La Normandie est soumise à l'érosion de son littoral. En Seine-Maritime, Quiberville fait partie des villages menacés par la montée des eaux. Au lieu de lutter contre ce phénomène, la municipalité a lancé un vaste projet pour mettre ses habitants à l'abri.
Comme 43 autres communes Normandes situées sur le littoral normand, Quiberville est confrontée au recul du trait de côte. Mais contrairement aux autres municipalités touchées par ce phénomène, la commune a choisi de prendre le problème à bras-le-corps en lançant un ambitieux projet de réaménagement baptisé "Basse Saane 2050".
Le camping déplacé
Ce projet, qui s'étend sur plusieurs phases, vise à protéger les habitants des effets de la montée des eaux tout en favorisant la renaturation du territoire.
L'une des étapes les plus marquantes de ce plan a été la fermeture et la délocalisation du camping en bord de mer, autrefois un moteur économique local. Un nouvel emplacement, plus en hauteur et à l'abri des risques, a été trouvé et le camping a rouvert ses portes il y a un an.
Après le nettoyage des terrains, les collectivités vont permettre à la Saane, de se jeter dans la mer de façon plus naturelle.
Jean-François Bloc, maire de Quiberville, précise que ces travaux comprennent également la construction d'un pont. "On va construire un pont de 10 mètres de large sur cinq mètres de haut pour prévenir des inondations terrestres. Mais a contrario, la mer rentrera régulièrement pour redonner à la biodiversité 40 hectares où la faune et la flore vont retrouver leur lieu privilégié."
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Ce nouvel aménagement doit prévenir les inondations terrestres, mais laissera volontairement la mer s'infiltrer régulièrement dans la zone. Cette démarche vise à recréer un espace propice au développement de la faune et de la flore, restituant ainsi une partie de l'écosystème perdu.
Une première en Normandie
Le préfet de Normandie, Jean-Benoît Albertini, salue le caractère innovant de ce projet, le qualifiant de pionnier en Normandie.
Selon lui, il s'agit du premier aménagement de cette envergure dans la région, avec pour ambition de concilier protection contre les inondations et préservation des activités économiques locales.
"Beaucoup d'autres études sont en cours mais ce site-là est le plus avancé dans cette démarche de renaturation. Et en même temps de préservation de l'attractivité et des activités économiques qui sont implantées."
Reportage de Magali Nicolin et Didier Meunier :
La dernière phase du projet, prévue dans environ deux ans et demi, portera sur la renaturation complète du site.
Comme l'explique Nicolas Leforestier, président du Syndicat Mixte des bassins-versants Saâne Vienne et Scie, l'objectif est de redonner à cet espace l'aspect tel qu'il existait au XVIe siècle, en "nature d'estuaire", avec un retour progressif de la biodiversité marine.
"Aujourd'hui, c'est un site qui ne connaît pratiquement pas l'eau salée, donc il va connaître l'eau salée deux fois par jour, ce qui signifie que vont s'implanter différentes espèces, différents végétaux tels que c'était au XVIe siècle."
Un projet à 17 millions d'euros
Avec un budget de près de 17 millions d'euros, principalement financé par l'Europe, l'État et les collectivités locales, ce projet "Basse Saane 2050" représente une réponse audacieuse aux défis posés par la montée des eaux.
Dans deux ans et demi les travaux devraient s’achever et mettre l’homme à l’abri de la montée des eaux. La nature pourrait alors reprendre ses droits