Les trois hommes suspectés d'avoir participé à l'organisation de l'enlèvement d'Allan Affagard, ce docker du Havre de 39 ans assassiné en juin 2020, ont été reconnus coupables d'"association de malfaiteurs en vue de commettre un crime ou un délit" et condamnés à des peines de prison ferme.
Le délibéré dans l'affaire Allan Affagard, ce docker retrouvé mort le 12 juin 2020 à Montivilliers, près du Havre (Seine-Maritime), est tombé jeudi 12 octobre 2023 peu après 14 heures. Trois hommes, suspectés d'avoir participé à l'organisation de l'enlèvement de ce père de quatre enfants, comparaissaient depuis le 12 septembre au tribunal correctionnel de Lille (Nord).
Ils ont tous été reconnus coupables d'"association de malfaiteurs en vue de commettre un crime ou un délit". L'un a été condamné à cinq ans de prison ferme avec mandat d'arrêt, l'autre à huit ans ferme avec mandat de dépôt, et le dernier à sept ans ferme avec mandat de dépôt. Ils ont tous les trois écopé d'une interdiction de circuler en Seine-Maritime pendant cinq ans.
Un assassinat qui a suscité une vive émotion
Le 12 juin 2020, Allan Affagard, docker de 39 ans au Havre, est retrouvé mort sur un parking près de l'école Jules-Collet de Montivilliers. Ce délégué syndical CGT avait été enlevé devant son domicile par trois hommes cagoulés, séquestré et battu à mort. Son assassinat avait suscité une vive émotion sur le port du Havre, particulièrement chez les dockers. Des milliers de personnes ont réclamé justice lors de plusieurs marches au Havre ces dernières années.
Avant son décès, il avait été mis en examen, suspecté d'avoir pris part à l'importation de cocaïne. Le 18 juin 2020, une information judiciaire est ouverte par le parquet de la JIRS de Lille, la Juridiction InterRégionale Spécialisée "en matière de lutte contre la criminalité organisée et la délinquance financière dans des affaires présentant une grande complexité".
Dix ans de prison requis par le parquet
Les trois prévenus étaient ainsi suspectés d'avoir participé à l'organisation de l'enlèvement d'Affagard, par un travail de surveillance assidu dans les alentours du domicile de la victime. Ils avaient été confondus par les enquêteurs, notamment par du matériel technique de connexion wifi et une voiture utilisée pour ces surveillances.
Le tribunal a jugé que le suspect, condamné à cinq ans de prison ferme, était impliqué dans la fourniture de matériel de surveillance en toute connaissance de cause, que celui condamné à huit ans de prison avait participé activement aux opérations de repérage et de surveillance, et celui condamné à sept ans de prison a été identifié dans le véhicule ayant servi au repérage.
Le premier volet du procès a eu lieu entre le 11 et le 14 septembre dernier. Les trois hommes ont été présentés devant le président du tribunal le 11 septembre, mais le premier jour de procès n'a pas pu avoir lieu en raison de la grève des greffiers. Le lendemain, le mardi 12 septembre, l'avocat de l'un des trois prévenus ayant été déclaré souffrant, la présidente a décidé de juger deux prévenus à partir du 12 septembre et le troisième sur la seule journée du 9 octobre. Le parquet avait requis la peine maximale, 10 ans de prison, à l'encontre des trois prévenus.
Avec Adrien Develay / FTV