Seine-Maritime : près de 1500 renards risquent d'être abattus d'ici la fin de l'année

Un arrêté préfectoral autorise l'abattage de 1453 renards en Seine-Maritime. L'arrêté est soumis à une consultation publique et les Français peuvent donner leur avis sur la question jusqu'au 16 juin 2020.

Pour ou contre la chasse aux renards ? Les Normands sont mis à contribution pour répondre à cette question jusqu'au 16 juin 2020. En Seine-Maritime, un arrêté préfectoral qui autorise la chasse de plus de 1450 renards entre juillet et décembre 2020 est soumis à une consultation publique. 

Vous pouvez donner votre avis par mail à l'adresse ddtm-srmt-bnfdr@seine-maritime.gouv.fr en mentionnant dans l'objet de votre mail "consultation sur la régulation du renard en tirs de nuit par les lieutenants de louveterie de la Seine-Maritime de juillet à décembre 2020".

Reportage Julie Howlett et Stéphane L'Hôte / France Télévisions

Des risques pour la santé

La préfecture justifie cette décision par "l'importance et la dynamique des populations de renards", le "risque de propagation de maladies transmissibles à l'homme" et la "nécessite de protéger les éleveurs avicoles du département".

Les risques sanitaires redoutés par les autorités sont principalement la propagation de l'échinococcose, une maladie provoquée par un ver et transmise à l'homme par le renard, le chien et plus rarement le chat. Les piégeurs de renards interviennent régulièrement pour protéger de ce risque. 

Si demain un salarié attrape l'échinococcose alvéolaire et qu’il peut prouver que c’est dû à la population de renards, il peut y avoir des conséquences. Pour les particuliers, le risque d'attraper cette maladie qui met jusqu'à 10 ans d'incubation est surtout pour les enfants qui jouent dans le jardin ou pour (les particuliers) eux-mêmes. 
Rémi Guérinot, piégeur agréé national

"Un fantasme"

Une explication qui laisse le porte parole de l'Association de protection des animaux sauvages (ASPAS), Marc Giraud, pour le moins perplexe. 

C'est un fantasme. L’échynococose n’existe que dans quelques départements. C’est une maladie qui est guérissable, il y a peu près 15 cas par an et on a beaucoup plus de risques de se faire lécher par son chien que par un renard.
Marc Giraud, porte parole de l'ASPAS

Il réfute par ailleurs l'idée selon laquelle les renards se reproduiraient à l'infini et pourraient-être une menace pour l'espèce humaine.

La pullulation d’un carnivore est impossible scientifiquement, c’est encore une aberration ! Vous n’imaginez pas une savane avec plus de gazelles que de lions... les lions mourraient automatiquement de faim ! C’est exactement pareil entre les renards et les rongeurs. Les renards ne sont là que quand il y a des rongeurs et quand il n’y a plus de rongeurs, il n’y a plus de petits. C’est ce qu’on appelle la loi de la nature, les populations de renards s’autorégulent. Il y a donc un nombre maximum de renards qui ne peut être dépassé. 

 

Des recours en justice

Pour lui, la protection des renards passe avant tout par des recours en justice. Il a notamment obtenu l'annulation d'un arrêté dans la Somme. En mars 2020, l'association ASPAS a saisi le tribunal administratif de Rouen pour demander la suspension de l'arrêté pris en février.

"On a déjà attaqué et on gagne souvent. Le problème c’est qu’avec la lenteur de la justice les renards ont la plupart du temps déjà été tué", regrette-t-il.

Toutes ces chasses aux renards n’ont pas de justification, ni scientifique, ni éthique, ni esthétique. Le renard est un animal sensible et intelligent, c’est un bel animal, joyau de notre patrimoine. La réalité c’est que quand les chasseurs déclarent un animal nuisible, ils (ont l'autorisation de) le chasser toute l’année, c’est l’unique raison pour lesquelles ils invoquent des raisons sanitaires.

Le porte-parole de l'association promet qu'il continuera à "attaquer d'office" chaque arrêté autorisant la chasse aux renards.

 

 

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