Face à la difficulté à trouver des locations longues durées, la municipalité de Dieppe met en place une réglementation pour ralentir l’épidémie Airbnb à partir du 1er janvier 2024.
Plus de logements pour les Dieppois, moins pour les touristes, voilà l’objectif de la mairie. L’équipe de Nicolas Langlois espère voir 200 logements revenir sur le marché du locatif de longue durée d’ici trois ans. Pour y arriver, dès le 1er janvier 2024, des quotas vont être instaurés par quartier pour limiter les locations touristiques. Une décision qui a pour but de favoriser la mixité des offres dans la ville et surtout les résidences principales.
« On a considéré qu’on avait trop de meublés touristiques », explique Nicolas Langlois, maire PCF de Dieppe. « Il faut pouvoir accueillir les touristes mais en même temps les gens d’ici, les salariés d’ici, les retraités, les jeunes d’ici aussi, qui s’installent en cœur de ville, ont le droit au logement ».
Pour que la loi change
Nicolas Langlois souhaite voir la loi évoluer. « Il y a besoin en urgence de permettre aux élus locaux de se doter d’outils supplémentaires pour faire face à ce développement des meublés touristiques ». Le maire dénonce une fiscalité plus favorable aux meublés de tourisme qu’aux résidences principales. « C’est le monde à l’envers ! Ça accentue la spéculation sur le marché de l’immobilité, et pour l’équilibre d’une ville, pour la vie des habitants, c’est pas supportable ».
Vous avez des cœurs de ville qui ne sont plus des cœurs de vie.
Nicolas Langlois, maire PCF de Dieppe
Nicolas Langlois veut donc prendre les devants, agir en prévention sans attendre d’être dans une situation similaire à celle des côtes bretonne ou basque. « Quand vous en êtes à 30% de logements touristiques en cœur de ville, vous avez des cœurs de ville qui ne sont plus des cœurs de vie », se désole-t-il.
Concrètement, dès la nouvelle année, tout nouveau propriétaire de logement souhaitant en faire une location saisonnière aura l’obligation de faire une déclaration à la mairie qui délivrera ou non une autorisation pour trois ans.
Inquiétude des professionnels de l’immobilier
Une nouvelle donne qui inquiète certains professionnels de l’immobilier, où sept clients sur huit achètent des résidences secondaires. « On verra peut-être un peu moins de clientèle qui va venir pour faire de l’investissement », confie Anne-Claire Hoziaux, responsable d’agence immobilière. « Moi, j’avais essentiellement de la clientèle parisienne qui achète des biens pour en faire leurs résidences secondaires et également faire un peu de Airbnb pour mettre un peu de beurre dans les épinards, comme on dit », développe-t-elle.
Ça y’est, ça s’inverse !
Magali Lecoq, conciergerie "La petite Dieppoise"
Pour Magali Lecoq, responsable de conciergerie, après l’essor des locations touristiques à Dieppe depuis trois ans, quelques propriétaires reviennent déjà sur leur choix, ce qui pourrait créer un appel d’air sur le marché. « Il y a des gens qui ont testé, qui ont essayé, ça ne leur a pas convenu et ils repartent sur de la location longue durée avec des baux de trois ans ou d’un an s’ils sont meublés, mais ça y’est, ça s’inverse », analyse la concierge.
De quoi donner un peu d’optimisme à celles et ceux qui sont toujours à la recherche d’un logement dans la ville aux quatre ports.