Les cours d’eau et les nappes souterraines accusent de lourds déficits. Particulièrement en Seine-Maritime. Les débits inquiètent vivement en cette fin de printemps puisque beaucoup ont atteint leurs seuils d’alerte il y a de cela déjà plusieurs semaines.
En Normandie, il n’a pas suffisamment plu cet hiver. Et ce ne sont pas les épisodes pluvieux futurs qui vont améliorer la situation. Conséquence : les cours d’eau et les nappes souterraines ont atteint des seuils de vigilance ou d’alerte voire de crise.
Situation plus préoccupante en Seine-Maritime
"Les trois quarts du département sont concernés". Dans l’ex-Basse-Normandie, c’est différent parce que les trois départements ont reçu davantage de pluie pendant l’hiver", constate Marie-Laure Giannetti, adjointe au responsable de la mission d’animation de la délégation interservice de l’eau et de la nature à direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) en Seine-Maritime.Les rivières accusent quasiment toutes une forte baisse de débits moyens depuis la deuxième quinzaine d’avril, un mois particulièrement sec. Une diminution qui approche les 50 % sur l’ensemble de la région (- 15 % en mars 2017). Les cours d’eau du massif armoricain (Souleuvre, Vire, Drôme, Rouvre...) ont été les plus touchés. Ceux de la zone de l’Austreberthe, de la Pointe de Caux et de lafaçade maritime sont passés en situation de crise. "Le Commerce connaît un niveau inquiétant depuis janvier. C’est inédit. Son débit n’a jamais été aussi faible. On a constaté un seuil inférieur à 20 % par rapport à celui observé en avril 1997, une année déjà très sèche", indique Marie-Laure Giannetti.
Quant aux nappes souterraines, les chiffres sont tout autant alarmants. Certaines n’ont bénéficié d’aucune recharge durant l’hiver. Les niveaux restent alors en dessous des normales de saison.
Là encore, la Seine-Maritime est le département le plus touché. Notamment le pays de Caux et sa bande côtière.
Jusqu’à –86 % par rapport à la normale
Des situations qui ne cessent de se détériorer de mois en mois puisque la pluviométrie reste déficitaire. Depuis le début de l’année hydrologique, septembre 2016, les indicateurs sont dans le rouge. Ces derniers huit mois, le niveau des pluies est inférieur de 25 à 50 % par rapport à la normale en Normandie (- 40 % à Alençon, – 32 % à Rouen et au Havre, – 27 % à Dieppe, – 26 % à Evreux, – 23 % à Caen). En avril 2017, il a seulement plu entre 5 et 50 mm dans la région. Le déficit mensuel dépasse les 70 % dans le sud-est de l’Orne et sur la côte en Seine-Maritime. Il atteint 86 % à Dieppe, 77 % à Alençon, 75 % au Havre, 60 % à Rouen et à Evreux, 23 % à Caen. Est ce n’est pas fini. "Selon Météofrance, la probabilité d’avoir des températures hautes et des chutes de la pluviométrique ces prochains mois est de 50 %. Nous risquons d’avoir chaud cet été et la sècheresse va perdurer", remarque Marie-Laure Giannetti. Il va falloir attendre au moins l’automne.Même avec de la pluie, il y a peu de chance que la tendance s’inverse. Pendant l’été, les épisodes pluvieux ne peuvent être "efficaces". "Les nappes souterraines qui alimentent les cours d’eau peuvent se recharger seulement jusqu’au mois de mars. Pendant l’hiver, l’eau peut ruisseler et s’infiltrer dans le sol. Après cette date, la végétation reprend sa place et pompe l’eau", explique Marie-Laure Giannetti. Il faut donc espérer un hiver avec beaucoup de pluie pour éviter une nouvelle sècheresse l’année prochaine.