Avec 292 médecins pour 100 000 habitants, toutes spécialités confondues, la Normandie est la deuxième région de France qui présente les indicateurs de densité médicale les plus défavorables. La Région a voté ce 26 juin un vaste plan d'actions.
"La santé est normalement une compétence de l'Etat mais la Normandie compte tellement de retard en la matière que nous avons décidé de nous engager" explique Hervé Morin, à l'issue de l'Assemblée plénière de la Région.
"Quand il n'y a qu'une seule douche pour un service de cardiologie. Quand on utilise du sparadrap pour éviter que l'eau ne tombe dans les chambres, on ne peut pas imaginer l'état de certains hôpitaux, notamment les plus petits, les condtitions de travail des personnels et les conditions d'accueil des patients" poursuit le président de la Normandie. Or, l'élu en est persuadé, si les conditions de travail sont meilleures, la région aura plus de chances d'accueillir des professionnels de santé.
200 millions d'euros pour favoriser l'accès aux soins
Depuis 2021, la Région a choisi de débloquer 200 millions d'euros pour moderniser les établissements de santé, développer la formation des personnels soignants et accompagner l’innovation et la recherche.
Un financement qui s'ajoute à celui de l'Etat d'un montant de 255 millions d'euros, à l'issue du Ségur de la santé. "C'est un choix unique en France" réaffirme Hervé Morin, dont il espère les premières grandes réalisations dès 2025.
Au total, une quinzaine d'établissements sera agrandi, rénové ou reconstruit. d'ici à 2030 Des plus grandes structures comme le CHU de Rouen aux hôpitaux de proximité comme ceux de Pont-Audemer, Villedieu, Eu ou l'Aigle.
Développer la formation des soignants
L'enveloppe débloquée par la Région pemettra également de développer la formation des personnels soignants. "La Normandie compte désormais deux facs dentaires, une à Rouen depuis 2022, et une à Caen depuis cette année" détaille Hervé Morin.
Une avancée importante puisque la Normandie est la région la plus dépourvue avec 42 chirurgiens-dentistes pour 100 000 habitants contre 63 en moyenne sur le territoire national. Pour atteindre la moyenne nationale, 800 professionnels supplémentaires seraient nécessaires, notamment dans l'Eure et l'Orne, les départements les plus mal lotis.
Un nouvel institut de formation aux soins infirmiers verra également le jour à Cherbourg-en-Cotentin en 2025.
Et la médecine de ville ?
Ces investissemenets suffiront-ils à enrayer la crise traversée par l'hôpital public en Normandie comme ailleurs en France ? Difficile de le prédire.
A quelques jours des vacances d'été, la situation s'annonce encore très tendue. Dans la Manche, dès le 3 juillet, l'accès aux services d'urgence sera régulé dans l'ensemble du département. Tous les patients devront donc obligatoirement appeler le SAMU avant de pouvoir être pris en charge à l'hôpital.
Une crise que le directeur de l'Agence régionale de Santé tentait de dégonfler au micro de nos confrères de France Bleu. "L'été, depuis toujours, c'est un moment plus compliqué que les autres. Les plannings sont plus difficiles à construire. [...] Et en fait, depuis deux étés, on sait que la situation est encore plus difficile, donc on a une boîte à outils avec un ensemble de solutions" a expliqué ce lundi 26 juin Thomas Deroche.
"Ce qui se passe dans la Manche n'est pas une restriction. En réalité, c'est de demander à la population de faire l'effort d'appeler d'abord le Samu pour se faire orienter, pour avoir la bonne solution à son besoin, c'est-à-dire ne pas forcément aller aux urgences si ce n'est pas nécessaire et pouvoir être orienté vers un médecin libéral, vers un cabinet qui fait du soins non programmé couramment" a poursuivi le patron de l'ARS Normandie.
Encore faut-il pouvoir trouver un médecin de ville. Et là encore, la Normandie ne fait pas partie des bons élèves. En 10 ans, la région a perdu près de 500 généralistes libéraux d'après la Direction de la Recherche, des Etudes, de l'Evaluation et des Statistiques.