Le premier terminal méthanier flottant français devrait être installé dans le port du Havre à la fin de l'année. Deux recours contre celui-ci déposés par EELV étaient examinés ce 13 janvier au tribunal administratif de Rouen. Il rendra ses deux décisions le jeudi 19 janvier 2023.
Le "Cape Ann", navire méthanier sera t-il amarré quai de Bougainville dans le port du Havre pour injecter dans le réseau français jusqu’à 5 milliards de m3 de gaz naturel par an, l'équivalent de 60 % du gaz russe qui était importé par la France.
Le premier terminal de France installé en mer, est fortement rejeté par les écologistes, de Seine-Maritime notamment.
Depuis plusieurs mois, une bataille sévit entre les opposants et partisans du projet. Une pétition a même vu le jour en octobre pour réclamer "un véritable débat public" avant le commencement des travaux. A ce jour, elle compte plus de 4 200 signatures.
Un projet validé par le conseil constitutionnel mais contesté devant le tribunal administratif
Ce projet, porté par TotalEnergies, est entériné dans la loi sur le pouvoir d'achat votée en août dernier. 60 parlementaires de la NUPES ont saisi le Conseil Constitutionnel pour dénoncer les conséquences "graves et irréversibles" de ce projet sur l'environnement.
Le Conseil Constitutionnel a estimé que le projet était légal à condition que la menace en approvisionnement d'énergie du pays soit avérée. Le Gouvernement estime que ce projet s'impose dans ce contexte de guerre en Ukraine.
Face à cette réponse, Julien Bayou et les groupes écologistes normands ont saisi le tribunal en référé pour faire valoir ce raisonnement : "si pas de menace grave, alors le terminal méthanier est illégal."
Les référés suspension ciblent les deux permis de construire, l'un accordé à Total pour la construction de bâtiments et l'autre à GRTgaz pour la construction d'une canalisation pour le raccordement.
"Une bombe à retardement pour le climat" selon les écologistes
Julien Bayou estime que "les prix ont baissé, la consommation a baissé, les stocks sont au meilleur nveau depuis des décennies, il y a un mécanisme de solidarité européenne, on a diversifié l'approvisionnement", d'où la possibilité d'enterrer ce projet.
Les écologistes dénoncent un projet servant les intérêts du groupe TotalEnergies, selon eux.
"Nous voulons préserver l’environnement. Le gaz liquéfié, en provenance des Etats-Unis, le gaz de schiste, est une bombe à retardement pour le climat. Il faut préserver l'environnement, préserver les générations futures."
Julien Bayou - député Europe-Ecologie-Les-Verts (EELV)
Julien Bayou explique demander au juge de "suspendre les différentes décisions qui permettent l'exploitation de ce terminal méthanier flottant."
En quoi ça consiste ?
Concrètement, le gaz nature liquéfié (GNL) est importé par bateau. Il est ensuite transformé à l'état gazeux pour être enfin injecté dans le réseau de distribution de méthane français.
Cette méthode devrait permettre de couvrir 10 % des besoins de gaz du pays. Il serait installé au quai de Bougainville au Havre.
Tout ce processus serait réalisé par le terminal méthanier flottant. On parle de "FSRU" en anglais (acronyme de "unité flottante de stockage et regazéification").
30 millions d'euros sont nécessaires pour les travaux du futur terminal méthanier. Le système de raccordement au réseau terrestre est à construire. Il devrait être mis en service en septembre 2023.
D'autres pays se lancent parmi les pays européens, la Finlande a récemment reçu son premier navire-terminal d'importation de gaz naturel liquéfié. Un terminal méthanier flottant comme celui qui serait installé au Havre.
La Finlande a fait ce choix pour tenter de réduire sa dépendance au gaz russe.
Même chose pour l'Allemagne qui a inauguré son premier terminal en décembre. 5 autres terminaux flottants seront installés dans l'année, alors que l'Allemagne dépendait à 55 % des importations de gaz russe.
La France s'alimente aujourd'hui par 4 terminaux méthaniers et veut sécuriser son approvisionnement avec ce futur terminal flottant au Havre.