« Puissant » selon Nothomb, « immortel » selon Werber : le Livre de Poche fête ses 70 ans.

Avec plus de 1 milliard d’exemplaires vendus, le Livre de Poche est un incontournable du marché du livre. Petit, pratique, pas cher, le Poche fête ses 70 ans cette année. Les écrivains lui rendent hommage… ce qui n’a pas toujours été le cas !

Les succès poches sont nombreux : Bilbo le Hobbit de JRR Tolkien, s’est vendu à plus d'1 million d’exemplaires. Madame Bovary de Gustave Flaubert, à plus de 2 millions d’exemplaires. Le Journal d’Anne Frank, à plus de 4 millions d’exemplaires. Vipère au Poing d’Hervé Bazin, à plus de 5 millions d’exemplaires.

En tout, plus de 1,2 milliard d’ouvrages ont été diffusés depuis sa création. Et le succès continue : en 2022, un livre vendu sur quatre en France est en format poche. C’est en leader du marché que le Livre de Poche fête ses 70 ans.

Une démocratisation qui ne plaît pas à tout le monde

L’histoire du Livre de poche commence en février 1953. Son créateur, Henri Filipacchi, alors secrétaire général de la Librairie Hachette, imagine un livre peu onéreux (vendu seulement deux francs à son lancement) et petit format (il tient dans la poche).

C’est une révolution culturelle, qui œuvre dans le sens de la démocratisation de la lecture. Les premiers titres parus au Livre de Poche sont Koenigsmark de Pierre Benoit, Vol de nuit d’Antoine de Saint-Exupéry, L’Ingénue libertine de Colette ou encore La Symphonie pastorale d’André Gide. À la fin des années 60, on atteint déjà les 28 millions d’exemplaires vendus.

Mais cette démocratisation ne plaît pas à tout le monde. Au milieu des années 60, elle divise. La littérature n’est-elle pas réservée à une élite ? C’est ce que semble se demander Jean-Paul Sartre lorsqu’il s’interroge "Les Livres de Poche sont-ils de vrais livres ?". Un étudiant partage les mêmes doutes dans une interview datant de 1964. À la question "Que pensez-vous du livre de poche ?", il répond : "Beaucoup de mal, parce que ça fait lire un tas de gens qui n’en avaient pas besoin".

L’immortel

Mais la fronde de "l’aristocratie des lecteurs" est vaine : le Livre de Poche deviendra bien "l’un des leviers démocratiques les plus puissants", selon les mots d’Amélie Nothomb. Alors étudiante, celle-ci "ne pouvait acheter que les livres de poches", sans lesquels elle eut été "une nécessiteuse littéraire". L’écrivaine leur rend hommage, tout comme son confrère Bernard Weber.

L’auteur des Fourmis était ce mercredi 19 juillet sur le front de mer de Dieppe (Seine-Maritime), en tant que compagnon de route du Camion qui Livre, la librairie ambulante du Livre de Poche. En pleine séance de dédicace, il loue "l’immortalité" du Livre de Poche. "La durée de vie d’un livre normal, c’est un mois. Le livre de poche c’est infini, il survivra après ma mort".

L’écrivain apprécie le format, en est-il également un lecteur ? "Je ne suis consommateur QUE de livres de poches, assure-t-il, précisément parce que je les lis dans les transports en commun, en voyage, et que ça prend moins de place."

Bernard Werber confie vivre davantage de la vente "des grands bouquins", mais les auteurs ne s’y trompent pas. "Le Livre de Poche permet d’être lu par plus de monde", explique Adèle Bréau, Prix Maison de la presse 2023 et auteur de Frangines, également présentes à Dieppe. La démocratisation de la littérature fait bien l’unanimité aujourd’hui.

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