"50 centimes pour aller au travail", cette collectivité subventionne ses covoitureurs

La communauté de communes Cœur de nacre participe aux frais de covoiturage de ses administrés. Une quasi-gratuité destinée à encourager la pratique sur les courts trajets, ceux entre domicile et travail ou lieux de loisirs. L’expérience a déjà été tentée à Rouen avec succès.

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Éviter les embouteillages et se rendre au travail pour 50 centimes, c’est tentant. C’est fait pour la communauté de communes Cœur de nacre. Située à Douvres-la-Délivrande, elle propose depuis quelques jours à ses 20 000 habitants de se déplacer en covoiturant. La collectivité absorbe 75% du coût du trajet.

Covoiturer pour 50 centimes d'euros, la solution aux bouchons et à la pollution ?

"On a souhaité répondre à deux problématiques : celle de la congestion et celle des émissions de CO2. Nous sommes situés au nord de Caen, et des études sur le déplacement montrent l’importance des flux pendulaires, concentrés aux heures de pointe le matin et en fin d’après-midi. Or cela pourrait être évité" constate Nathalie Heurtevent, responsable des politiques environnementales et de la mobilité.

Combien ça coûte de covoiturer ?

Covoiturer via une application réservée aux courtes distances, en moyenne entre 2 et 20 kilomètres, ça peut faire réfléchir… Pour lâcher les freins et passer à l'acte, le prix est mis en avant. Selon l’élue, "il est plus difficile d’abandonner sa voiture que d’être conducteur. Nous avons donc voulu rendre avantageux le dispositif pour les passagers. Ils ont à payer 50 centimes sur les 2 euros touchés par le chauffeur. Lui aussi y trouve son compte, cela contribue à payer ses frais."

D’ailleurs, moins utiliser sa propre voiture permet aussi d’économiser sur les frais d’usure et d’entretien qui représentent 1700 euros par an en moyenne.

Comment être sûr de trouver un covoitureur ?

Pour cela, il faut beaucoup d’inscrits sur la plate-forme choisie. En l’occurrence Blablacar Daily (qui a fusionné avec Klaxit, déjà utilisé par d’autres collectivités). Plus les covoitureurs sont nombreux, plus les horaires et créneaux disponibles augmentent - logique. "Nous avons relevé 1500 habitants enregistrés sur le site, alors en théorie la masse critique est déjà atteinte pour permettre un maximum de souplesse en termes d’horaires", précise l’élue de Cœur de nacre.  

Et si un trajet retour est annulé à la dernière minute ? "Le passager est garanti d’être ramené chez lui, un service de taxi peut prendre la relève", assure Nathalie Heurtevent.

Comment éviter les abus ?

Certains conducteurs imaginent peut-être gagner une belle somme à la fin du mois en accumulant les covoiturages. En prenant à bord trois passagers par jour, aller et retour pendant 5 jours, le calcul est vite fait : à 12 euros par jour, le conducteur pourrait toucher 240 euros, voire plus si le nombre de trajets quotidien est démultiplié. "Pour éviter cela, nous avons fixé un plafond : au maximum le chauffeur pourra toucher 150 euros par mois. Ce n’est ni un métier ni une rémunération. Ce mode de déplacement ne doit pas entrer en concurrence avec les autres."

À Rouen Métropole, le covoiturage victime de son succès ?

Rouen fait figure de modèle. Le covoiturage pour les trajets domicile-travail est gratuit pour les passagers. Du moins pour ceux qui covoiturent pour moins de 30 kilomètres. Rouen Métropole prend à sa charge le coût de ces trajets, en versant à la plateforme Klaxit une subvention.

Si l'on observe les chiffres, le succès a été fulgurant : après une phase d’expérimentation en 2021, le nombre de passagers transportés est évalué à plus de 72 000 personnes rien que pour le mois d’avril dernier, selon l’observatoire national du covoiturage au quotidien.

La métropole a dû revoir à la baisse son soutien financier en février dernier : au lieu de financer les 2 ou 4 euros versés au conducteur, désormais 1,50 et 3 euros sont pris en charge.

Reste néanmoins que certains ont pu profiter du système. Nos confrères du Journal d’Elbeuf ont tenté l’expérience et constaté qu’il était possible, via l’utilisation de plusieurs téléphones, de gagner des centaines d’euros sans réellement covoiturer…

"De notre côté, à Coeur de Nacre, le budget est plafonné à 24 000 euros de subventions", précise Nathalie Heurtevent. "Nous avons estimé pour le moment que notre initiative pourrait faire économiser 5000 trajets par an, c’est autant de pollution évitée. On espère vraiment changer les habitudes des habitants. On verra d’ici un an si cela a marché".

Selon l’Observatoire normand des déplacements (ONDE), "un salarié automobiliste qui habite à 30 km de son lieu de travail et qui covoiture quotidiennement en alternance avec un voisin ou un collègue économise près de 2 000 € chaque année." L’argument a de quoi faire réfléchir quand le prix du carburant s'envole.

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