Revivez les temps forts et découvrez ce qu'il faut retenir du grand débat du 1er tour des Elections régionales 2021 sur France 3 Normandie qui a opposé les 7 candidats Hervé Morin, Nicolas Bay, Sébastien Jumel, Mélanie Boulanger, Laurent Bonnaterre, Stéphanie Kerbarh et Pascal Le Manach.
Ce mercredi 9 juin 2021 était organisé depuis le grenier à sel, à Honfleur, le débat du 1er tour des Elections régionales 2021 sur France 3 Normandie avec France Bleu. Autour des journalistes Emilie Leconte, Franck Besnier et Philippe Thomas, 7 candidats engagés dans cette campagne ont pu débattre :
- Hervé Morin, candidat les centristes-LR et président sortant.
- Nicolas Bay, candidat du Rassemblement National.
- Sébastien Jumel, candidat PCF-LFI.
- Mélanie Boulanger, tête de liste PS EELV.
- Laurent Bonnaterre, candidat soutenu par la majorité présidentielle.
- Stéphanie Kerbarh, députée (LREM) de Seine-Maritime.
- Pascal Le Manach, candidat Lutte ouvrière.
REPLAY. (re)Voir le débat en intégralité :
La crise sanitaire, et après ?
Le budget de la région s’élève à 1 milliard 900 millions d’euros. Plus de 500 millions d’euros ont été alloués à l’économie normande. Et pour pallier la crise sanitaire, la région a créé un plan baptisé Normandie Relance : 39 mesures dont des prêts participatifs de 15.000 à 500.000 euros dont le montant est évalué à plus de 50 millions d’euros.
Mais alors, que retenir de la crise sanitaire ? "C’est probablement la revanche des campagnes et des villes moyennes sur les Métropoles", indique le président sortant et candidat à sa réélection Hervé Morin. "Les Franciliens quittent Paris pour venir chez nous. Nous avons un enjeu de mobilité, d’attractivité, d'éducation, d’offres culturelles. Ces sujets sont directement liés à la question du covid."
"La crise économique va suivre la crise sanitaire. Une crise sociale, psychologique… Une collectivité comme la région doit être au rendez-vous pour soutenir les structures oubliées", indique de son côté le candidat du Rassemblement National Nicolas Bay.
La crise en Normande a touché près de 60.000 entreprises qui ont fait des "Demandes d'activité partielle". Plus de 600.000 salariés ont été impactés par cette crise. La Région a débloqué "plus de 515 millions d'Euros" à travers son plan de relance de l'économie.
Hervé Morin souligne que “plus de 500 entreprises ont pu bénéficier du soutien de la région" et "16.000 emplois ont été sauvés". Plan de relance, prêts participatifs, aide aux jeunes… "on a fait beaucoup et nous le ferons à chaque fois que ce sera nécessaire". Quid de la culture, de l'hôtellerie, du tourisme ? "Tout un nombre de sujets sont sur la table et à chaque fois la région aidera", indique le président de région.
On ne reproche pas à Hervé Morin ni même à Emmanuel Macron d’avoir ouvert le carnet de chèques [...] mais la question, c'est les jours d’après.
Le député de la 6e circonscription de Seine-Maritime poursuit, en précisant que "des milliers d’emplois ont été perdus ces 10 dernières années dans le secteur industriel, dans le tourisme…" L'élu complète : "la crise a révélé un besoin d’humanité, de proximité". Pour cela, il souhaite remplacer "les ordinateurs par des hommes et des femmes dans les gares et les services publics."
Pour Pascal Le Manach, candidat Lutte ouvrière, "les plans de relance de la part de l'État et au niveau de la région vont directement dans la poche des capitalistes, de la bourgeoisie. Nous, dans les entreprises, ce qu’on veut nous imposer ce sont des suppressions d'emplois, des fermetures d’usines. Oui, il faudra imposer la répartition du travail entre tous. Travailler moins, mais travailler tous. Prendre sur les profits du grand patronat."
Pour Mélanie Boulanger, tête de liste PS/EELV, il faut "réunir un comité d’attractivité locale pour voir comment prolonger les aides et voir ce dont ont besoin les entreprises."
Enfin pour le candidat de la Majorité présidentielle (LREM) Laurent Bonnaterre, la priorité est d'avoir des médecins salariés pour "lutter contre les deserts medicaux très importants dans notre région". S'il estime que l'industrie est "une force en Normandie qui doit être soutenue", il ne faut pas oublier aussi les petites entreprises qui ,elles, ne le sont "pas assez".
Tourisme vert et tourisme de mémoire
Autre sujet lié à l’économie normande : le tourisme, qui vit une situation assez paradoxale. Beaucoup de musées, d’équipements touristiques ont été fermés mais en même temps les hôtels et autres structures d’accueil ont fait office de refuge pour bon nombre de touristes l’été dernier. Un exemple : celui du tourisme de mémoire où la perte du chiffre d'affaires s’élève pour certains à 90%. Comment accompagner cette industrie du tourisme totalement bouleversée par la crise ? Combien de temps faudra t-il pour que la Normandie s’en relève ? Et comment ?
Il faut composer avec un tourisme vert.
Pour Laurent Bonnaterre, "il faut composer avec le tourisme vert", notamment par le vélo. "La pêche artisanale est un vecteur dominant du secteur touristique", indique de son côté Sébastien Jumel qui souhaite revaloriser le tourisme normand en renforçant la ligne transmanche.
Quand vient la question de la création d’un "Puy du Fou normand", le débat s’échauffe. "Il serait fou d’imaginer qu’on puisse rendre hommage aux vikings, aux héros du débarquement avec un pareil projet", déplore Mélanie Boulanger. "Ce serait très néfaste pour l’ensemble des musées existants."
Le président de Région Hervé Morin se défend sur le sujet : "Parler d’un « Puy du Fou » est une caricature. C’est soumis au contrôle du souvenir français. C’est sur la montée du nazisme jusqu’à la bataille de Normandie."
Transports : une priorité normande, mais pas que...
Comment se déplacer en Normandie ? Voiture, trains, bus, vélos ? Depuis un an, quarante trains flambants neufs ont été payés par la Région : une facture de plus de 742 millions d'euros, auxquels s'ajoutent (entre autres) 500 millions d'euros pour la rénovation des infrastructures. Est-ce que l'investissement en valait la chandelle ?
Le ferroviaire est une belle réussite de cette majorité régionale.
"L’Etat avait abandonné les trains Intercités. Il reste encore toute une série d'investissements qui doivent être faits." La ponctualité à l’arrivée des trains de Paris vers la Normandie a nettement progressé passant de 74.8% en octobre 2020 à 88.4% en janvier 2021. Des chiffres qui vont même jusqu'à "95% pour les lignes Paris-Caen-Cherbourg et Paris-Rouen-Le Havre", précise Hervé Morin
Nicolas Bay (RN) n'est pas du tout d'accord avec le président sortant. Pour celui qui arrive juste derrière le président sortant dans notre sondage exclusif sur ces régionales 2021 en Normandie, "Il faut également des trains à l’heure et rapides, le bilan de Monsieur Morin est un fiasco !". Il affirme que "les Normands ont besoin de leur voiture. Les automobilistes utilisent leur voiture pour emmener leurs enfants à l’école, pour aller travailler".
Mélanie Boulanger, candidate des verts, prône la gratuité des transports pour les étudiants et les demandeurs d’emploi de moins de 26 ans. "C’est bon pour l’emploi, pour le pouvoir d’achat et pour le climat", souligne ainsi la tête de liste "La Normandie nous rassemble." Une idée que rejoint Sébastien Jumel. La candidate soutenue par le PS et les Verts poursuit en indiquant qu’il faut plus de pistes cyclables, que "les lycéens puissent se rendre dans leur établissement avec en vélo de façon sécurisée."
"La voiture est le mode d’usage classique de nos concitoyens. Il faut aller vers des véhicules plus propres", indique Laurent Bonnaterre. Quant aux transports ferroviaires : "Il faut investir sur les infrastructures", ajoute le candidat de la majorité présidentielle. Amplitudes horaire, bus de nuit, offres en autopartage… "on a besoin de systèmes innovants pour rentrer chez soi et assurer des liaisons sécurisées."
De son côté, Sébastien Jumel souhaite "réconcilier les normands avec l’automobile". Sa proposition : rendre gratuits "le pont de normandie et le pont de Tancarville. Les normands ont déjà payé pour ces ponts".
Enfin, Stéphanie Kerbarh propose de "mutualiser les transports scolaires avec ceux des personnes âgées."
Régionales 2021 en Normandie : comprendre pourquoi aller voter les 20 et 27 juin prochains
Il faut bien le dire, les normands comme tous les français n'ont pas franchement la tête à aller voter dans les jours qui viennent. Cette campagne est très loin d'eux, Covid oblige. Et elle manque de lisibilité : à quoi sert la Région vraiment ? Elle est pourtant au centre de notre quotidien.
Enfin l'été pointe le bout de son nez et c'est pour beaucoup une bonne nouvelle : avec le soleil les envies de bouger reviennent. Les terrasses sont ouvertes, les déplacements sont à nouveau possible, la vaccination avance et nous donne le droit de retourner voir la famille en week-end.
Autant de bonnes raisons qui risquent fort d'éloigner les citoyens de leur devoir de voter les 20 et 27 juin prochains, à la fois pour les élections départementales et régionales. Les observateurs le savent : le déconfinement et les projets de vacances ou de retour à une "vie normale" sont les préoccupations majeures des français au moment où on leur demande de se mobiliser pour un scrutin qui ne les intéresse que très peu.
Des élections reportées et une image de "cuisine politique"
Tout d'abord, elles n'ont pas bonne presse ces élections. Elles qui devaient avoir lieu en décembre ont été reportées difficilement, après un débat qui a tourné, non pas sur les dangers de voter en pleine crise sanitaire, mais sur l'éventuel calcul politique de l'Elysée. Une entrée en matière qui n'aura pas encouragé les électeurs à se pencher sur le débat de fond : quelle région ( ou quels départements) pour demain. Et d'ailleurs, encore une fois on mélange (avec les deux élections le même jour), département et régions, alors que ce découpage territorial est parfois confus dans la tête des électeurs.
Puis il y a eu les personnalités du parti d'Emmanuel Macron qui devaient être "envoyées" dans les régions pour porter haut l'étendard de LREM qui n'avaient jamais participé à ce scrutin.
Ainsi en Normandie, on a parlé d'Elisabeth Borne, ministre du travail. Elle-même s'est déclarée intéressée par l'idée sur l'antenne de France 3.
Il y a eu aussi la rumeur d'un Edouard Philippe prêt à partir et peut-être même se tester pour 2022... jusqu'à la publication de son livre, et ses plateaux télévisés nationaux où il s'est montré comme moins engagé dans la vie politique, préférant se concentrer sur les romans et sa ville du Havre. Ira , ira pas : c'est lassant et au bout du compte l'ancien premier ministre d'Emmanuel Macron, ancien représentant de LR et proche d'Alain Juppé ne soutient personne officiellement. "Autrefois allié de Hervé Morin, l’ancien Premier ministre n’a pas encore exprimé de soutien pour les régionales de juin. S’il se veut discret sur ses intentions, le maire du Havre mobilise néanmoins ses troupes et s’intéresse de près à l’élection, jusqu’à agacer certains marcheurs", affirme le journal de gauche Libération venu enquêter sur ces terres ces dernières semaines.
Toutefois le "politique préféré" des français se tait et ça ne mobilise pas, voire ça dessert encore un peu plus, un scrutin en mal de notoriété.
Où sont les Bruno Lemaire ou Sébastien Lecornu de l'Eure dans cette campagne ? "Le Rassemblement national est une petite chose que nous devons combattre", estimait Bruno Le Maire sur une chaîne de télévision ces derniers jours. Il n'est pas encore venu le dire aux normands, aux côtés du candidat LREM que personne ne connaît, passées les frontières de la métropoles rouennaise : Laurent Bonnaterre.
Des élections régionales 2021, on a surtout entendu parler d'accords ou de désaccords entre partis. Une petite cuisine politique qui ne donne pas une bonne image et qui inquiète, par exemple, un analyste comme Brice Teinturier, de l'institut de sondage IPSOS.
On parle beaucoup des étiquettes des candidats. La campagne pour le peu qu'elle est médiatisée tourne autour des accords entre listes. Une cuisine partisane alors qu'on a besoin d'idées fédératrices
Des candidats très peu connus
Il y a 7 candidats declarés en Normandie et au final pas de grandes têtes du gouvernement ou de la scène politique nationale, à l'exception du sortant, le centriste Hervé Morin.
Six candidats sont originaires de Seine-Maritime, aucun de Basse-Normandie. Un état des lieux qui en dit long sur la volonté des partis "d'équilibrer un territoire". Alors qu'en 2015, le PS avait poussé à l'extrème une bi-candidature de chaque côté de la Seine avec les deux ex-Présidents des ex-Régions : Nicolas Mayer-Rossignol et Laurent Beauvais.
Hormis les candidats "habitués" du scrutin et de la Région comme Sébastien Jumel, communiste et Nicolas Bay pour le RN, leur "anonymat" frappe. Connus des rouennais, Mélanie Boulanger pour le PS est, par exemple, un ovni sur des terres cherbourgeoises ou alençonnaises, pourtant socialistes.
De même l'étiquette du candidat LREM n'a rien de clair : ancien directeur de cabinet de Laurent Fabius, avec 26 ans de parti Socialiste et aujourd'hui Sans Etiquette mais reconnu par La République en Marche. Difficile de s'y retrouver devant son bulletin de vote.
Tout cela brouille les cartes pour des électeurs déjà peu passionnés par ces élections. On a eu 50% d'abstention en 2015 en Normandie comme en France. On s'attend à 55 % en 2021.
Campagne tronquée = prime au sortant ?
On a même vu une "petite" candidate, sénatrice tout de même, jeter l'éponge : l'autre centriste, de l'Orne, Nathalie Goulet, a bien pensé qu'elle allait partir. En octobre et janvier, elle était déjà sur les marchés et commençait sa campagne. Les affiches étaient prêtes, tout roulait. Mais le Covid a empêché les meetings, les embrassades et poignées de main : bref, les rencontres. "Je n'arrive pas à boucler ma liste en Seine-Maritime, la campagne est impossible, les gens ne sont pas intéressés, ils n'en ont rien à foutre d'une campagne électronique et l'avance du sortant Hervé Morin est diabolique... A quoi bon y aller ? "
Les jeux ne sont pas faits et ne le sont jamais. En Normandie, la notoriété des candidats est extrêmement faible ce qui donne un point d'avance à Hervé Morin qui est connu et qui a un bilan. Il part favori mais ça ne fait pas tout. Cet avantage n'est pas forcément décisif. Il faut savoir sur quels enjeux va se jouer l'élection. Au dernier moment un thème peut l'emporter et n'avoir même rien à voir avec les compétences du Conseil Régional
Savoir pour quoi on vote
Vous savez sur le bout des doigts à quoi sert la Région? C'est une collectivité territoriale née en 1960, d'abord uniquement circonscription administrative. Puis il y aura la loi de décentralisation du 2 mars 1982 puis la loi promulguée le 7 août 2015, portant sur la Nouvelle Organisation Territoriale de la République (NOTRe) à l'origine de la réorganisation territoriale qui a réuni la Haute et la Basse-Normandie.
Les Régions ont des compétences économiques et sont moteur pour relancer les entreprises dans cette période de crise Covid. Elles gèrent aussi les lycées (hors personnels de l'Education Nationale) et interviennent auprès des Universités pour financer certaines recherches, par exemple. Elles sont très impliquées dans la formation professionnelle des jeunes.
Elles sont aussi organisatrices des transports, notamment ferroviaires. Les compétences touchent aussi la culture, ou la santé comme les formations médicales ou paramédicales. Elles sont soucieuses de l'attractivité du territoire et gèrent des pôles d'activités, des questions de tourisme, etc. Bref, la Région est au coeur de notre quotidien, notamment pour les questions environnementales, son autre domaine d'intervention, grand enjeu des années à venir.