Une équipe de chercheurs du Havre (Seine-Maritime) s'appuie sur des moules sentinelles pour déceler des pollutions. Depuis 2 ans, ils tentent de mettre au point ce dispositif insolite baptisé i-Caging.
Tous les mois, des chercheurs de l'université du Havre se rendent au port pour s'occuper de cages qui renferment leur objet d'études : des moules sentinelles. Ils vont surveiller leur cycle de vie et leur comportement au quotidien.
Le dispositif imaginé par les chercheurs permet de "mesurer l'écartement entre les 2 valves" pour avoir une "idée de la qualité de l'eau", explique Frank Le Foll, directeur de l'UMR du laboratoire Sebio. Les deux éléments rouge et orange sur la photo ci-dessous vont permettre d'obtenir ces précieuses données.
"On développe au laboratoire des systèmes de traitement du signal pour en déduire un système d'alerte à la pollution."
Frank Le Foll, directeur de l'UMR du laboratoire Sebio
Un cycle de vie dépendant d'éléments extérieurs
En cas de pollution, les moules vont se refermer et leur comportement sera perturbé. "La moule a un cycle d'ouverture/fermeture qui va dépendre de la luminosité, de la marée", indique Julien Baudry.
L'ingénieur de recherches du laboratoire Litis explique que "quand il y a des polluants ou des choses qui vont la perturber, son cycle d'ouverture/fermeture va changer".
Des données analysées à l'université
Toutes les informations récoltées grâce aux moules connectées vont être étudiées dans un laboratoire de l'université du Havre. L'objectif est d'établir un système d'alerte efficace.
Sur le graphique ci-dessous, les chercheurs peuvent observer les cycles d'ouverture/fermeture des moules sentinelles. Lorsque la courbe reste droite, la moule est fermée.
D'autres expériences en aquarium
Les chercheurs mènent d'autres études en aquarium dans un laboratoire de l'université du Havre. Ici, les moules connectées vont être sujettes à des expériences pour analyser leur réaction et leur cycle de vie.
"[On va] mettre en place des phénomènes de marée pour observer la valvométrition de la moule, des expositions à des contaminants, des expositions à des variations physiques comme la température de l'eau, la salinité."
Gauthier Tremolet, ingénieur d'études en biologie
Un dispositif voué à intéresser de nombreux acteurs
"Notre idée c'est de monter une start-up qui permettra de mettre à disposition ce dispositif à la fois pour les industriels, à la fois pour les gestionnaires de l'environnement, voire pour les bassins urbains, la sortie des stations d'épuration...", indique Frank Le Foll, directeur de l'UMR du laboratoire Sebio. Ce projet pourrait susciter l'intérêt d'autres ports français pour prévenir et limiter la pollution des eaux.