Les marins pêcheurs continuent leur combat pour alerter l'opinion sur les menaces qui pèsent sur leur profession. A Dieppe et au Havre, les ports sont bloqués. L’objectif est d'arrêter l’approvisionnement en poissons pour les particuliers et les professionnels.
Les pêcheurs sont en colère et le font savoir depuis le début de la semaine. Dans le catalogue de la grogne sociale, les contestations des marins pêcheurs pourraient avoir très prochainement des conséquences dans nos assiettes et chez les restaurateurs.
C’est déjà le cas à Dieppe (Seine-Maritime) où la criée est fermée jusqu’à nouvel ordre. Les restaurateurs et vendeurs comprennent et certains sont même solidaires. C'est le cas de Sophie Ponchelle, responsable d'un commerce de gros de poissons, elle tient à continuer à s'approvisionner localement : "du poisson, il y en a encore en Bretagne, sur Boulogne, sur Rungis donc si je voulais je travaillerais et je me ferais réapprovisionner tous les jours". Mais son enseigne est fermée depuis mardi.
Au Havre (Seine-Maritime), environ 60 bateaux ont bloqué le port jeudi 30 mars 2023. Des chalutiers avec des "étendards" affichant les raisons de leur colère : zones Natura 2000, gasoil, éoliennes en mer.
"C'est la mort de la pêche artisanale"
Parmi les soutiens politiques des pêcheurs, on compte les députés communistes Jean-Paul Lecoq et Sébastien Jumel. L’ancien maire de Dieppe était à leurs côtés sur les quais jeudi. Il envisage d’affréter des bus pour que les marins puissent se rendre à Bruxelles pour témoigner de leur mécontentement.
A l'Assemblée Nationale, Sébastien Jumel a réaffirmé sa détermination : "si cette mesure technocratique de Bruxelles s’applique : l’interdiction de pêcher en zone protégée, c’est la mort de la pêche artisanale. Alors que pendant ce temps-là, les pêcheurs néerlandais avec les bateaux usines laminent nos fonds. Et grâce au Brexit les Anglais continuent à pêcher comme si de rien était. L’État français doit porter la voix de la France auprès de la Commission européenne. C’est une question de survie pour les pêcheurs," expliquait le député e la sixième circonscription de la Seine-Maritime.
75% des produits de la mer vendus en France sont pêchés dans d'autres pays. Chez nos voisins Bretons, les professionnels de la mer sont allés dans les grandes et moyennes surfaces (GMS) de l'agglomération de Lorient (Morbihan) qui n'achètent pas leur poisson à la criée, pour surveiller "qu'ils jouaient le jeu de cette journée filière morte." Reste une question : y-aura-t-il du poisson sur nos étals pour le 1er avril ?