Il y aura peu de poisson frais pêché ce week-end. Toute la filière manifeste pour 48 heures à l'appel du comité national des pêches. Le port du Havre est le point de ralliement en Normandie, 2e région française pour la pêche maritime.
Cédric, pêcheur havrais qui manifeste à bord de son navire résume la situation : "On ne voit pas le bout, on est restructuré de partout. Les aides, ce n'est pas ça qu'on veut, on veut travailler".
Une soixantaine de chalutiers est arrivée jeudi matin, avec des "étendards" affichant les raisons de leur colère : zones Natura 2000, gasoil, éoliennes en mer… L'avant-port, et le chenal sont bloqués.
Un rond-point devant la direction du port est bloqué. Des monceaux de coquilles Saint-Jacques vides ont été déversés.
La coquille Saint-Jacques, c'est l'emblème de la pêche normande. Mais un pêcheur veut que le grand public sache "On parle beaucoup de la coquille, de ce qui va bien mais pas de ce qui ne va pas." Et ajoute : "C'est la fin du métier, on nous interdit de pêcher dans la bande des 12 milles, et il n'y a plus d'espèces qu'on puisse travailler l'été."
La Normandie compte environ 600 navires de pêches, qui emploient plus de 2000 marins.
De nouvelles zones de restriction de pêche et de nouveaux quotas
Les professionnels dénoncent des "réglementations européennes inadaptées", notamment l'interdiction de la pêche de fond dans les aires marines protégées d'ici 2030.
Le Conseil d'État a aussi imposé, d'ici à six mois, la fermeture de certaines zones de pêche en Atlantique afin de préserver les dauphins dont les échouages se sont multipliés dans le golfe de Gascogne.
75% des produits de la mer vendus en France pêchés dans d'autres pays
Les pêcheurs réclament le paiement des aides gazole, dont "certaines n'ont pas été versées depuis six mois", et l'harmonisation des règles de contrôle des pêches comme de sécurité des navires en France, où un mille-feuilles administratif complexe paralyse les investissements faute de visibilité. En un mot, ils s'insurgent contre le "désengagement" de l'Etat.
Le constat est amer alors que la flotte française a déjà diminué de plus d'un quart en 20 ans et que la pêche nationale ne représente que 25% du poisson vendu sur les étals.
La filière a fait part de sa colère au président Emmanuel Macron, dans une lettre ouverte envoyée la semaine dernière et réclament depuis d'être reçus par le chef de l'État.
Avec AFP