Les résidents des Ehpad autorisés à sortir pour Noël : "est-ce qu'on peut s'octroyer cet écart ? Est-ce sans risque ?"

L'assouplissement des règles sanitaires est un soulagement pour beaucoup de résidents. Ils vont être autorisés à passer les fêtes en famille. Mais le confinement qui sera imposé à leur retour donne à réfléchir, sans parler du risque de contamination...

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Dans les couloirs de l'Ehpad Sainte-Anne, à la Ferrière-aux-étangs, la question revenait, lancinante il y a quelques jours encore : "est-ce que je vais pouvoir sortir pour Noël ?" Les visites hors de l'établissement étaient interdites depuis le mois de mars. Un petit matin de novembre, Léone nous confiait avec fatalisme : "Je commence à me dire que je resterai ici. J'ai des petits-enfants que je n'ai pas vus depuis quatre ans. Je me faisais une joie de les revoir. Je crois que c'est râpé".

Le ministère de la santé a manifestement entendu les suppliques. Il a décidé d'un "assouplissement des recommandations à destination des EHPAD pour les fêtes de fin d'année". "Les sorties des résidents en famille sont facilitées à titre exceptionnel (...), tout en restant encadrées afin de limiter au maximum les risques de rebond épidémique (...)". À leur retour, les résidents devront se faire tester et rester confinés dans leur chambre.

"Je suis soulagée pour eux. On a quelques résidents qui vont partir et qui acceptent d'être ensuite isolés pendant sept jours", confie Sandrine Le Baron, la directrice de l'Ehpad Saint-Anne qui compte 112 chambres. "Certains en revanche préfèrent rester pour ne pas être isolés à leur retour". Peut-être aussi pour ne pas avoir à subir un nouveau test ? Dans beaucoup d'établissements, les campagnes de dépistages sytématiques menées lorsque que des cas de Covid étaient avérés ont été traumatisantes.

 

La crainte de nouvelles contaminations

Au Mesnil-Guillaume, près de Lisieux, dans le Calvados, l'Ehpad Saint-Marie "n'a pas arrêté de décision". Cet établissement privé qui dépend du groupe Renaissance accueille 21 résidents. "On va voir avec les familles, précise Séverine Poulvelarie, la responsable de l'établissement. Il faut quand même expliquer que le retour ne sera pas évident. Il y aura un test antigénique le premier jour, un isolement dans la chambre et un test PCR quatre jours après". En croisant les doigts pour qu'il ne soit pas positif...

Le ministère de la Santé recommande  aux proches de se faire tester avant le rassemblement familial tout en rappelant "qu’un test négatif n’exonère pas d’un strict respect des autres mesures de prévention (gestes barrières, distanciation, aération…)". Mais dans l'euphorie des retrouvailles, est-il vraiment possible de garder ses distances ? "Ce n'est pas qu'on n'a pas confiance, mais on sait que les personnes âgées ont besoin du toucher, du contact, explique Séverine Poulvelarie qui s'interroge aujourd'hui sur le bien-fondé de ces sorties : est-ce qu'on peut s'octroyer cet écart-là ?"

Le souvenir encore vivace des jours passés à combattre le virus tient du cauchemar. À l'Ehpad Sainte-Anne, onze résidents ont été contaminés au mois de septembre. L'un d'entre eux en est mort. Pendant trois semaines, chacun a dû garder la chambre nuit et jour, et le personnel devait revêtir une tenue étouffante. Au Mesnil-Guillaume, les six résidents contaminés cet automne étaient asymptomatiques, "mais tout le monde est resté dans les chambres, sinon ça se propage très vite".

"Notre rôle est d'accompagner les personnes en fin de vie, mais pas dans ces conditions, ajoute Séverine Poulvelarie. "Les familles savent que nous faisons tout pour protéger nos résidents. Au mois de mars, nous nous sommes confinées avec eux pendant quatre semaines. Aujourd'hui, il est peut-être plus prudent d'éviter ces sorties. Peut-être faut-il attendre des jours meilleurs ?"

En attendant, les visites sont autorisées, même le jour de Noël, dans les conditions habituelles : sur rendez-vous, une à deux personnes à la fois, dans le hall d'accueil de l'Ehpad Sainte-Anne ou dans la salle d'activité de l'Ehpad Sainte-Marie. Il n'est toujours pas question d'accueillir les familles dans les chambres où la tentation d'une étreinte ou d'une caresse serait trop forte. Triste époque.

 

 

 

 

 

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