En visite à Dieppe (Seine-Maritime) avec le pilote de Formule 1 Esteban Ocon, le ministre de l'économie a salué le symbole du haut de gamme français d'Alpine tandis que le directeur général de Renault annonçait la fabrication prochaine d'un SUV électrique.
Quelque chose a changé à Dieppe depuis le 28 janvier 2022. Avenue de Bréauté, sur la façade de l'usine Alpine, une nouvelle enseigne a été apposée et on peut désormais y lire "Manufacture Alpine Jean Rédélé".
Le mot manufacture, symbole de savoir-faire et de qualité, est associé au nom du créateur de la célèbre voiture de sport, Jean Rédélé, dont on va célébrer à Dieppe en mai 2022 les cent ans de la naissance avec un rassemblement de mille Alpine.
Avant cet hommage, l'année 2022 a débuté par la visite à Dieppe de Luca de Meo, directeur général de Renault, qui a annoncé qu'un nouveau modèle Alpine, un SUV électrique haut de gamme, sera construit dans l'usine dieppoise en 2025.
En partenariat avec plusieurs grands groupes français (tels que Thales ou Dassault Systèmes) Renault veut se moderniser, préparer la digitalisation et la transition écologique afin d'affronter ses concurrents allemands et asiatiques a expliqué le DG du constructeur français. Et dans cette perspective, l'usine dieppoise a un rôle à jouer :
"L'opportunité qu'Alpine donne, c'est de tirer par le haut tout le système. Pour moi, chez Alpine, on doit avoir la crème de la crème du groupe. Une aspiration que l'on doit donner aux gens qui travaillent sur les autres produits, sur les autres marques. C'est un bon exemple."
"Je pense qu'on a une idée pour sortir Alpine d'un marché qui est très petit, et on la projette dans le futur parce qu'on va faire que de l'électrique avec Alpine."
Luca de Meo, directeur général de Renault, à Dieppe le 28 janvier 2022
La perfection
Luca de Meo, qui a fait le choix de maintenir l'activité de Renault en Formule 1, et d'y courir sous le nom d'Alpine, est persuadé que "l'extrême de la performance" est un signal envoyé à tous les salariés du groupe Renault. Avec la fabrication d'un nouveau modèle dans l'usine de Dieppe, il veut toucher une clientèle plus large qu'avec l'actuelle A110 et envisage de multiplier la production par 10, "voire par 20 si on est capable de faire un produit qui est au niveau."
Mais d'ici 2025, et avant de savoir à quoi va ressembler le futur SUV électrique Alpine, il va falloir miser sur la qualité a précisé le directeur général de Renault, mettant la pression sur les salariés de l'usine dieppoise :
"On va jouer, comme en Formule 1, dans la cour des grands. Ce qui veut dire qu'on va se friter, qu'on va être en compétition avec des monstres sacrés et qu'on va s'adresser à une clientèle de passionnés, des gens qui savent très bien faire la différence entre quelque chose qui est vraiment bien et ce qui ne l'est pas ; des gens capables de regarder le détail… Donc moi, et je m'adresse aux gens de Dieppe : ce que je peux vous demander, c'est, au minimum, la perfection."
Esteban Ocon découvre l'usine Alpine de Dieppe
Originaire d'Evreux (Eure), le jeune pilote (il a 25 ans) de Formule 1 d'Alpine F1 Team était présent à Dieppe le 28 janvier 2022 avec le directeur général de Renault et le ministre de l'économie. En visitant l'usine où sont fabriquées les A110, des salariés lui ont dit qu'ils étaient très honorés de le voir défendre les couleurs d'Alpine à travers le monde, sur les circuits de de Formule 1.
C'est la première fois que le pilote normand découvrait l'usine, comme il l'a expliqué à notre journaliste Grégory Archiapati : "c'est une grande fierté, je suis heureux de voir ça. Alpine c'est le savoir-faire français, le savoir-faire normand aussi. On ne peut être que fier que de pouvoir travailler pour cette marque."
"Alpine cela représente l'histoire, c'est une marque légendaire pour le sport automobile dans le monde."
Esteban Ocon, pilote de Formule 1
Alpine, site industriel symbolique
La fabrication des voitures Alpine avait cessé en 1995. Elus locaux et passionnés de sport automobile avaient finalement obtenu la renaissance de la marque avec l'A110, dont la production avait été inaugurée en décembre 2017 par Carlos Ghosn (alors PDG de Renault) et Bruno Le Maire.
En revenant, en janvier 2022, à Dieppe, le ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance, a évoqué le cas de l'usine Alpine en 2017, qui, même avec l'A110 était menacée et a failli fermer :
"Il y a quatre ans, le site était quasiment condamné. On m'expliquait que ce n'était pas rentable, qu'il n'y avait pas assez de voitures, et que dans le fond, ce type de véhicule ce n'était pas fait pour la France... Nous nous sommes battus. Pour moi il était impensable que ce site ferme, et cela a été des années de négociations, et maintenant on a un site industriel qui a des perspectives devant lui extrêmement positives."
Citant des produits de l'industrie française qui s'exportent comme ceux du luxe avec la mode ou le parfum, mais aussi de l'aéronautique avec Airbus, Bruno Le Maire défend l'idée que "l'excellence française" peut aussi concerner l'industrie automobile : "Ici, à Dieppe, nous avons l'exemple et le symbole que la France est capable de faire du haut de gamme, voire du très haut de gamme, et de réussir aussi bien que nos voisins allemands. Et je crois que, de ce point de vue-là, on tourne la page des années de résignation où nous disait la France ne sait pas faire."
Jean Rédélé (né en 1922) a créé Alpine en 1955 en produisant des voitures de sport sur une base mécanique Renault. En 1969, une nouvelle usine est construite. En 1972 une grève fragilise l'entreprise, Renault entre ensuite au capital et en 1978, Jean Rédélé quitte Alpine.