Après des mois de procédure, un jeune Malien, Mamadou Diakité, est sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français. Le patron d'un bar-restaurant de Dieppe ne perd pourtant pas espoir de l'embaucher. Kevin Bruneval se bat désormais pour que le jeune cuisinier ne soit pas expulsé.
"Il n’attend que ça. Il a envie de travailler". Voilà plus de deux ans que Kevin Bruneval mène le combat. Le patron du Bout Là Bas, un bar-restaurant situé quai Henri IV à Dieppe veut à tout prix embaucher Mamadou Diakité, un jeune cuisinier malien. "Je le connais bien parce qu’il a travaillé en stage pour ma sœur au restaurant la Taverne des Pirates à Dieppe. C’était un employé modèle. Aujourd’hui ce qu’on cherche, c’est du personnel. Et c’est très dur à trouver", lance désabusé le gérant.
"Je ferai tout pour le sortir de là"
La situation est en effet paradoxale. Alors que les difficultés de recrutement dans le secteur de la restauration se sont aggravées avec la crise du Covid, Kévin Bruneval ne peut pas offrir un emploi à Mamadou. Le jeune homme, arrivé il y a six ans en France alors qu’il était encore mineur, a reçu le 9 juillet 2021 une obligation de quitter le territoire français (OQTF). La quatrième en trois ans.
La préfecture invoque les faibles ressources du jeune homme et parle d’une "vague promesse d’embauche" alors même que Kevin Bruneval lui propose un CDI. "Difficile de travailler quand on n’a pas de papiers", souffle Mamadou. Le patron est prêt à tout pour l’aider. "C’est une question de solidarité, c’est normal d’aider son prochain. Et plus qu’un employé, il est devenu un ami. Je ferai tout pour le sortir de là", souligne Kevin Bruneval.
Chaque jour, la crainte d'être expulsé
Pourtant, Mamadou Diakité aura tout fait pour montrer sa motivation. Dès son arrivée en France, le jeune homme originaire de Bamako se passionne pour les métiers de la restauration. Il se forme au CFA de Rouxmesnil-Bouteilles et finit par s’installer juste à côté dans la cité Ango.
Des dizaines d’attestations ont d’ailleurs été produites par un certain nombre de Dieppois qui louent son travail. "En six ans, j’ai tout fait pour m’intégrer, je suis allé à l’école, j’ai obtenu un CAP. J’ai fait du bénévolat et enchaîné les petits boulots", reconnaît le jeune homme. Mais depuis ses 18 ans, il ne dépend plus de l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE) et vit chaque jour dans la crainte d’être expulsé.
Une pétition a été lancée à Dieppe
Malgré trois précédents échecs, le patron ne baisse pas les bras. Avec l’aide d’une avocate rouennaise, il espère obtenir la régularisation du jeune cuisinier. Il va reconstituer un dossier qu’il présentera à la Préfecture d’ici novembre. Une pétition a également été lancée et circule dès à présent dans le centre-ville de Dieppe.