Les moulins à eau de Normandie à la fois menacés de destruction et convoités pour produire de l'électricité

Alors que la  "continuité écologique" impose des cours d'eau sans obstacles et donc sans moulins, en Normandie,des députés et associations œuvrent pour le développement d'une petite hydroélectricité, comme exemple d'une transition énergétique locale.

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Les autorités françaises, respectant des accords européens, restaurent depuis une vingtaine d'années la "continuité écologique" des cours d'eau Objectif : supprimer tous les obstacles pour permettre la libre circulation des poissons et des sédiments.

Mais cette mise aux normes des rivières nécessite des travaux (la plupart du temps à la charge des propriétaires riverains) et peut parfois entraîner un dérèglement hydraulique et par voie de conséquence des disparitions de moulins.  

Exemple (en janvier 2021) d'un ces moulins menacés dans la commune de Saint-Saëns (à l'Est de la Seine-Maritime) où une famille refuse de céder l'un de ses terrains  pour que la DDTM (direction départementale des territoires et de la mer)  y aménage une passe à poissons. 

Pour ces riverains de la rivière La Varenne et l'association qui les soutient ces travaux ne doivent  pas perturber le débit et le niveau de l'eau et avoir des effets négatifs sur le patrimoine.

"La loi nous protège ; le code de l'environnement protège nos moulins qui sont fondés en titre. Par contre, une surinterprétation de l'administration, semble-t-il,  nous pousse tous à vouloir détruire les moulins."

Ce qui est une aberration parce que, de toute façon, les moulins sont utiles et doivent rester le régulateur de la rivière."

Didier Fillatre,
président de l'association de défense et de sauvegarde des moulins normands picards et de la biodiversité

Des moulins utiles ou néfastes ?

En voulant enlever tous les obstacles d'un cours d'eau, faut-il donc détruire tous les éléments de patrimoine présents depuis des siècles le long des rivières, et se priver d'une source d'énergie "zéro carbone" ?

En 2018,  lors d'une visite dans un moulin privé de l'Eure où  une petite centrale hydroélectrique  avait été installée par une famille, Sébastien Lecornu, alors secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire,  et Stéphane Bern (chargé par le gouvernement d'une mission d'identification du patrimoine) affirmaient tous les deux "qu'il ne faut pas opposer patrimoine et écologie".

En 2021, à l'heure de la transition énergétique, des élus normands, conscients de cette contradiction, souhaitent agir pour le maintien des moulins et de leur potentiel hydroélectrique.

C'est le cas du député Xavier Batut qui prend l'exemple de Saint-Saëns :

"Dans cette commune il y a 4 moulins. Avec ces 4 moulins on est capable d'alimenter environ 200 foyers. Donc, il y a vraiment une énergie d'avenir et une énergie qui existe dans nos territoires".

"Je travaille depuis trois ans avec différentes associations de moulins (en Normandie, en Picardie et au niveau national) pour faire en sorte que ce patrimoine soit pérennisé et qu'on puisse maintenir ces moulins et s'en servir faire de la petite hydroélectricité. "

Aujourd'hui l'Etat met des moyens conséquents pour détruire ces moulin, alors qu'il faudrait mettre ces moyens pour pouvoir accompagner les propriétaires de ces moulins pour pouvoir mettre en place une hydroélectricité , pour pouvoir s'en servir dans le cadre de la transition énergétique que l'on souhaite tous."

Xavier Batut,
député (Ex-LREM) de la 10e circonscription de Seine-Maritime

Un dossier complexe et difficile  à mettre en œuvre  puisque ces installations hydroélectriques doivent désormais respecter la "séquence ERC" (comme Eviter Réduire Compenser) qui prévoit que tout équipement ou aménagement "ne doit pas avoir d'impact sur son environnement ni sur la biodiversité."

Autre parlementaire de Normandie à suivre ce dossier : Stéphanie Kerbarh, députée (LREM) de Seine-Maritime.

Dans ses vœux pour 2021, la députée de Fécamp rappelle qu'elle a été rapporteure de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, loi promulguée en février 2020, "permettant d’engager notre pays vers une production plus écologique, plus durable, et donc plus vertueuse sur le plan environnemental" et qu'elle "travaille aujourd’hui à la finalisation du rapport de la mission d’information portant sur la revalorisation des friches industrielles, afin de lutter contre l’artificialisation des sols et pour réinvestir les espaces laissés à l’abandon."

 Au sujet des moulins, elle ajoute que :

De même, je continue de défendre l’idée d’une complémentarité entre les modes de production d’énergie, notamment pour promouvoir la petite hydroélectricité à un coût socialement acceptable et identique sur l’ensemble du territoire."

Stéphanie Kerbarh,
députée (LREM) de la 9e circonscription de Seine-Maritime

Les propriétaires de moulins (comme ceux de la vallée de la Durdent, entre Yvetot et Veulettes) suivront donc avec attention les travaux des parlementaires en 2021.

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