Le transport, le midi, des enfants de petites écoles seinomarines (et euroises) vers le restaurant scolaire d'une commune voisine était jusqu'alors pris en charge par la Région. Mais cela va cesser, ce qui provoque l'incompréhension et la colère d'élus locaux.
C'est au cœur de l'été, juste avant la rentrée scolaire de septembre 2022, que des maires de Seine-Maritime (et de l'Eure) ont appris la mauvaise nouvelle. Une décision du conseil régional de Normandie va remettre en cause l'organisation des écoles rurales et menacer leur maintien.
Exemple dans le Pays de Bray, à Bouelles, où cette petite commune de 260 habitants va devoir faire face, et de façon imprévue, à une dépense supplémentaire de 10.000 euros !
"On a le sentiment, tous les ans, qu'on remet en cause la place de l'école rurale dans notre système scolaire. Et ça, cela me parait très dangereux…"
Gilles Cobert, maire (SE) de Bouelles (Seine-Maritime)
"La fin des communes rurales ?"
La mauvaise nouvelle, c'est la décision du conseil régional de Normandie de cesser (à la rentrée 2023) de financer le transport par autocar des élèves de petites écoles rurales dépourvues de cantines vers les communes voisines qui en sont dotées.
A l'est de Rouen, dans le Pays de Bray, cette annonce ne passe pas. Pour Maryse Duval, présidente du syndicat intercommunal à vocation scolaire de la Béthune, c'est l'incompréhension, comme elle l'a expliqué à notre journaliste Grégory Archiapati :
"Vraiment, on nous a mis un couteau sous la gorge ! Qui va financer les 10.000 euros ? Les parents ? La commune ? L'intercommunalité ? Est-ce qu'on veut fermer nos écoles ? Est-ce qu'on veut la fin des communes rurales ?"
Des territoires ruraux "humiliés"
La décision du conseil régional de Normandie, justifiée par le fait que le financement de ces transports d'élèves le midi est déjà supprimé dans les départements de la Manche, de l'Orne et du Calvados, et qu'il faut donc "harmoniser" à l'échelle régionale, est également critiquée par le député de Dieppe.
Sébastien Jumel, député (NUPES - PCF) de la 6e circonscription de la Seine-Maritime considère que cette décision est "une mesure d'humiliation territoriale nouvelle". Il ajoute qu'elle arrive "au moment où les inspecteurs d'académie expliquent aux maires ruraux qu'il va falloir fusionner les écoles, déménager le territoire, et donc éloigner l'école du lieu de vie des enfants."
Pour lui demander de revenir sur cette "mauvaise décision", et en rappelant son attachement à la ruralité, Sébastien Jumel indique avoir écrit à Hervé Morin (le président du conseil régional) :
"La Région Normandie ne peut pas être que la Région des métropoles. Quel que soit l'endroit où l'on habite, en Seine-Maritime ou dans l'Eure, les enfants doivent pouvoir avoir accès à l'école dans les mêmes conditions qu'ailleurs."