Près de Fécamp en Seine-Maritime, Vladimir Naoumov participe à l'accueil de réfugiés ukrainiens et leur donne des cours de langue.
Après un périple de plusieurs jours, Yana retrouve avec émotion des membres de sa famille arrivés dans le gite communal de Criquebeuf-en-Caux, il y a une semaine. « Je suis très heureuse de l’accueil, les habitants sont tellement bienveillants », confie la réfugiée ukrainienne. « Ils sont très chaleureux. Nous ne manquons de rien ici, ils nous apportent plein de choses », ajoute Alla.
C’est grâce à Vladimir Naoumov, un habitant d’origine russe que treize femmes et enfants peuvent se réfugier ici. Il a mobilisé son village pour les accueillir. « J’ai été contacté par plusieurs associations. On a vraiment fait le maximum et on est très fiers d’avoir pu loger tant de familles. On ne s’attendait pas à ce que notre aide soit aussi efficace », s'émeut le septuagénaire.
L’incompréhension face à la guerre
Vladimir et sa femme russo-ukrainienne Lidiia vivent à Criquebeuf-en-Caux depuis une quinzaine d’années. À la veille de la guerre, le Criquebeuvien d’adoption ne croyait pas à l’invasion de l’Ukraine par le président russe. « On ne pouvait pas s’y attendre, il n’y a pas d’intérêt à la guerre, pas d’objectif », se souvient Vladimir. « Mais là, Poutine a montré son vrai visage, sa folie meurtrière, on tire sur des civils, c’est absolument incroyable, parfois je crois que je rêve et que c’est un mauvais rêve », s’inquiète-t-il.
« C’était des gens qui vivaient ensemble et maintenant c’est la guerre. Au vingt-et-unième siècle c’est pas normal », ajoute sa femme. Le petit-fils du couple est mobilisé par le gouvernement ukrainien depuis le début de la guerre.
Générosité de Criquebeuf-en-Caux
Le gîte est mis à disposition par la commune. « On ne peut que les aider et les recevoir, mettre à disposition le bâtiment que nous avons à la commune et surtout avec l’aide de Vladimir on n’est pas bloqués par la barrière de la langue », lance Ludovic Bacq, maire sans étiquette de Criquebeuf-en-Caux.
« Moi je me dis que je pourrais être à leur place et que ce serait bien d’avoir quelqu’un qui m'accueille si j’étais dans cette situation-là », exprime une habitante du village de 400 habitants. Une coiffeuse professionnelle propose ses services, des raquettes et volants de badminton ou encore des ballons ont été offerts aux enfants. « Dans notre village il y a plein de jeux pour les enfants, le stade, qu’après ce périple, ça fasse un peu des vacances pour les enfants », indique Vladimir, avant de conclure : « Ils ont été courageux et l’ont bien mérité ».
Salle de classe improvisée
Pour faire tomber la barrière de la langue, les habitants ont aménagé une salle de classe. Vladimir écrit au tableau « Bienvenue à l’école ». L’homme âgé de soixante-douze ans s’improvise professeur de Français. « Dis-moi ton prénom », demande le néo-professeur. « Je suis Irina », lui répond la jeune femme, un brin amusée. « On ne sait pas combien de temps ils vont rester en France. Il faut les occuper et aussi les aider à être indépendants et apprendre des choses, les rudiments de la langue ».
L’ambiance dans la salle de classe est studieuse et apaisée. Alina confie : « apprendre ces quelques mots de Français, ça nous permet de penser à autre chose, au moins l’espace d’un moment ».