Face à la concurrence des plateformes de vente en ligne de seconde main, Emmaüs contre-attaque et se réinvente afin de poursuivre sa mission solidaire. L'objectif : attirer de nouveaux clients, en particulier les plus jeunes.
Avec l’inflation et la montée en puissance des plateformes de vente sur internet, son modèle économique est menacé. La concurrence prive Emmaüs de dons de qualité. "En ce moment on reçoit beaucoup de vêtements tâchés ou troués, à mettre en recyclerie", constate Kujtim Metushi, co-responsable de la communauté d'Emmaüs du Havre.
"La concurrence est rude, par les temps qui courent tous les gens essayent de vendre tous les objets avant de nous les proposer. Nous on essaye de faire des petites réparations quand il le faut, les laver, les transformer."
Kujtim Metushi, responsable de la communauté Emmaüs du Havre
Le responsable pointe également la qualité des tissus et du mobilier qui a fortement baissé ces dernières années. "Les nouveaux meubles cassent plus facilement, et si on les change on ne peut pas les remonter pour les remettre en place. Pour les vêtements c’est pareil."
Changer l'image de l'association
L'association a décidé de contre-attaquer avec une campagne de communication.
À Cauville-sur-Mer, à une dizaine de kilomètres du Havre, les compagnes et compagnons Emmaüs font beaucoup d’efforts pour changer l’image de l’association. Agrandissement de l’espace vêtements, création d’espace puériculture, d’un petit espace bijoux, coin rétro… Fini les jouets mal rangés !
Etagères en bois recyclé, peinture vert amande sur les murs : un tout nouveau rayon est en construction pour ressembler d’avantage à une boutique ! À l’instar de la librairie, qui a ouvert ses portes au mois de mars et qui a déjà ses habitués.
"Les étagères sont faite en palettes avec des panneaux OSB, ça plait beaucoup aux clients. Il y en a même qui demandent des plans pour pouvoir les refaire chez eux, dans leur bibliothèque", s’amuse Kujtim Metushi.
"Aujourd’hui, j’entends dire que la boutique Emmaüs, c’est agréable pour nous et pour les clients. Ils trouvent plus de choses parce que c’est mieux mis en valeur et ça se répercute sur les ventes" conclut-il. En deux mois, les ventes dans ce rayon ont augmenté de 30%.
Toucher un autre public
Autre priorité pour la communauté : se faire connaitre du jeune public. Les compagnons interviennent dans les écoles pour parler de leur philosophie, et surtout… sur les réseaux sociaux !
C'est la mission d'Anne Le Tallec, chargée de communication chez Emmaüs. "Avant on était sur Facebook uniquement, avec 3 000 abonnés, maintenant on est à plus de 4 000". La jeune femme a créé un compte Instagram sans publicité et alimente quotidiennement les réseaux sociaux.
"Tous les matins je fais mon petit tour, je poste des stories, les gens les voient et l’après-midi ils viennent" , explique Anne Le Tallec, "du coup il y a un public plus jeune qui vient, on entretient un lien, ils m’envoient des messages et je réponds. J’essaie de mettre les prix pour leur donner plus envie de venir et de leur dire si l’article est toujours disponible". La communauté organise également deux ventes spéciales par mois qu’elle annonce sur ses réseaux sociaux.
Donner à Emmaüs, c'est offrir une seconde vie aux objets et une deuxième chance à des milliers de personnes. À Cauville-sur-Mer, 50 compagnes et compagnons sont accueillis, hébergés et accompagnés vers l'emploi.