Un réseau de trafiquants de drogues démantelé par la police de Seine-Maritime

Après un an d'enquête, la Sûreté Départementale, basée à Rouen, a arrêté plus de 30 personnes dans différentes communes de l'Eure, du Calvados et de Seine-Maritime
 

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A l'hôtel de police de Rouen, l'état-major de la direction départementale de la sécurité publique de Seine-Maritime (DDSP 76) exprimait ce matin (vendredi 12 octobre 2018) satisfaction et fierté.
 

Les policiers complimentés par les trafiquants !

Satisfaction d'avoir, au bout d'un an d'une enquête hors-normes, réussi à arrêter (mardi dernier) des trafiquants de drogues (cocaïne, héroïne et cannabis) et fierté d'avoir reçu les compliments de…  ces mêmes trafiquants :

"Vous avez fait du bon travail, on vous félicite !" 

 

Une mobilisation importante et exemplaire

Cette affaire de stupéfiants est exceptionnelle à plus d'un titre. Tant par son ampleur que par les moyens et la procédure mis en œuvre.

C'est en septembre 2017 que la brigade des stupéfiants de la Sûreté départementale de Seine-Maritime cible un trafiquant. En janvier, une information judiciaire est ouverte, mais au printemps, les enquêteurs rouennais découvrent que le suspect est déjà pisté par les gendarmes de l'Eure, à la suite d'une commission rogatoire émise en 2016 par un juge d'Evreux.  

Avec l'appui du directeur de la DDSP 76, les policiers rouennais vont alors demander à la Justice que le magistrat ébroïcien se désaisisse du dossier au profit d'un juge de Rouen. Ce qui fut fait.

L'enquête revient alors complètement à la brigade des stups rouennaise, qui, dans le cadre d'une originale et peu banale "co-saisine",  va diriger les opérations en parfaite collaboration avec les services de gendarmerie de l'Eure et de Seine-Maritime mais aussi en faisant appel à la "force de frappe" du GIR, dont la spécialité est de lutter contre la délinquance financière avec les experts des douanes, de l'URSSAF, de l'inspection du travail et de différentes administrations comme celle des services fiscaux.

De son côté, le SRPJ (service régional de Police Judiciaire de Normandie) va apporter son expertise et son soutien, notamment dans la mise à disposition de matériel technique très performant.
 
 

Des mois d'enquête

Pendant un an, de jour comme de nuit, les hommes de la brigade des stups de la Sûreté départementale vont tous être mobilisés sur cette affaire. Partis d'un petit revendeur, ils vont patiemment, comme en déroulant un fil, remonter dans la hiérarchie d'un réseau, passant de revendeurs à semi-grossistes, puis de grossistes à donneurs d'ordres, vers le sommet de la pyramide, au niveau de la tête de réseau.

Les suspects sont localisés dans les quartiers des Hauts de Rouen, mais aussi à Pont-Audemer, à Saint-Valéry en Caux, dans l'agglomération de Caen, et dans des petites communes situées dans l'Eure et en Seine-Maritime.

Si les trafiquants sont suivis à la trace, leurs petites amies, qui "menaient un très joli train de vie" font également l'objet d'une enquête poussée quant à la provenance de leurs ressources, ce qui a permis de prouver qu'elles bénéficiaient des revenus du trafic de produits stupéfiants.

Les experts financiers vont également travailler à l'estimation et au calcul de "l'avoir criminel" notamment en s'attaquant à la façon dont les revenus, en liquide, de la vente de drogues sont recyclés dans divers "business" de blanchiment d'argent.
 

Un important coup de filet

Après un an de surveillances, de filatures, d'écoutes téléphoniques, d'analyses financières et de recoupements les policiers rouennais identifient et localisent  plusieurs dizaines de  trafiquants.  

Mardi dernier (9 octobre 2018) une grande opération d'interpellation a été organisée avec la mobilisation d'importants effectifs.
120 fonctionnaires de la DDSP 76 (la totalité des enquêteurs de la  brigade des stups de la Sûreté départementale de Seine-Maritime) avec le renfort de ceux de la sûreté urbaine du Havre et de Rouen, ont mené, avec leurs collègues enquêteurs de la Gendarmerie, des interpellations simultanées dans plusieurs communes de Normandie.  

La sécurisation de ce coup de filet étant assurée par des équipages de la BAC (Brigade Anti Criminalité) de Rouen, Caen et Dieppe, la Compagnie Départementale d'Intervention, plus  deux colonnes de la BRI en appui, sans oublier les gendarmes des PSIG de l'Eure et de Seine-Maritime.

Spécialisés dans la détection de produits stupéfiants, des chiens  de la police, de la Douane et de la Gendarmerie étaient également engagés sur cette opération.
 
 

Armes, drogue et argent

En marge de l'interpellation de 38 personnes, les perquisitions ont permis de découvrir (et de saisir) 15,5 kilos de résine de cannabis, une douzaine de kilos d'héroïne et 3 kilos de cocaïne, une somme de 40.000 euros en billets de banque et une dizaine d'armes dont 3 fusils de calibre de guerre. Plusieurs voitures de forte cylindrée ont été également saisies.
Au chapitre des véhicules, "l'avoir criminel" que représentent 5 voitures, un quad et un scooter est estimé à plus de 50.000 euros.

Le "chiffre d'affaires" de ces trafiquants est tel que leur bénéfice net est estimé, rien que sur six mois, à un montant de 500.000 euros !

Le directeur de la brigade des stups précisait ce matin à l'auteur de cet article qu'une fois arrêtés, les suspects dans les affaires de stupéfiants ont  toujours l'habitude de minimiser ce qu'ils ont fait et de donc de vouloir sous-estimer le volume de leur bénéfices. "Les sommes avouées sont parfois à multiplier par deux ou par trois".

Un exemple pour situer les choses : un gramme d'héroïne est vendu au consommateur entre 60 et 80 euros ! Il s'agit, rappelons-le, d'argent sale, dont le trafic est sévèrement puni par de très fortes amendes. En plus des 20 ans de prison, les trafiquants risquent de devoir payer jusqu'à 7,5 millions d'euros d'amendes.
Et 15 millions en cas de récidive.
 

Ils ont entre 25 et 35 ans

Les 38 personnes interpellées mardi dernier, ont, pour la plupart, entre 25 et 27 ans. Le plus âgé a 32 ans.
Quatre d''entre elles (dont des récidivistes) ont été présentées à un juge, mises en examen et placées en détention provisoire.  Pour le chef présumé du réseau, c'est ce vendredi (alors que se termine la période de garde à vue), qu'avec un sixième interpellé, il devait à son tour être mis en examen et incarcéré.

Les 32 autres personnes arrêtées mardi devant être convoquées devant le juge un peu plus tard.
 


 
 
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