Ils sont militants écologistes. Ils défendent l’environnement et veulent que l’on change de mode de vie pour éviter une catastrophe climatique. Mais leur discours, moralisateur pour certains, et leurs méthodes, parfois à la limite de la légalité, peuvent crisper l’opinion publique. Alors comment s’engager aujourd’hui pour l’environnement ? À l’heure où la crise écologique se fait de plus en plus menaçante, les Normands choisissent leur camp.
Comment on s'engage pour l'environnement aujourd'hui ? Laurent Quembre et ses invités répondent à cette question dans "Débadoc", diffusé ce jeudi 11 janvier 2024 sur France 3 Normandie.
Ce système qui a pu être nécessaire arrive à bout de souffle. Il faut le dépasser. (...) Si on est trop consensuel, on n'arrive à rien.
Alexis, membre d’Extinction Rébellion Caen
Il poursuit : "Ce qui a permis à la société d'évoluer, ce n'est pas le consensus mou où on fait appel à nos décisionnaires politiques. Comme ça, il ne se passe rien. Aujourd'hui, la réalité du pouvoir est entre les mains des grandes entreprises multinationales et ces gens-là n'ont aucun intérêt à préserver la biodiversité puisqu'ils sont dans un logiciel à court terme où ils pensent à leurs intérêts immédiats et pas au bien commun.
À Extinction Rébellion, on se dit qu'il y aura probablement des dommages collatéraux, mais on prend ce risque-là. Il vaut mieux agir parfois même à tort que de ne rien faire du tout. Et puis la violence qu'on subit au quotidien... ce qu'on fait nous c'est du pipi de chat à côté."
Des actions choc, oui, mais sans violence
Lundi 18 septembre 2023, à l'occasion de l'arrivée du Cape Ann, terminal méthanier au Havre, des dizaines de militants d'associations écologistes, dont Greenpeace France, étaient en mer sur des kayaks pour empêcher le navire d'entrer dans le port. Pourquoi des actions "coup d'éclat" comme celles-là ?
"Parce qu'il faut sensibiliser les gens", répond Gaëtan Cerveau, membre de Greenpeace Rouen, présent sur le plateau de ce "Débadoc". "Et ces actions se traduisent parfois (heureusement souvent, je dirais même) par des actions concrètes. Les actions que Greenpeace a pu mener il y a quelques années en rentrant dans des centrales nucléaires, ça a donné naissance à des commissions parlementaires qui ont amélioré la sécurité des centrales.
Pourquoi sensibiliser le grand public ? Parce que toutes les actions politiques qui pourront être menées ne le seront que grâce au soutien de la population. (...) Sur des sujets complètement autres, la loi Veil sur l'IVG, elle est liée à un long combat féministe avant que Mme Veil puisse présenter son projet de loi. En 1936, quand on dit que le Front populaire a apporté beaucoup au droit du travail, c'est parce qu'en même temps, il y avait des grèves massives."
Ces actions, elles ont vocation à emmener les gens et leur dire : on a des solutions, des alternatives viables à proposer. Ce qu'il faut, c'est que les gens s'emparent de ça et viennent avec nous.
Gaëtan Cerveau, membre de Greenpeace Rouen
"Il n'y aucun "écoterroriste" en France !"
Sur le plateau, Rudy L’Orphelin, conseiller régional Normandie Écologie, revient sur les affrontements de mars dernier contre les "méga-bassines" : "Reste dans ce pays un droit de manifester librement. Si on reprend l'exemple de Sainte-Soline, c'est très instructif sur ce que je crois être une criminalisation du mouvement écologiste : Sainte-Soline, c'est quoi ? À l'origine, c'est une manif dans un champ pour aller voir un trou. Absolument pas, comme a pu le monter en épingle le ministère de l'Intérieur, un truc violent. Cette logique d'affrontement a été façonnée."
Je crois qu'il faut qu'on fasse attention à ne pas considérer que les mouvements écologistes non-violents devraient être criminalisés. Du reste, c'est aussi la raison pour laquelle dans mon parti politique, on a mis en place un observatoire à l'égard des violences écologistes.
Rudy L’Orphelin, conseiller régional Normandie Écologie
Agir vite
"Il y a une notion qui me gêne beaucoup dans la politique actuelle, c'est la temporalité des choses", explique Pierre Dubourg, fondateur et président de l'association L’éboueur vert. "C'est le temps que ça prend pour mettre les choses en place alors qu'on parle d'urgence climatique."
En politique actuellement, il y a une temporalité qui ne va pas avec les enjeux.
Pierre Dubourg, fondateur et président de l'association L’éboueur vert
C'est la raison pour laquelle il a fondé son association il y a deux ans, pour sensibiliser la population et faire de la pédagogie sur l'environnement. Son nouveau projet "Des kilomètres pour ta planète", ce sont deux arbres plantés tous les kilomètres lors de courses à pied auxquelles il participe.
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Notre débadoc "Comment on s'engage pour l'environnement ?" est à découvrir ce jeudi 11 janvier 2024 à 23h40 sur France 3 Normandie et sur notre plateforme france.tv.