Avec la crise sanitaire, la Chine est devenu le premier partenaire commercial de l'Union Européenne. Mais le pays connaît en ce moment une pénurie de conteneurs, ce qui provoque des retards de livraisons et une flambée des prix.

La crise du Covid-19 nous l'a confirmé, nous sommes de plus en plus dépendants de nos importations venues d'Asie. Des biens qu'il faut acheminer par bateau, mais problème : depuis quelques mois le coût du fret maritime explose. En moyenne aujourd'hui, le transport d'un conteneur coûterait quatre fois plus cher qu'il y a un an. Une nouvelle donne économique qui touche tout le monde, avec des gagnants et des perdants.

Le prix des conteneurs multiplié par quatre

Importer un conteneur de Chine vers Le Havre  revient aujourd'hui à 7 000 euros, contre 1 500 euros il y a an. Le chiffre a plus que quadruplé. À Granville, dans la Manche, la société Flashmer importe une trentaine de conteneurs chaque année, puis revend ses articles aux magasins d'articles de pêches dans toute l'Europe. Ces retards d'approvisionnement tombent au pire moment, juste avant le début de la saison. 

Ce sont des choses que nous avons subi de plein fouet. Pour l'instant on absorbe les frais, on ne les répercute pas vis-à-vis de nos clients. On attend de voir si c'est une période qui va durer ou si c'est une période momentanée.

Alain Pilas, Responsable achas flashmer - Granville

Des conteneurs bloqués aux Etats-Unis

Cette dérégulation générale a commencé à l'automne 2020 quand les Etats-Unis ont importé en très grande quantité des produits chinois. Depuis, les conteneurs vides sont restés là-bas. Il n'y en a donc plus en Chine pour être exporté vers l'Europe. Les prix ont alors flambé et les retards se sont accumulés. 

Chez l'agence TAF maritime, un transitaire havrais, on ne peut que constater les dégâts. Ses clients inquiets se succèdent au téléphone pour avoir des nouvelles de leurs conteneurs. Les délais d'acheminement depuis l'Asie ont doublé et même dépassé les deux mois dans certains cas. Idem pour l'exportation.

En temps normal, pour un conteneur booké le jour même, on prenait le bateau de la semaine suivante. Aujourd'hui, il partira dans un mois, et c'est plus cher.

Pascal Le Beaudour, directeur agence TAF maritime

Tous les acteurs du conteneur subissent le dérèglement des escales. Dans un entrepôt de Rogerville près du Havre, il faut s'adapter à ce nouveau rythme qui voit s'enchaîner journées très creuses et journées bien pleines. "On est obligé de faire des journées en continu, ce qui inclut un coût pour l'entreprise. Je suis obligé de payer les salariés en heure supplémentaire et faire appel à de la main-d'œuvre intérimaire au jour le jour", explique Olivier Lafon, gérant Rogerville-Entrepôt-Manutention.

Les compagnies maritimes, les grandes gagnantes

Mais il y a aussi les grands bénéficiaires de cette période inédite : les compagnies maritimes. Elles sont moins d'une dizaine au niveau mondial. Avec l'explosion des tarifs, elles ont explosé leurs marges. Au Havre, la CMA CGM a même versé des primes à ses salariés.

A ce niveau-là en effet c'est du jamais vu. C'est l'effet confinement puisque les personnes qui ne peuvent plus aujourd'hui dépenser leur argent dans les biens de services (restaurants, théâtre, cinéma) les reportent sur les biens de consommation qui viennent en grande partie de Chine.

Olivier Patin, délégué syndical central CFDT CMA-CGM

Reste une question : combien de temps cela va durer ? Est-ce une bulle qui va se dégonfler rapidement ou un phénomène plus structurel ? Aujourd'hui, personne ne peut le dire.

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