Les accidents du travail sont en constante augmentation en Normandie. Tout comme les maladies professionnelles. Des chiffres supérieurs à la moyenne nationale.
140 accidents du travail par jour en Normandie
Les chiffres sont éloquents. On a compté en Normandie 32 162 accidents du travail (633 230 en France) en 2015, soit 140 par jour, dont 2 217 avec incapacité permanente (10 par jour) et 25 décès.Le nombre d’accidents de trajet avec arrêt s’élève, quant à lui, à 3 691 (16 par jour et 10 décès) la même année (86 229 en France). Des chiffres issus d’une étude de la Carsat, représentant l’assurance maladie risques professionnels, qui a été menée auprès de 100 000 établissements normands comptabilisant 860 000 salariés.
Une hausse régulière
Depuis trois ans, la courbe reste croissante avec un taux de fréquence des accidents avec arrêt en hausse de 1,9 % (32 033 en 2014, 31 589 en 2013). "En soixante-dix ans, le nombre d’accidents a été divisé par 4", tempère Arnaud Asselin, directeur des risques professionnels à la Carsat. "Au-delà des tragédies humaines, nous sommes sur de petits chiffres d’une année sur l’autre. Il faudra attendre encore un ou deux ans pour savoir si nous sommes dans un épiphénomène ou sur une tendance inverse".Plus d'accidents graves
Parfois les mauvaises nouvelles n’arrivent jamais seules. A l’augmentation du nombre d’accidents de travail s’ajoute une progression de leur gravité depuis 3 ans.En 2015, un salarié a bénéficié de 2,52 journées indemnisées contre 2,26 en 2013. Même hausse pour la durée moyenne des arrêts : 68 jours en 2015 contre 62 jours en 2013.
L'industrie et la chimie plus touchées
On se blesse davantage dans l’industrie, dans la filière de la chimie, du bois, papier, carton, textile, vêtement, pierres, ameublement et commerce non alimentaire. "Cela tient à la structure de l’emploi de la région. La Normandie compte beaucoup d’emploi industriel", explique Arnaud Asselin.En revanche, le taux de fréquence des accidents avec arrêt a diminué en 2015 dans la métallurgie, les transports.
Baisse significative également le BTP (Bâtiment et travaux publics) qui demeure néanmoins le secteur d’activité le plus accidentogène avec un indice de gravité le plus élevé. Il y a toujours selon Arnaud Asselin "des chutes de hauteur. Des personnes passent à travers des toitures, tombent des échafaudages, se font renverser par des engins ou sont ensevelies dans des tranchées. Cela reste des accidents très classiques malgré les actions de prévention. Jusqu’à présent, il n’y a pas d’accident dans la filière énergie marine parce que nous travaillons depuis le début avec les entreprises. Nous les accompagnons régulièrement".
Les chiffres par départements
- Les accidents du travail avec arrêt
Sur trois ans, la Seine-Maritime fait figure de mauvais élèves avec une croissance de 6,3 %.(+ 1,5 % dans le Calvados et– 1,1 % dans l’Eure, – 4,1 % dans la Manche et–5,2 % dans l’Orne).
- Les accidents de trajet avec arrêt
Forte hausse également dans l’Orne (+ 27,8 %) et en Seine-Maritime (+ 36,7 %). Sur trois ans, les taux dans ces deux catégories sont à la baisse dans toute la Normandie.
Maladies profesionnelles au-dessus de la moyenne nationale
La santé au travail, c’est aussi les maladies professionnelles. En 2015, la Carsat en a compté en Normandie 3 446, soit quatre maladies pour 1 000 salariés, un indice de fréquence supérieur à celui observé en France (2,3 ‰).Un taux qui décroît de 12 % cependant depuis 2011. Les salariés sont surtout touchés dans les industries du bois, du papier-carton et du textile, le BTP, la métallurgie, la chimie, le caoutchouc, la plasturgie et les industries de l’alimentation.
Ils souffrent pour les trois-quarts d’entre eux de troubles musculo-squelettiques avec notamment le développement des emplois à domicile.
L’amiante fait toujours des ravages
Les maladies professionnelles liées à l'amiante sont deux fois plus importantes qu’au niveau national (15 % en Normandie contre 7 % en France). Les risques psycho-sociaux sont de plus en plus fréquents. Ils peuvent être induits par l’activité professionnelle ou générés par l’organisation et les relations au travail et entrainent des maladies cardio-vasculaires, des troubles anxio-dépressifs, des épuisements, des suicides.Accidents du travail et maladies professionnelles ont un coût qui est aussi en augmentation : + 2,7 en 2015 par rapport à 2014, et + 2,3 % sur trois ans. Il atteint 448 millions d’euros