prise en compte de cette parole

Marine Pelz, comité de la Jeunesse et Sport du Calvados

Ces 10 derniers mois, les enquêtes administratives pour violences ont été 5 fois plus nombreuses que durant les 10 dernières années, du fait de la libération de la parole et de la prise en compte de cette parole, expliquait aujourd'hui Marine Pelz, du comité de la Jeunesse et Sport du Calvados. En 2020, 24 signalements d'événement graves dans le sport (harcèlement, bizutage ou comportement déplacés) ont été recensés dans le Calvados, 4 concernaient des violences sexuelles.

Il faut savoir qu'un signalement de victime peut faire l'objet de trois procédures disctinctes : fédérale, administrative et/ou judiciaire.

Comment les clubs sportifs peuvent-ils s'organiser pour lutter contre les violences ?

L'un des premiers engagement des clubs signataires de la charte contre les violences sexistes et sexuelles dans le sport consiste à désigner une personne chargée de ce sujet dans le club. Une personne qui veillera à la mise en place d'actions d'information, de prévention et de formation. Une personne identifiée et identifiable à laquelle l'enfant ou l'adulte victime pourra se confier librement.

"On essaie d'avoir un référent par club qui soit lui-même formé à recueillir la parole" explique Marine Pel, du comité de la Jeunesse et Sport du Calvados, "ce référent aura tous les contacts des référents extérieurs, neutres, des professionnels, psychothérapeutes ou juristes".

On ne peut pas imposer de statut à ce référent, mais dans l'idéal, je pense que ce serait bien qu'il soit un élu associatif, un membre du bureau ou du conseil d'administration, une personne investie qui inspire confiance aux familles et qui soit connue au sein de la structure.

Marine Pelz

On ne peut pas imposer de statut à ce référent, mais dans l'idéal, je pense que serait bien qu'il soit un élu associatif, un membre du bureau ou du conseil d'administration, une personne investie qui inspire confiance aux familles et qui soit connue au sein de la structure. Pas toujours facile à trouver, mais indispensable.

"Il existe encore des freins à la libération de la parole", souligne Marine Pelz, "beaucoup de victimes encore n'osent pas parler, ont honte ou alors estiment, surtout les enfants, que c'est de leur faute. Et il y a tout un phénomène, on peut parler d'emprise dans le sport, entre l'éducateur et le mineur qu'il entraîne et une main-mise sur le sportif qui peut parfois être vraiment un frein pour parler. Un autre frein  existe du côté des clubs, même si ça va de mieux en mieux, mais on avait quand même des clubs qui avaient du mal à signaler ou à rendre des comptes. Malheureusement on voit ça parfois jusque dans des familles, des parents qui poussent leur enfant à gagner des compétitions coûte que coûte et qui peuvent fermer les yeux sur certaines dérives."

Alors pour favoriser et accompagner cette parole des victimes, les clubs eux-même sont accompagnés pour savoir à partir de quand un comportement est anormal, quand le signaler et quelles sont les procédures à mettre à place.

Le ministère propose des documents à destination des encadrants de sportifs, tels que le petit guide juridique ou le Vademecum pour mieux prévenir et mieux réagir en matière de violences à caractère sexuel dans le sport.

 

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