Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale avec des élections législatives anticipées qui se tiendront le 30 juin et le 7 juillet 2024. Une décision du président de la République en réaction au score historiquement haut du Rassemblement national qui a surpris jusqu'à son propre camp.
Emmanuel Macron a dissous l'Assemblée nationale avec des élections législatives anticipées qui se tiendront le 30 juin et le 7 juillet 2024. Cette décision du président de la République - en réaction au score historiquement haut du Rassemblement national - fait réagir de nombreux élus normands.
"Un pari dangereux"
Dimanche 9 juin, 20 heures, les résultats tombent avec un score historique pour le Rassemblement National - 31,36% - alors que la liste conduite par Valérie Hayer (Renaissance) termine à 14,6%. Un peu plus tard, Emmanuel Macron, prend la parole et la bombe est lâchée : "J'ai dissous ce soir l'Assemblée nationale. Une décision grave, lourde, mais avant tout un acte de confiance en vous, mes chers compatriotes".
À cette annonce, beaucoup d'élus tombent de leur chaise : "C'était une option envisagée, bien qu'improbable. Le président de la République fait un pari dangereux. Il faut avoir à l'esprit que l'issue pourrait être pire que mieux", lance Véronique Louwagie, députée LR sortante de l'Orne. Même constat du côté de Philippe Gosselin, député LR sortant de la Manche : "Oui, c'est un pari risqué. Mais je vais faire campagne et me battre".
Pour Arthur Delaporte, député PS sortant du Calvados : "Le score d'hier soir est un signal d'alerte pour la démocratie en France et en Europe et moi, ce que je regrette, c'est que la décision du président de la République peut être considérée comme irresponsable. Il risque d'envoyer encore plus de députés du Rassemblement national au Parlement français".
"C'est la politique d'Emmanuel Macron qui a mené à ce score"
Du côté de La France Insoumise, la Caennaise Emma Fourreau, qui se réjouit d'être désormais eurodéputée, est consternée par cette dissolution de l'Assemblée nationale. Selon elle, c'est un aveu d'échec : "Il n'y a qu'à voir les résultats très médiocres des macronistes, on voit bien aujourd'hui que c'est la fin d'Emmanuel Macron. Il n'a, à la fois, pas su répondre aux attentes populaires et n'a pas su freiner la montée de l'extrême droite, au contraire, il l'a alimenté. C'est la politique d'Emmanuel Macron qui a mené à ce score du RN".
Alma Dufour, député LFI sortante de la Seine-Maritime, est très inquiète. Elle le confie sur X : "C'est gravissime. Vu les scores que vient de faire le RN à plus de 30% aux européennes alors que la moitié des Français n'a pas voté, ça veut dire qu'il pourrait avoir la majorité absolue à l'assemblée nationale et donc que Marine Le Pen soit la Première ministre et ait tous les pouvoirs en France pour les trois prochaines années. C'est absolument gravissime ce qui est en train de se passer."
🚨URGENCE : Emmanuel Macron vient d’annoncer la dissolution de l’Assemblée nationale et c’est gravissime. Le RN pourrait avoir tous les pouvoirs pour les 3 prochaines années.
— Alma Dufour (@alma_dufour) June 9, 2024
Mobilisons-nous en masse contre le fascisme. Le 30 juin, c’est demain. pic.twitter.com/2rq8imJnOF
Le socialiste Arthur Delaporte ajoute : "On ne peut pas dire d'un côté, quand on est président de la République, je veux faire une campagne sur l'Europe et de l'autre tout écraser en lançant la dissolution de l'Assemblée nationale. Il aurait d'abord dû demander la démission de son Premier ministre et de voir s'il était en capacité de former une majorité en soumettant un vote de confiance et derrière éventuellement en tirer les conséquences."
Le RN : "Si les Français le souhaitent, nous sommes prêts à gouverner"
Timothée Houssin, député sortant RN de l'Eure, se réjouit de ces résultats aux élections européennes qui sont une belle victoire pour son parti.
Pour lui, Emmanuel Macron n'avait plus le choix : "Nous, cette dissolution, nous l'avions demandé, au vu des résultats d'hier soir, la composition de l'Assemblée nationale ne correspondait plus aux attentes des Français, moi, je pense que les Français veulent maintenant une alternance et changer de gouvernement. Le président de la République leur permet donc de s'exprimer à nouveau et d'envoyer une majorité de députés du RN dans l'hémicycle. Moi, je pense qu'une majorité des Français rejettent la politique d'Emmanuel Macron, nous avons des électeurs qui viennent de tous les horizons et si les Français le souhaitent, nous sommes prêts à gouverner ".
Il lance un appel à encore plus d'électeurs lors des législatives : "Une partie de la population n'a pas voté, il va falloir que les électeurs fassent un choix, qu'ils se mobilisent, qu'ils se rendent aux urnes. Ceux qui ne se sont pas exprimés hier peuvent nous rejoindre, on espère qu'on va pouvoir les mobiliser".
J’ai dissous ce soir l’Assemblée nationale. Une décision grave, lourde, mais avant tout un acte de confiance en vous, mes chers compatriotes. pic.twitter.com/EFeVCDzrlb
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) June 9, 2024
Confiants du côté de Renaissance
De leurs côtés, les élus Renaissance ont plutôt confiance pour le scrutin à venir. Damien Adam, député Renaissance sortant de la Seine-Maritime, précise que : "Les Français ont exprimé, à travers leur vote, d’envoyer 33 députés RN au Parlement européen sur 81 députés français. C’est tout ce qu’on peut dire pour le moment. Nous verrons à présent les résultats dans les urnes le 30 juin et le 7 juillet prochain".
Une union de la gauche pour faire barrage au RN ?
Pour faire barrage au Rassemblement national, Arthur Delaporte, appelle à l'union de la gauche : "Moi, je pars du principe qu'il n'est pas minuit moins le quart, il est minuit moins une avant une victoire de l'extrême droite. Ce qui est impératif aujourd'hui, c'est de construire une alternative et elle passe par une union de la gauche. Cette union de la gauche s'est arrêtée avec le mythe des gauches irréconciliables. Mais demain, c'est l'avenir du pays qui est en jeu".
Il ajoute : "Si on n'est pas en capacité de se dire que sur 577 circonscriptions, on a des candidats en commun du front populaire, de la gauche populiste pour proposer une alternative aux xénophobes populistes, pour prendre en considération l'affaiblissement du macronisme alors oui, c'est qu'on n'a rien compris ! J'appelle au sursaut républicain et au sursaut de la gauche. Chacun va devoir faire des efforts".
L'extrême droite est une menace pour notre démocratie. La casse sociale organisée par Emmanuel Macron a conduit à la placer en tête des élections européennes.
— Arthur Delaporte (@ArthurDelaporte) June 9, 2024
Désormais, seul un front social de la gauche et des écologistes permettra de répondre à la crise ⬇️ pic.twitter.com/7uRVRCI9o7
Les responsables de La France Insoumise ont envoyé une "proposition de rencontre" lundi "après-midi" aux autres "formations politiques de la Nupes" (le PS, le PCF, les Écologistes et Générations), pour "travailler à l'unité et à la clarté" dans la perspective des élections législatives anticipées du 30 juin et 7 juillet, a assuré le coordinateur du parti, Manuel Bompard, sur le réseau social X.
L'eurodéputée LFI, Emma Fourreau, n'exclut pas une alliance : "Pour nous, le message est très clair, il faut faire bloc. Pour le moment la question de qui sera candidat n'est pas la priorité, il faut voir quelles unions feront la force".
🟣 L'HEURE EST À LA MOBILISATION GÉNÉRALE !
— Emma Fourreau (@emma_frr) June 10, 2024
Élue au Parlement européen, je mettrai toutes mes forces dans la bataille qui s'annonce face à la menace d'extrême droite.
Pas de temps à perdre : nous sommes le bloc populaire, nous sommes l'alternative ! pic.twitter.com/WVDMASpsmw
Nicolas Mayer-Rossignol, maire PS de Rouen et soutien de Raphaël Glucksmann, prévient sur le risque des divisions : "Dans trois semaines, le risque, c'est que l'extrême droite gouverne le pays, ça n'est jamais arrivé en France et nous n'avons jamais été aussi proches de ce cataclysme. Donc chacune et chacun doit prendre ses responsabilités. Moi, je prends les miennes, la gauche et seulement la gauche est capable de faire barrage et d'incarner l'alternative, à condition qu'elle ne répète pas les erreurs du passé, pas de tambouilles entre amis, il faut une ligne claire !".
Jean-Paul Le Coq, député communiste sortant de la Seine-Maritime, ancien maire de Gonfreville-l'Orcher où le RN est arrivé en tête, appelle à un front populaire sur X :
BESOIN D’UN FRONT POPULAIRE !
— PCF Le Havre (@pcflehavre) June 10, 2024
Depuis 2017, avec beaucoup d’entre vous, je m’oppose aux politiques macronistes, au quotidien, dans les rues, dans les votes, dans nos résistances… et par les propositions que l’on porte inlassablement ! pic.twitter.com/wNmSFNAovT
Une campagne courte : "C'est une décision anti-démocratique"
Plus que trois semaines avant le premier tour des législatives le 30 juin. Le deuxième tour aura lieu, lui, le 7 juillet prochain. Les élus regrettent ce court délai : "Le délai de ces élections me semble parfois être décision anti-démocratique parce que je ne vois pas comment des petits candidats qui ne sont pas affiliés à de gros partis vont pouvoir se présenter à ces élections législatives, ce n'est pas normal ! Nous, on est sortant, mais j'en suis à ma quatrième campagne aux élections législatives. On a l'expérience, mais ce ne sera pas facile de tenir ces délais extrêmement courts", lance Timothée Houssin, élu RN.
De son côté, Philippe Gosselin, député sortant LR de la Manche, constate qu'"Emmanuel Macron n'est pas aux prises avec les réalités du quotidien en ayant été élu local ou député auparavant. Il aurait eu une autre réaction. Emmanuel Macron a l'habitude de décider seul. On le voit bien et ce sont les échos qui parviennent. On voit bien qu'il n'a écouté personne, que sa garde rapprochée n'était pas au courant, c'est dangereux de laisser quelqu'un décider seul ainsi".