L'association Acro effectue des prélèvements citoyens sur le littoral normand depuis une semaine. Presque tous les échantillons comportent des éléments radioactifs en très faible quantitté.
Mesurer l'impact de l'activité des centrales nucléaires et du centre de retraitement de la Hague sur le littoral normand, c'est la mission que s'est fixée l'Acro (Association pour le contrôle de la radioactivité dans l'ouest). Elle effectue pour cela des prélèvements lors des marées d'équinoxe dans les principales communes situées entre Dieppe (Seine-Maritime) et Granville (Calvados). La structure caennaise ne compte que quatre salariés mais elle peut s'appuyer sur un important réseau de bénévoles pour l'aider dans son travail.
Les prélèvements du printemps 2022 ont démarré le vendredi 18 mars à Granville. A chaque fois, il faut récolter les quatre mêmes éléments : des patelles (les coquillages aussi connus sous le nom de chapeau chinois, des algues (fucus), de l'eau de mer et du sable. Mardi 22 mars, une équipe de sept personnes œuvrait sur la plage de Saint-Valery-en-Caux (Seine-Maritime). Les marées d'équinoxe ont l'avantage d'afficher de forts coefficients. Les prélèvements peuvent ainsi se faire sur des zones rarement découvertes. Les échantillons sont ensuite traités dans les locaux de l'association à Hérouville-Saint-Clair (Calvados).
On fait de la déshydratation et du broyage. On analyse ensuite en spectrométrie gamma au laboratoire. On mesure la radioactivité et on met en évidence des isotopes radioactifs qui sont émis par les centrales nucléaires et le centre retraitement de la Hague.
Aurore Le Vot, chargée d'éudes à l'Acro
Les éléments radioactifs recherchés dans les échantillons n'existent pas à l'état naturel et sont forcément liés à l'activité humaine.
Des éléments radioactifs retrouvés à presque tous les coups
L'action de l'Acro se veut citoyenne. Elle vient compléter les contrôles des organismes d'état, comme l'ASN (Agence de sûreté nucléaire). Elle étudie d'autres zones, principalement le littoral normand.
Si les analyses du printemps 2022 ne sont pas encore disponibles, il y a peu de doute sur le résultat.
"On trouve systématiquement des éléments radioactifs. On est sur des traces environnementales. On n'est pas sur des contaminations entraînement des problèmes sanitaires" précise Aurore Le Vot.
Les bénévoles, indispensables à l'action de l'Acro
Lors des prélèvements à Saint-Valery-en-Caux, quatre bénévoles étaient présents, en plus des trois salariés de l'Acro. Ils sont habitués à l'exercice qu'ils pratiquent depuis plusieurs années. Tous sont sensibilisés à l'impact de la filière nucléaire sur l'environnement.
Je viens de Dieppe et j'habite entre deux centrales qui totalisent six réacteurs nucléaires. C'est intéressant de savoir ce qui se passe dans l'environnement. Je suis bénévole depuis l'accident de Fukushima qui m'a un peu réveillé de mon sommeil.
Richard Kobylarz, bénévole à l'Acro
L'Acro travaille depuis 25 ans sur le sujet et la mise en service du futur EPR de Flamanville lui apportera une activité supplémentaire.