Le Réseau Action Climat vient de publier un rapport détaillé, région par région, des risques et des conséquences du changement climatique. Si nous semblons protégés, a priori, d'éventuels îlots de chaleur, la sécheresse, l'érosion et les inondations sont évoquées, avec des conséquences importantes pour l'agriculture et la pêche.
L'été 2024 ne restera pas dans les mémoires pour son soleil généreux. Celui de 2023 non plus d'ailleurs... Certains ont même eu la surprise de voir leur chauffage se déclencher début septembre. Et pourtant, le réchauffement climatique inquiète de plus en plus les spécialistes.
L'an dernier, Météo France proposait de découvrir les prévisions de températures pour 2050 avec une hausse généralisée des températures moyennes (entre 1 et 2 degrés selon les saisons) mais aussi une baisse des jours de gel. Autre élément marquant : les vagues de chaleur.
Une annonce sans réelle surprise après le rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), qui en 2022 alertait sur une élévation du niveau de la mer entre 40 cm et 1,10 m au minimum pour 2100... Et si la machine s'emballe, on pourrait même aller jusqu'à 1,80 m.
La mer grignote la côte
C'est au tour du Réseau Action Climat de tirer la sonnette d'alarme. "Les forts coefficients de marée (110-115) qui se répètent 3 à 4 fois par an pourraient être atteints 65 fois par an." Ce qui veut dire des risques d'inondations accrus. "De nombreuses communes de la Manche, du Calvados et de Seine-Maritime sont concernées par ce risque qui menace plus de 110 000 logements, 122 000 résidents et 54 000 emplois". Même les villes plus éloignées ne sont pas à l'abri, en raison des précipitations, de crue et de la marée comme Rouen en 2018.
Deux tiers des côtes de la région sont déjà en érosion, avec un rythme moyen de 20 à 25 cm par an pour les falaises sédimentaires.
Réseau Action Climat
L'érosion va en plus s'accélérer avec la montée des mers. "Cette vitesse peut atteindre 40 cm/an dans certaines zones comme la côte d’Albâtre en Seine-Maritime, dont les falaises de craie sont particulièrement vulnérables."
Le célèbre Mont Saint-Michel n'est pas plus protégé que les autres d'ailleurs. Au moment des grandes marées, le spectacle est magnifique avec ce rocher redevenu une île, mais... "L’érosion, s’est déjà accentuée au pied de ses remparts, ce qui pourrait menacer la stabilité du monument. D’autre part, les futures tempêtes pourraient provoquer des dégâts plus importants lorsque l’élévation du niveau de la mer aura progressé."
La pêche mise en danger par des vagues de chaleur marines
Les eaux de la Manche se réchauffent. Cela pourrait faire sourire les plus moqueurs du climat normand et breton, mais c'est une réalité dangereuse. "Les vagues de chaleur marine sont de plus en plus fréquentes et intenses, favorisant le développement de certains pathogènes et provoquant des épisodes de mortalité massive."
Et les exemples très concrets sont déjà mesurables : "à Luc-sur-mer (Calvados), le pH a chuté de manière alarmante depuis le début du siècle (-0.26 entre 2006 et 2020), descendant pour la première fois sous le seuil de 8. Au-delà d’une certaine valeur (par exemple 7.2 pour les oursins), cela peut entraîner un effondrement de la population de certaines espèces."
Cabillaud, coquille Saint-Jacques, bulot, huître, c'est tout le modèle normand qui est remis en question depuis les années 2000.
Une agriculture à adapter
Les réserves d'eau douces sont de plus en plus souvent dans le rouge, avec des épisodes de sécheresse plus fréquents et plus intenses. Le maïs, par exemple, très gourmand en eau, pourrait être abandonné progressivement, au profit de cultures plus adaptées comme la betterave, à condition d'avoir des sucreries à proximité, alors que la fermeture de celle de Cagny (Calvados) avait incité beaucoup d'agriculteurs à abandonner cette betterave justement.
Sans oublier la salinisation des eaux qui pose déjà problème dans les vallées de l'Orne et de l'Aure, ainsi que sur la côte ouest du Cotentin.
Et le bétail ? Avec la diminution des fourrages et le manque d'eau, les vaches ou les moutons ne sont pas tranquilles non plus.
Un réchauffement, mais pas d'îlot de chaleur annoncé
Une bonne nouvelle quand même dans ce rapport de 50 pages, la Normandie semble épargnée par de possibles îlots de chaleur. Avec le Centre-Val de Loire, la Normandie est la seule région de France dans ce cas.
Toutes les grandes villes de l'hexagone sont menacées selon la carte du Réseau Action Climat, mais pas le Havre, Caen ou Rouen.