Le temps de l'âge "mur" ? Après 30 ans de pratique, le street artiste dieppois Konu continue à faire vibrer sur les murs de la cité normande les couleurs de ses peintures et les mots de ses graffs. Rencontre avec un amoureux et défenseur de l'art urbain.
À Dieppe, Konu porte bien son nom.
S'il n'y est pas né, l'artiste l'a faite sienne depuis 2008 et la cité normande le lui rend bien. Impossible désormais de les dissocier : il faut dire que les œuvres de Konu sont partout dans les rues de la ville.
Les murs, premiers supports de création pour ce défenseur de l'art urbain.
Konu, le dessin pour destin
Il tombe dans le dessin dès son plus jeune âge. Noircit des cahiers ... Et les murs de la chambre de sa sœur. Dès la fin des années 80, influencé par la culture hip-hop, Konu (alors sous le nom d'Arno) débute ses premiers graffs. Dix ans plus tard, il grimpe sur les toits de Paris, parcourt les rues, les terrains vagues, ne sort jamais sans ses bombes de peinture.
Le graffeur rencontre les artistes Eraz, Jonone, Mode2, Nasty et vit les débuts du street art dans la capitale.
À partir de 1993, Konu effectue plusieurs séjours en Normandie, emmenant dans ses valises sa pratique artistique. Puis part à l'étranger. Avant de revenir et de s'installer à Dieppe en 2008.
Rendre au graff ses lettres de noblesse
Née dans l’illégalité, la culture du graffiti est taxée dès ses débuts de pratique « vandale ». Un terme que ce sont réappropriés ses acteurs, et dont Konu se réclame.
Même s'il l'admet : les choses ont évolué, il n'est plus toujours facile de pratiquer cet art de manière clandestine. "À l’époque où j’ai commencé à peindre, on n’avait pas de téléphone portable, on n’avait pas internet... tout ça, ça permet aujourd’hui de retrouver les gens très vite et de prévenir la police."
Encore moins, quand on a derrière soi plusieurs dizaines d'années d'œuvres et un visage désormais connu.
La pratique du vandale, quand on commence à avoir pignon sur rue, c'est compliqué car on est plus facile à trouver... Mais on a beau chasser le naturel, il revient au galop.
Konu, street artist
L'art au cœur de la ville
Le street art, c'est aussi pour Konu une réappropriation des espaces.
L'artiste a son atelier, mais il aime avant tout découvrir et habiller de ses œuvres des lieux inattendus.
Lui et d'autres street artistes ont par exemple investi la friche biomarine de Dieppe, un lieu dont il apprécie l'ambiance.
Organisateur et président du festival Spray, le grapheur dieppois souhaite faire de la ville une galerie à ciel ouvert. Un esprit fidèle à ses débuts. L'artiste annonce d'ailleurs la tenue d'une prochaine édition du festival l'an prochain.