De nombreux employés du Carrefour de Fécamp se sont mobilisés, ce mardi 20 octobre, devant les tribunaux du Havre (Seine-Maritime) et d'Evry (Essonne) pour protester contre un passage en location-gérance de leur entreprise.
Les 130 salariés de Carrefour Fécamp mobilisés. Ce mardi 20 octobre, ils se sont déplacés en nombre devant le tribunal administratif du Havre (Seine-Maritime). Tous s'opposent à la mise en place de la location-gérance à partir du 1er novembre dans leur établissement.
Un changement de statut qui entraînerait son lot de conséquences : le magasin passerait dans les mains d'un gérant, les salariés perdraient donc de nombreux avantages. Ce mardi, ils étaient convoqués au tribunal du Havre tôt dans la matinée après une assignation par Carrefour. En effet, les employés avaient demandé un droit d'alerte, ce qui a poussé la marque à les assigner.
Les rôles se sont inversés devant le tribunal d'Evry, en région parisienne : les employés se sont présentés, dans l'après-midi, devant le juge pour avoir assigné la grande surface en justice.
"Ce magasin perd de l'argent depuis quelques années puisque nous avons eu de la concurrence qui s'est installée. Cette année, nous avons perdu 1,7 millions d'euros. Si l'enseigne n'a pas réussi à se rattraper avec les moyens qu'ils ont, comment un entrepreneur peut reprendre le magasin ?", s'interroge Kathy Lefort, déléguée syndicale FO à Carrefour Fécamp.
La perte de nombreux avantages
Avec un nouveau gérant, une nouvelle société, les salariés craignent de perdre de nombreux avantages : "On va perdre notre participation dans cette entreprise. On va peut-être garder notre mutuelle, mais à quel taux et sous quelle garantie ? Pour un 35 heures, on compte une perte d'à peu près 2 000 euros", estime Annie Argentin, une hôtesse de caisse.Pour mener ce combat, ils ont fait appel à un ténor du barreau, maître Philippe Brun. Cette stratégie de passage en location-gérance est une manière pour le groupe de se séparer de magasins en difficulté avec des milliers de salariés, selon l'avocat : "Peut-on transférer 4 000 salariés dans 50 hypermarchés et supermachés sans plan social, ni motif économique. Là est l'essentiel, c'est le cœur du débat. Si nous avons raison à Fécamp, nous avons raison pour tous les autres."
L'hypermarché fécampois pourrait ainsi faire jurisprudence. L'enseigne Carrefour n'a pas souhaité commenté cette affaire en cours et rappelle simplement les objectifs du plan de transformation "Carrefour 2022". Le délibéré est attendu avant le 1er novembre.