La première semaine de mobilisation des gilets jaunes s'achève en Normandie. Que faut-il en retenir ? Quel impact pour les Normands ? Quelle suite pour le mouvement dans notre région ? Voilà quelques questions auxquelles nous avons tenté de répondre...
Une mobilisation qui perdure
Après l'appel à la mobilisation nationale du 17 novembre, personne ne savait comment allait évoluer le mouvement les "jours d'après". Se mobiliser un samedi est souvent plus aisé qu'un jour de semaine quand ce dernier est travaillé. Mais même si le nombre de manifestants a diminué, les gilets jaunes sont, au terme d'une semaine de mobilisation, toujours bien présents sur les routes normandes, organisant encore blocages ou barrages filtrants sur les 5 départements.Sur les réseaux sociaux, qui les aident à communiquer, les gilets jaunes ont même lancé un appel à l'aide à la population habitant près de leurs lieux d'actions, pour organiser des tournées de ravitaillement et tenir dans le temps... A Bayeux, par exemple, une boulangerie qui affiche pourtant un chiffre d'affaire en baisse depuis le début du mouvement, n'hésite pas à apporter des viennoiseries aux manifestants sur leur "point de rassemblement". Des anonymes apportent également des palettes pour le feu, et à manger.
Nous on ne peut pas y être, on travaille, mais ils nous aident tous et s'il y a gain de cause, on sera tous contents
Quid du grand rassemblement parisien du samedi 24 novembre ? Trop loin et trop cher... c'est en substance ce que des manifestants dieppois ont répondu à un de nos journalistes.
On va pas monter à Paris.
On est dans un pays rural. On veut rester chez nous pour montrer qu'à la campagne on galère tous, on a énormément de route, donc on préfère se focaliser sur notre région
Poursuivre le mouvement au niveau local, c'est le choix de la plupart des gilets jaunes. Bon nombre d'entre eux confient aussi craindre des débordements dans la capitale : "On ne sait pas trop... je ne veux pas prendre pas le risque", confie une manifestante. "Je pense que ça va être dangereux d'aller à Paris ce week-end".
A certains endroits, des débordements et des dégâts
Mercredi, la préfecture du Calvados a livré un bilan provisoire des manifestation depuis ce samedi 17 novembre : 15 interpellations, 11 blessés dont deux gendarmes et des dégâts estimés à 270 000 euros (170 000 € pour la DIRNO, 40 000 € pour le Département du Calvados et 30 000 € pour la ville de Bayeux).Un endroit particulièrement touché : le périphérique de Caen, au niveau de la Porte d'Espagne qui, après 4 jours de manifestations entre le 17 et le 20 novembre, a nécessité de lourds travaux de nettoyage et de rénovation avant d'être rouvert à la circulation mercredi.
En Seine Maritime, la préfecture précisait ce vendredi qu'il y avait eu 26 blessés et 34 interpellations dans le département depuis le début du mouvement.
Autre lieu symbolique, le rond-point des vaches de Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen. Depuis le début des manifestations, le samedi 17 novembre, toutes les vaches du rond-point éponyme ont été détruites ou mises à l’abri. L'œuvre apparemment non des gilets jaunes mais de casseurs venus dans la nuit du samedi au dimanche. Dans un tweet, France Bleu Normandie a posté une photo "des "fameuses vaches du rond-point arrachées [...] utilisées pour bloquer les accès".
#giletsjaunes les fameuses vaches du rond-point arrachées. Elles sont utilisées pour bloquer les accès pic.twitter.com/mDqBcxG8Kv
— France Bleu Normandie (Seine-Maritime, Eure) (@fbleuhnormandie) November 19, 2018
Dans une dépêche sur le site de la ville de Saint-Etienne-du-Rouvray, le maire Joachim Moyse a réagi à cette dégradation, soulignant une "colère légitime" des gilets jaunes, mais dénonçant "des dégradations inacceptables"
si la mobilisation citoyenne a rencontré un succès certain ce samedi, les dégradations du mobilier urbain commises en parallèle de ces événements par des petits groupes d’individus sur le patrimoine communal sont inacceptables. Notre rond-point des Vaches est depuis longtemps inscrit dans le paysage de notre territoire. Certaines vaches ont purement et simplement été détruites. Les préjudices sont importants. Tout comme moi, les habitant.e.s ont manifesté leur profonde déception.
Il a par ailleurs décidé au nom de la municipalité de porter plainte pour les dégradations commises parce qu'il "refuse que cette colère soit volée par une minorité".
"Oh Macron Ciao", la chanson des gilets jaunes d'Avranches
Plus de 3 millions de vues depuis qu'elle a été postée samedi 17 novembre, la chanson des gilets jaunes d'Avranches "Oh Macron ciao" rencontre un vif succès sur la toile, massivement partagée sur les réseaux sociaux. Certains internautes affirment même dans leurs commentaires postés sur Facebook la chanter à la maison, ou en voiture avec les enfants !Autre style et peut-être bientôt un même succès pour ce clip de rap tourné à Bernay, dans l'Eure. Intitulé "Ramène la France à la raison", le morceau est interprété par Momo, un rappeur employé municipal et son ami Charley, maître nageur. Quand ils sont allés tourner leur clip sur un lieu de rassemblement, ils ont fait la connaissance des manifestants et ont tourné avec eux, explique Momo à nos confères de France Bleu.
Au départ, les "Gilets jaunes" se méfiaient et quand ils ont entendu les paroles, ils sont venus vers nous très rapidement