En Normandie, la SAFER préempte 350 hectares : six jeunes agriculteurs vont enfin pouvoir s'installer

C’est une première en Normandie. La Safer a déboursé 11 millions d’euros pour acheter une ferme qui va être divisée et revendue à plusieurs porteurs de projets.

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A 27 ans, Pierre Landard est un jeune agriculteur heureux. Jusqu’alors salarié d’une entreprise où il conseillait les exploitants agricoles, il va désormais pouvoir appliquer ses recettes sur sa ferme à Petit-Caux, près de Dieppe.

 « Commencer avec 70 hectares, c’est plus accessible pour démarrer. S’il avait fallu reprendre d’un seul tenant cette ferme de 350 hectares, je ne me serai jamais porté candidat » précise le nouvel installé.

 

Ce montage, c’est la SAFER qui l'a imaginé pour permettre à 6 jeunes agriculteurs de s’installer. En mai dernier, la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural a préempté une ferme de 350 hectares pour 11 millions d’euros. Près de 18 mois de négociations ont été nécessaires pour parvenir à cette transaction rare dans le secteur agricole. 

Un rachat sur le fil

Tout commence en 2020 lors du décès des exploitants de cette ferme. Leurs enfants ne souhaitent pas reprendre l’activité et décident de mettre en vente l’entreprise de leurs parents. 

Alors que les négociations vont bon train entre les vendeurs et la Safer, un nouvel acheteur se présente dans ce dossier : un propriétaire du Nord de la France souhaitant s’agrandir. L’homme est prêt à mettre beaucoup d'argent sur la table. Mais la Safer décide de faire valoir son droit de préemption et l’emporte en mai dernier. 

« Si nous n’étions pas intervenus, ces 350 hectares se seraient agglomérés aux 300 à 350 hectares que possédait déjà l’autre acquéreur. Ce qui n’aurait généré aucune nouvelle installation », explique Emmanuel Hyest, président de la fédération nationale des Safer.

Ces 350 hectares, la Safer les a ensuite divisés en 5 lots de 50 à 100 hectares permettant à six jeunes agriculteurs de s'installer. L'un des projets compte deux associés.

Mais à 30 000 euros l'hectare, la plupart des candidats à l'installation aurait été incapable de débourser une telle somme. La rentabilité économique de leur projet ne leur aurait pas permis de rembourser leur emprunt et dans le même temps de vivre de leur métier.

La Safer a donc opté pour un montage financier original : dissocier le foncier de l'outil de travail. En d'autres termes, elle revend à des propriétaires les terres pour 20 000 euros l'hectare. Ensuite, ces derniers ont obligation de louer le terrain pendant 25 ans aux 6 jeunes agriculteurs pour 10 000 euros l'hectare. La Safer rentre dans ses frais et les nouveaux installés n'ont que 10 000 euros à débourser. En somme, ils sont locataires comme dans un appartement.

Faciliter l'installation des jeunes

Selon la Safer, ce montage répond aux difficultés rencontrées par les jeunes dans le pays de Caux. « La Seine-Maritime est une région très propice à l’agriculture car elle est dotée de sols de qualité et d’un bon climat. Beaucoup de jeunes souhaitent s’y établir. Mais les coûts sont très élevés. Il y a eu une certaine dérégulation pendant de nombreuses années car nous ne pouvons préempter que le foncier agricole. Or, beaucoup de fermes sont reprises par des sociétés ou des holdings. Les prix se sont donc un peu emballés. Et les jeunes ont désormais de plus en plus de difficulté à s’installer », conclut Emmanuel Hyest.

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