Comme partout en France, une majorité d’infirmiers anesthésistes est en grève depuis ce lundi 8 novembre dans les principaux hôpitaux de la région. La semaine « bloc mort » a pour but d’obtenir une meilleure reconnaissance du statut de cette profession.
Si vous deviez vous faire opérer cette semaine, votre intervention a peut-être été déjà reportée. A compter du lundi 8 novembre 2021, une grande partie des infirmiers anesthésistes en est grève. Ils s’estiment oubliés du Ségur de la santé et réclament une meilleure reconnaissance du statut de la profession. Le mouvement est national. Les 11 000 infirmiers anesthésistes de France ont tous un Master complétant leurs trois ans d’études d’infirmier, équivalant donc à un niveau Bac+5.
Ils souhaitent obtenir un statut « d’auxiliaires médicaux en pratique avancée. » . Une reconnaissance officielle qui existe par exemple en Angleterre et aux Etats-Unis.
Les oubliés du Ségur de la santé
Mis en avant pendant la pandémie, les infirmiers anesthésistes étaient en première ligne des services de réanimation éphémères. Ils s’estiment désormais lésés. Leur principale revendication a bien failli aboutir lors des négociations autour du Ségur de la santé. Syndicats et organisations étaient pratiquement parvenus à un accord avant que l’amendement soit finalement abandonné.
"Nous sommes autonomes dans notre manière de réagir et de pouvoir faire en sorte que le patient soit suffisamment anesthésié, qu’il puisse se réveiller dans de bonnes conditions, qu’il n’y ai pas de danger pour lui. Cette autonomie nous est refusée. C’est quelque chose que nous n’acceptons pas et nous voulons avoir cette reconnaissance d’auxiliaires médicaux en pratique avancée. Aujourd’hui à chaque fois notre ministère de tutelle nous rétorque que nous sommes sur l’exclusivité de regard du médecin anesthésiste : ce qui n’est pas le cas !" précise Sébastien Bellet Infirmier - représentant syndical CGT à l’hôpital Monod du Havre.
Dans cet établissement, 90% des 28 infirmiers anesthésistes ont pris part au mouvement sous forme de grève partielle (4h par jour). Parmi les autres revendications de ces soignants: les ruptures de stock du matériel (seringues, perfusions) toujours en cours dans les blocs opératoires. D’ici à la fin de cette semaine à l'hôpital Monod, une cinquantaine d’opérations devront tout de même être reprogrammées.
Des collectifs d'infirmiers anesthésistes (IADE) réclament "une reconnaissance législative, réglementaire et financière (environ 400 euros) de leur profession", intégrant "la pénibilité de leur exercice", ainsi que "le respect (de leurs) compétences exclusives". Les IADE "sont en lutte depuis plus d'un an" et "n'ont plus rien à perdre", affirment les collectifs dans un communiqué dénonçant "l'absence de volonté gouvernementale d'accéder (à leurs) revendications légitimes", en termes de statut et de salaire.
Avec cette semaine « bloc mort, semaine noire sans IADE », ils souhaitent "forcer le gouvernement à faire évoluer favorablement leur profession". Mises à part les urgences, l’activité opératoire programmée tourne donc au ralenti, ou est carrément à l'arrêt dans certains établissements.