Témoignage. "Sans eux, mon fils ne serait pas mort" : la famille d'Allan Affagard, docker assassiné au Havre, réclame justice

Publié le Mis à jour le Écrit par Stéphanie Letournel

À l’approche du procès en appel de l’affaire Allan Affagard ce mercredi 28 mai 2024, la famille du docker retrouvé mort en juin 2020 confie ses craintes et ses attentes.

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« Les enfants sont fracassés, notre famille est déchirée », lâche la sœur d’Allan Affagard. Près de quatre ans plus tard, la plaie est toujours ouverte pour la famille du docker havrais, retrouvé mort sur le parking d’une école à Montivilliers, après avoir été enlevé et séquestré en juin 2020.

Mis en cause par la justice avant sa mort dans une grosse affaire d'importation de cocaïne, le père de quatre enfants avait été enlevé par trois hommes cagoulés, devant sa compagne.

Au Havre, le meurtre de ce délégué syndical du Port du Havre avait eu un retentissement particulier et avait mis en lumière la prolifération du narcotrafic.

Premières condamnations en chambre correctionnelle

En octobre 2023, trois Havrais, originaires du quartier de Bléville, déjà connus de la Justice et de la Police, sont condamnés à 8 ans, 7 ans et 5 ans de prison ferme pour association de malfaiteurs en vue de commettre un crime ou un délit. Ils ont été reconnus coupables d'avoir participé à l'organisation de l'enlèvement d'Affagard. Toutes les peines sont assorties d’une interdiction de séjour de cinq ans en Seine-Maritime et de dédommagements financiers.

Deux des trois reconnus coupables font appel. C’est ce procès qui s’ouvre ce mercredi 29 mai 2024 à Douai, à la cour d’appel du Nord. La cour réexaminera les pièces du dossier, en présumant l'innocence des deux prévenus. Le délibéré ne sera vraisemblablement pas connu à l’issue de l'audience, mais quelques jours plus tard.

La famille dénonce l’absence de responsable du crime

Allan Affagard a été assassiné. Personne n’a encore été jugé pour ce chef d’accusation. La famille Affagard dénonce ce manque. « Aujourd’hui c’est un cauchemar de ne pas avoir d’éléments à charge suffisants pour dire ce sont ces individus-là, c’est insupportable », déplore sa sœur.

« On se voyait ailleurs qu’ici. On se voyait plutôt aux assises qu’en correctionnelle. Donc aujourd’hui malheureusement, on doit se contenter de la situation. Le minimum pour nous, c'est qu’il prenne le maximum », assène le père d’Allan Affagard.

C’est des peines de voleurs de voiture !

soeur d'Allan Affagard

Ils ont perdu confiance en la justice française et craignent de voir les peines diminuer en appel. « Les peines sont minimes, c’est des peines de voleurs de voiture et aujourd’hui on n’est pas dans un vol de voiture, on est dans un homicide, un assassinat avec préméditation même si les éléments à charge ne permettent pas de dire que ce sont ces individus-là qui ont porté les coups, malgré tout, ils ont une responsabilité conséquente. 5 ans, 7 ans, 8 ans, ça nous paraît juste intolérable ! », insiste la sœur de la victime.

« Qu’ils aient touché mon fils ou pas, sans eux mon fils ne serait pas mort, c’est une certitude », ajoute son père.

En quête de vérité 

Pour les parents et la sœur d’Allan Affagard, l’ouverture de cette nouvelle page judiciaire est un nouveau coup de poignard. Ils appréhendent de confronter à nouveau les deux individus. « Vont-ils être encore dans le déni ? Comment vont-ils se comporter, est-ce qu’ils vont être là, même ? », s’interroge la sœur de la victime.

« Aujourd’hui ce qu’on peut espérer c’est que la justice ne baisse pas les bras, que la Police continue, c'est tout ce qu’on peut espérer », confie son père, « et que les investigations soient reprises », insiste sa sœur, « on se démène, on sollicite de l’aide auprès du procureur du Havre, auprès du maire du Havre mais aujourd’hui, on se sent démunis. On a l’impression que si on ne se démène pas, ça s’arrête là. C’est même presque méprisant tellement il n’y a pas de réponse ».

« Savoir ce qui est arrivé à mon gars, sans cesse j’y pense. Sans cesse. Aujourd’hui je ne peux pas redescendre. Je ne redescendrai jamais de ma vie », suffoque le père d’Allan Affagard. Le Havrais s’inquiète du signe envoyé par la Justice au narcotrafic en cas de peine réduite. « Pour une ville comme Le Havre, ne pas montrer sa sévérité à ce niveau-là, c’est la porte ouverte à ce qu’ils se disent "continuons, continuons !" »

Propos recueillis par notre journaliste Adrien Develay

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