Ils pourraient ouvrir leurs officines dès le dimanche 12 décembre pour vacciner contre le Cvoid-19. Epuisés, la plupart des pharmaciens normands ne l’envisagent pas. Reportage à Dieppe.
Entre la sonnerie du téléphone, le carillon annonçant une livraison et le ballet des clients, il y a de l’agitation à la pharmacie Janval ce samedi 10 décembre. Depuis la crise sanitaire, de nouvelles tâches ont vu le jour pour les personnels de pharmacie. Tests de dépistages du Covid, supervision d’autotests, vaccination… Cette accumulation de missions crée beaucoup de fatigue pour les équipes.
L’arrêté du 6 décembre publié au Journal officiel de la République française stipule que « considérant que, pour assurer la couverture vaccinale de l'ensemble de la population, […] il y a lieu de favoriser l'ouverture des lieux de vaccination, y compris les dimanches et jours fériés ». Les pharmacies sont donc invitées à ouvrir le dimanche pour accélérer la vaccination contre le Covid-19. Pas envisageable pour la majorité des pharmacies normandes.
Fatigue générale
« Notre équipe est fatiguée. On nous demande toujours plus. On est très impliqués au niveau de la population, mais le temps n’est pas extensible », confie Coralie Soussan, pharmacien titulaire dans cette officine depuis quatre ans.
« Fatigués », c’est le mot qui revient aussi à la Grande Pharmacie au centre-ville de Dieppe. « On est fatigués, stressés. On est dans le flou quotidien… Quelle annonce va tomber le jour-même. On apprend les informations en même temps que tout le monde à la télé », révèle Marie Gillé, préparatrice en pharmacie.
Ici, une vingtaine d'autotests est réalisée chaque jour. Si le patient fait lui-même les manipulations, les préparateurs et pharmaciens supervisent l’opération du début à la fin. Une tâche qui demande en moyenne une vingtaine de minutes. Vingt fois vingt… Cela fait donc presque sept heures de travail dans la journée, rien que pour les autotests.
Évolution du métier de pharmacien
Avec la multiplication des tâches liées au Covid-19, les pharmaciens ont moins de temps pour effectuer leurs missions premières comme la prévention, le diagnostic et surtout le traitement et le suivi des patients.
« C’est du temps qui va être pris au détriment de quelqu’un qui vient pour un conseil de diabète, de tension, ou pour une surveillance », déplore le pharmacien, avant d’ajouter, « on est quand même le dernier rempart entre le médecin et le patient. Une fois qu’il rentre à la maison avec son traitement, il faut qu’il sache comment le prendre. »
Difficultés à recruter
Pour faire face au débordement, les pharmacies tentent d’embaucher, en vain. « J’ai mis une annonce il y a un mois pour recruter un ou une préparatrice. Je n’ai eu aucun appel, aucune réponse. J’ai eu personne, encore aujourd’hui je sollicite pour recruter », se désespère la pharmacie Janval.
« C’est pas faute de chercher, de mettre des annonces partout, notamment sur les réseaux sociaux. Mais aucun poste n’a été pourvu pour l’instant », ajoute la Grande pharmacie.
Des doses de vaccin au compte-gouttes
En plus d’un manque d’effectif, les pharmacies font face à un nombre de doses de vaccin insuffisant pour répondre à la demande. Pourquoi donc ouvrir le dimanche si le reste de la semaine il manque déjà des doses ?
« Ce n’est pas qu’on ne veut pas le faire, c’est qu’on ne peut pas ».
Marie Gillé, préparatrice en pharmacie
« On ne reçoit pas de flacons. Ni Pfifer ni Moderna. Donc vacciner le dimanche n’est pas du envisageable pour l‘instant. Ce n’est pas qu’on ne veut pas le faire, c’est qu’on ne peut pas. Donc pour l’instant on oriente nos patients vers le centre de vaccination de Dieppe », explique Marie Gillé, préparatrice en pharmacie.
Selon le pharmacien Coralie Soussan, permettre la vaccination le dimanche est une bonne décision mais pas avec la logistique actuelle. « On reçoit les doses par à-coups. Si on n’en reçoit pas le bon nombre, il est difficile d’anticiper la prise de rendez-vous », explique le pharmacien de Janval.
La est forte. Le planning est complet jusqu’au 27 janvier 2022.