Après deux ans sans manifestation et 6 mois avant la présidentielle, plusieurs dizaines de milliers de partisans de la Manif pour Tous ont défilé ce dimanche à Paris. Quatre cars avaient été affrêtés au départ d'Yvetot, Rouen, Bernay ou encore Evreux.
Entre 24 et 200 000
"On lâchera pas": près de 24.000 personnes selon la police, près de dix fois plus selon les organisateurs, ont défilé dimanche à Paris pour raviver la flamme de la Manif pour tous, en espérant peser sur les candidats à la primaire de la droite et la présidentielle.Le défilé a rassemblé entre 23.000 et 24.000 personnes, selon la préfecture de police de Paris. Les organisateurs avancent le chiffre de 200.000. La précédente manifestation, en octobre 2014, avait réuni 70.000 personnes selon la police, un demi-million selon le mouvement.
Une clameur a salué l'affichage des "200.000" revendiqués sur un écran géant dressé sur la place du Trocadéro.
"J'espère que cette manifestation aura un poids sur la présidentielle", a déclaré Guy, 29 ans, bibliothécaire. Venu du VIIe arrondissement de Paris, il est "en faveur du retour des principes de la civilisation chrétienne en matière de famille, institutions, travail..."
Faire pression avant la présidentielle
Personnes âgées ou enfants accompagnés de leurs parents, élus ceints de leur écharpe tricolore défilaient dans une ambiance bon enfant sous le soleil d'automne, derrière des banderoles sur lesquelles on pouvait lire "En 2017, je vote pour la famille", ou "La famille, patrimoine de l'humanité".Dans la foule, de nombreux drapeaux tricolores ou des drapeaux rose et bleu aux couleurs du mouvement.
Après plusieurs mois de silence médiatique relatif, la Manif pour tous compte sur la mobilisation pour montrer aux candidats à la présidentielle de 2017 qu'elle est une force avec laquelle il faut compter.
"Cette manifestation va conforter notre crédibilité (...) C'est une réussite.
Des soutiens politiques
En dépit de tout ce qu'on peut dire sur nous, de l'anathème, le public reste mobilisé", a affirmé à l'AFP Ludovine de la Rochère, présidente du mouvement.Des personnalités politiques ont pris part à la marche, dont Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate, seul partisan de l'abrogation de la loi Taubira parmi les candidats à la primaire de la droite.
Henri Guaino (LR), candidat à la présidentielle hors primaire, a regretté que "les questions de civilisation" posées par cette manifestation soient "absentes du débat pour la présidentielle", y compris dans la primaire de la droite.
Décadence lente
De fait, le mouvement peine à se faire entendre des principaux candidats à cette primaire. Même si François Fillon, absent du défilé, a fait part de son "soutien" aux manifestants et souhaité non pas abroger la loi autorisant le mariage homosexuel, mais l'amender.Se trouvaient en revanche dans le cortège les députés Hervé Mariton (LR), Marion Maréchal-Le Pen (FN), le maire d'extrême droite de Béziers Robert Ménard, ou encore Louis Aliot (FN).
"Ils avaient dit que la Manif pour tous c'est du passé, mais nous resterons là jusqu'à l'abrogation de la loi Taubira", ont lancé des organisateurs du haut d'une tribune.
Votée en 2013, la loi Taubira a ouvert le mariage aux personnes du même sexe, suscitant un mouvement de contestation qui, au plus fort, a rassemblé plusieurs centaines de milliers de personnes dans les rues de la capitale avant de connaître un net essoufflement après le passage de la loi en mai 2013.Scandant "PMA, GPA, on lâchera pas, tous ensemble pour mener le combat" ou "le ventre des femmes n'est pas à vendre", les manifestants ont suivi le mot d'ordre du rassemblement contre la procréation médicalement assistée (PMA) "sans père" ou encore le "scandale de la GPA" (gestation pour autrui).
D'autres proclamaient "Lobby LBGT, Dehors" à propos des associations homosexuelles ou s'en prenaient à la ministre de l'Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, une de leurs cibles favorites, accusée de promouvoir "la théorie du genre" à l'école.
"On est en décadence lente mais irréversible", déplorait Michel Delaune, 72 ans,
ingénieur et capitaine de marine retraité, venu de la banlieue ouest de Paris.
Mais "cette manifestation peut faire avancer les choses".
Le défilé s'est déroulé sous haute sécurité. Ont été interpellées six militantes
du groupe féministes Femen, alors qu'elles exhibaient leur poitrine, et sept autres
personnes pour port d'armes prohibé ou possession de stupéfiants, selon la préfecture
de police.
Un face-à-face bref mais tendu a par ailleurs opposé un groupe d'une vingtaine
de jeunes vêtus de noir, criant notamment "antifacistes" à des manifestants, a
constaté une journaliste de l'AFP.