Pour pérenniser l'activité de la centrale à charbon du Havre, l'actuel premier ministre aurait, selon l'hebdomadaire, favorisé deux filiales d'EDF lors d'un appel d'offre. Une décision cassée par le tribunal administratif et aujourd'hui devant le conseil d'état.
En juillet 2016, la mairie du Havre publie un appel d'offre. Le marché public concerne l'exploitation du réseau de chauffage du quartier de Caucriauville, détenu jusqu'alors par la société Idex.
Le goupe Engie ainsi que le consortium Dalkia-Cram - soutenu par EDF - sont également candidats pour la reprise du marché. Ce dernier est le seul à inclure dans son projet l'utilisation de la centrale à charbon du Havre, chère à son ancien maire - et actuel premier ministre - Édouard Philippe.
C'est là que la situation se complique, selon l'édition du Canard Enchainé daté du 30 août : l'édile aurait orienté, lors de la procédure, le choix du fournisseur en fonction de l'importance donnée à la centrale à charbon, qu'il souhaite maintenir.
Le 26 juin 2017, c'est bien l'alliance Dalkia-Cram qui décroche l'important contrat. Son concurrent Idex fait immédiatement appel, et le tribunal administratif de Rouen pointe des "manquements" dans le déroulé de l'appel d'offre : la décision de la mairie du Havre est cassée à la mi-juillet.
L'affaire est maintenant devant le conseil d'état, l'actuel maire du Havre Luc Lemonnier contestant le fait que la procédure soit biaisée.
Sujet d'Anne-Laure Meyrignac, Danilo Commodi, Jean-Marc Pitte, Stéphanie Pierson et Stéphanie Bedel. Avec comme interlocuteur André Gacougnolle, adjoint au maire du Havre chargé des finances et de l'énergie.
"On semble dire que le maire a procédé à une sorte d'attribution par préférence. C'est une erreur complète, une injustice même, parce que les services et nous mêmes avons travaillé en pleine liberté", explique André Gacougnolle, adjoint au maire du Havre chargé des finances et de l'énergie.
Mais selon le Canard Enchainé, plusieurs éléments semblent abonder dans le sens d'un choix privilégié de la mairie. Notamment le fait que 10 jours avant la fin de l'appel d'offre, la municipalité ait imposé une nouvelle règle aux candidats, leur demandant "une solution de repli" si l'objectif de 60 % d'énergies renouvelables pour le chauffage n'est pas atteint. "Or Dalkia-Cram, contrairement aux autres, en a déjà deux dans son dossier...", note l'hebdomadaire.
Entre-temps, le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot a aussi dévoilé son "plan climat", annonçant le remplacement des centrales à charbon à l'horizon 2022. Un élément qui n'irait pas dans le sens du choix des filiales d'EDF.
Le quartier de Caucriauville n'aura donc plus d'exploitant de son réseau de chauffage à partir du 1er septembre. La mairie va mettre en place une solution provisoire, en attendant la décision du conseil d'état.