Alors que son arrivée est imminente et que tous les recours contre ce projet porté par TotalEnergies ont été rejetés par la justice, nous vous détaillons le fonctionnement du terminal méthanier bientôt installé au Havre (Seine-Maritime).
Le navire Cape Ann, de type FSUR ("Floating Storage and Regasification Unit" en français : "unité flottante de regazéification"), est en route vers la cité océane.
D’ici à dimanche 17 septembre 2023, il fera partie du décor du port du Havre (Seine-Maritime) pour une durée de cinq ans. Un projet critiqué par une partie de l’opinion. Des actions en justice ont même eu lieu… Sans résultats. Désormais, le port du Havre accueillera le cinquième terminal portuaire d’importation de France.
Avec ce projet, le port du Havre retrouve une activité dont il a été un pionnier avec l’accueil, dès 1965, du tout premier terminal méthanier construit en Europe continentale, qui a réceptionné du GNL pendant près de 25 ans, jusqu’en 1989.
1. Où va-t-il se trouver dans le port ?
Le bâtiment sera amarré quai Bougainville sud au port du Havre, en continuité avec l’actuel terminal roulier d’Haropa. Trois implantations étaient pressenties mais à l’issue d’une évaluation des impacts du projet sur les plans environnementaux, sociétal et en termes de risques technologiques. Bougainville Sud a été identifié comme le site pour lequel ces impacts sont les plus faibles.
2. D’où proviendra le gaz naturel liquéfié (GNL) ?
Le GNL complémentaire que la France importera grâce à ce terminal proviendra des principaux fournisseurs de l’Europe, et donc possiblement de Norvège, d’Algérie, du Qatar, des États-Unis, du Nigéria, d’Angola, ou encore d’Égypte. Des méthaniers viendront décharger leur gaz naturel liquéfié sur ce navire FSUR qui sera ensuite transformé sur place pour être reconduit dans les canalisations de gaz domestique.
3. Quelle quantité de gaz va-t-il produire ?
TotalEnergies mobilise le Cape Ann – l’un de ses deux navires FSRU – qui permettra d’injecter jusqu’à cinq milliards de m3 de gaz naturel par an dans le réseau national, ce qui représente environ 60 % du gaz russe importé par la France en 2021, ou environ 10 % de la consommation annuelle française.
4. Pourquoi un cinquième terminal méthanier en France ?
C’était un des arguments des écologistes hostiles à ce projet : quatre terminaux de ce type existent déjà en France. Deux à Fos-sur-Mer, un à Montoir de Bretagne et un à Dunkerque. Mais leurs capacités « sont en cours d’optimisation ».
Le choix de ce nouvel emplacement est justifié ainsi par la préfecture de Seine-Maritime : "les caractéristiques du port du Havre font de cet emplacement le seul en France disposant d’un réseau significatif de transport avec la capacité d’acheminement disponible".
"Le port du Havre a été choisi car il satisfait les critères de réussite de ce projet : des infrastructures à la bonne taille, des disponibilités pour accueillir le FSRU et les méthaniers qui viendront l’alimenter, des ressources et un savoir-faire opérationnel reconnus, et une proximité avec le réseau national de transport de gaz permettant un raccordement rapide du terminal au réseau. TotalEnergies va ainsi participer à l’augmentation des capacités d’importation de gaz non russe du pays, de concert avec GRTgaz et Haropa (port du Havre" détaille le communiqué de la préfecture.
5. Quels enjeux pour l’environnement ?
Ce terminal méthanier long de 300 mètres fait bondir les partis et associations écologistes : Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et l'association France Nature Environnement (FNE) avaient déposé quatre recours contre ce projet. Le dernier en date a été rejeté le 28 août par le tribunal administratif de Rouen.
Le juge des référés estime "(qu')aucun des moyens invoqués (....) à l'encontre de l'arrêté en litige (...) n'est manifestement de nature (...) à créer un doute sérieux sur la légalité de l'arrêté du préfet de la Seine-Maritime".
Le député écologiste Julien Bayou a qualifié le projet de terminal méthanier de "délétère pour des questions de sécurité et d'environnement" et juge qu'il est devenu inutile.
Selon les plaignants, la requête en référé s'explique par le fait que le "juge du fond ne pourra pas utilement se prononcer avant l'entrée en service de l'installation, prévue le 15 septembre 2023" alors que "les dommages susceptibles d'être causés à l'environnement par l'exécution de l'arrêté sont irréversibles", selon la décision consultée par l'AFP.
Pour l’organisation Extinction Rebellion du Havre, ce projet va à l’encontre de la transition écologique "Rappelons que l’empreinte carbone du GNL, composé de méthane et souvent issu de la fracturation hydraulique (fracking), est 2,5 fois plus élevée que le gaz naturel classique... Aux portes du centre-ville, c'est un énième site Seveso qui est imposé aux Havrais, dupés. L'État refuse de reconnaître les dangers induits par l'activité industrielle et les effluves de méthane sur la faune, la santé des travailleurs sur le port et dans les villes environnantes" précise les activistes sur leur site. Ils prévoient samedi 16 septembre une action d’accueil pour le navire.
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